Aux côtés de ses parents engagés dans la rénovation d’une veille ferme, une petite fille découvre les odeurs, les sons, les paysages de la campagne française. Elle crée son propre petit musée, fruit de ses découvertes, dont des fossiles et des crottes. Elle explore son environnement, fait des rencontres, se familiarise avec la vie du village. Au-delà du récit autobiographique, drôle, riche de détails et d’anecdotes, l’auteure décrit aussi une certaine forme de rapport au vivant au sein d’un monde paysan menacé par l’industrialisation. Ainsi, elle évoque des pesticides, le remembrement, mais aussi certaines politiques culturelles injectées à la vie paisible de la campagne pour la « dynamiser ».

L’auteure dessine des paysages denses de matière à l’aide d’un crayon empressé et plein d’énergie. Dans ce fouillis dynamique qui sert de décors à de véritables expériences autant sensorielles que cognitives, Catherine Meurisse décrit ici surtout son enfance, nourrie d’idéaux et de valeurs, mais aussi de références littéraires et surtout d’imaginaire. La convocation de références à des lieux historiques ou à des citations littéraires servent « à agrandir l’espace ». Il s’agit, avec cette bande-dessinée, d’un véritable témoignage sur l’appropriation d’un territoire. Le jardin, notamment, est ainsi pour la famille un ensemble d’espaces cultivés où se mêlent vieux arbres et potager, rêves, références partagées, visions d’ailleurs et d’autrefois, expériences vécues et racontées. Un lieu intime et secret, que seuls les initiés peuvent appréhender, à la différence des lieux situés de l’autre côté du mur.

« Le rêve est dans la nature et la nature reprend toujours ses droits ». — Catherine Meurisse - Les grands espaces