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Festival Alimenterre 2020

quand on sait

environnement, agriculture, Festival AlimenTerre

publié le par Frédérique Muller

Cela fait 12 ans que le Festival AlimenTerre existe en Belgique. Il se tiendra du 7 au 11/10 à Bruxelles et du 13 au 29/10 en Wallonie. PointCulture se penche sur la programmation de cette année en proposant un court texte et quelques verbes pour chaque film.

Sommaire

Nous la mangerons, c’est la moindre des choses

Tâtonner et digérer

Filmée pendant plusieurs semaines, une éleveuse de brebis dans le Gard confie ses ressentis alors qu’elle décide d’aller jusqu’au bout du travail d’éleveur et de pratiquer elle-même la mise à mort des animaux. Elle apprend les gestes en même temps qu’elle raconte son rapport différencié et son attachement aux individus du troupeau. Le film accorde un rôle d’individu à part entière aux animaux. Introduits comme tels par l’éleveuse, ils ont chacun pour elle un nom, une histoire, une personnalité, ce sont des petits qui ont grandi, des mères, des indisciplinés.

Les muscles, les fluides, les entrailles deviennent matière, reliefs et textures. Le documentaire prend son temps et observe. Il s’attarde sur la chair, le sang, les poils, les regards, le souffle pour livrer le vécu de cette femme qui se confronte volontairement et physiquement à la part la plus sombre de son travail. Le film épargne aux spectateurs les scènes de mise à mort des animaux avec lesquels l’éleveuse a tissé un lien particulier. Ses pensées sont alors rapportées sur un fond noir. Le film, à l’atmosphère intime et philosophique, restitue l’ambiguïté de la mise à mort des animaux et sans chercher à expliquer. La réalisatrice place les émotions au centre de son traitement de l’insoluble question de l’abattage. Seule la mise à mort de Cocotte est filmée à la fin du film. Le geste est alors suffisamment assumé par l’éleveuse. La viande, une fois préparée, le spectateur assiste au repas. La scène peut-être dérangeante. Le film se termine sur une mise-bas. Le troupeau continue de vivre.


Sur le Champ !

Contextualiser

Le film déplie le problème du marché mondial de l’alimentation pour souligner l’importance vitale de retrouver, au Sud comme au Nord, l’autonomie et la résilience. Il s’agit de mettre un terme à la faim chez les paysans, de pouvoir s’adapter aux changements et de s’émanciper des règles du commerce international. Au Pérou, en Belgique ou au Burkina Faso, les solutions sont différentes et adaptées. Le film, grâce aux témoignages de paysans et d’experts comme Olivier de Schutter ou Marc Dufumier, permet de contextualiser les formes que l’enjeu prend dans chaque pays. Les grands mécanismes sont expliqués ainsi que leurs effets dévastateurs comme le paradoxe de la faim.

Le temps des forêts

Alerter et défendre

Pour beaucoup, la forêt est un lieu de nature. Pourtant, elle est aujourd’hui souvent gérée de la même manière qu’un système agricole intensif : mécanisation lourde, monocultures, intrants chimiques, gaspillage des ressources naturelles et perte des savoir faire. Le film déplore l’évolution des pratiques forestières. Il se montre critique et expose des alternatives. Il invite à une approche plus respectueuse qui vise la pérennité des écosystèmes au-delà de leur rentabilité. Il interroge aussi la représentation que l’on se fait de la nature, notamment à l’occasion de l’histoire du plateau de Millevaches en France. Auparavant, les hauteurs du plateau présentaient de grands horizons défrichés, dévolus à l'élevage. Mais au 19e et 20e siècle, l’activité s'est réorientée vers l'exploitation forestière. Pour certains « le jour est devenu la nuit. Les sapins m’ont fait partir ».


Quand les tomates rencontrent Wagner

Philosopher

Il est des étiquettes de produits alimentaires qui cachent des histoires touchantes. Le film raconte ainsi celle d’une exploitation familiale en Grèce. Ici, les tomates, issues d’une ancienne variété, écoutent Wagner et sont cuisinées par des grands-mères. A la tête de cette petite entreprise, un paysan qui place chacun de ses gestes dans une perspective philosophique englobante. Le film combine des éléments très concrets d’inquiétude sur le devenir des exploitations familiales à des éléments de réflexion sur le sens des pratiques agricoles. Depuis la sélection des semences à la distribution des produits transformés, en passant par l’élaboration des recettes et le choix de la musique à diffuser dans le champ, le film raconte une histoire étonnante, amusante mais triste aussi, tant l’avenir de cette ferme et du village parait incertain.


Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes

Croire et résister mais perdre

Le film commence par décrire le travail difficile d’un jeune paysan dans une petite ferme familiale qui comprend vingt vaches laitières. Cyrille s’occupe des animaux, fait du beurre, raconte sa solitude. Rapidement, le tableau s’assombrit. On découvre, en ouvrant le tiroir d’une vieille commode, une histoire familiale compliquée. Une liasse de factures impossibles à payer révèle ensuite un endettement lourd. La pression augmente sur les épaules de Cyrille. Il s’accroche, demande de l’aide à Solidarité Paysans. Les larmes sont retenues ou rapidement essuyées d’un revers de manche. Finalement, la fin se précipite dans les dernières vingt minutes du film. Cyrille doit abandonner, il perd tout. Le film démontre la dureté d’un système impitoyable qui broie les petites exploitations.


Chão (Landless)

S’immerger

Le documentaire met en images un contraste entre une assemblée de familles de paysans sans terre au Brésil, déterminée, organisée et respectueuse face aux multinationales et aux autorités soutenues par les médias qui les exproprient, les privant ainsi de leur vie, écrasants, sourds, condescendants. L’opposition entre les deux mondes met à jour la puissance de l’oppression dont sont victimes les paysans sans terre. La caméra enregistre les moments de lutte, d’occupation par les familles, d’organisation, les discussions, les regards rêveurs parcourant la terre, les fins de journée dans la pénombre. Le territoire défendu est autant un lieu d’expérimentation en agroécologie que de résistance politique.


Semer, Récolter, Résister

Comprendre

Au départ d’une baguette de pain, le film déplie toutes les composantes d’un système alimentaire mondial aberrant. Nous sommes à Dakar en Afrique, la consommation massive de cette baguette met en péril les petits paysans et les filières locales. Le film, grâce aux témoignages des femmes et des experts, livre une analyse complète des enjeux liés à la maitrise de l’alimentation : création d’emplois, source de revenus, soutiens des métiers non agricoles, participation à l’identité culturelle, etc. Pour retrouver de l’autonomie dans la production alimentaire, les paysans s’organisent et mettent en place des moyens de retrouver de l’autonomie à différents niveaux : choix des variétés cultivées, des farines utilisées, de la qualité des produits et des circuits de vente.

Une fois que tu sais

Se transformer

Le film se présente comme un journal intime. Il dévoile quelques éléments d’un parcours personnel de prise de conscience du risque d’effondrement mais aussi des analyses de penseurs de la collapsologie. La petite histoire se mêle à la grande Histoire. Pour appuyer cette coexistence des différents niveaux, des évènements liés aux changements climatiques (invasion de papillons ou inondation) interrompent le fil du discours. Le film porte donc le regard à la fois intérieur et extérieur mais aussi dans le futur autant que dans le présent.


La vie est dans le pré

Se battre

A l’image d’un coquelicot isolé au milieu du blé, l’homme est plusieurs fois filmé depuis le ciel, le corps à deux tiers immergé dans son champ, ou de dos. Il s’agit dans ce film de raconter un combat face à plus fort que soi. Ici un paysan, Paul François, face à Monsanto. Il se bat à la fois contre une multinationale et contre la maladie. Le procès est long mais il finit par le gagner. Quant à son travail, c’est aussi une réussite. Le paysan réussit sa conversion en agriculture biologique. Mais si la victoire est là, elle semble fragile, laissant l’homme usé, bien que porteur d’espoir.


Uår (The Resilient)

S’inspirer

Au Nord comme au Sud, les paysans attendent la pluie. Elle tarde à venir désormais. Les changements climatiques déstabilisent les pratiques agricoles et les prévisions météorologiques. Un éleveur islandais se rend dans un village africain pour y découvrir les moyens imaginés pour continuer à cultiver, pour survivre. Le film tisse un lien entre le Nord et le Sud tout en soulignant l’hétérogénéité de l’impact des changements climatiques.

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