Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Pointculture_cms | focus

Les Minang: plus grande société matriarcale du monde

David Petit - matriarcat chez les Minang - Indonésie
Chez les quatre millions de Minangkabau – pieux musulmans de Sumatra – les femmes gèrent la propriété et le foyer. Grâce à la structure matriarcale de la société, elles ont tendance à "porter (ou partager) la culotte".

Des dizaines de cultures se côtoient à Jakarta et tentent de maintenir les traditions de leur région d’origine. C’est le cas des Minangkabau ou Minang, originaire du centre de Sumatra, ils sont 320 000 à vivre dans la capitale.

Les Minang constituent la plus grande société matriarcale au monde. Si vous vous représentez déjà ces femmes ayant tout pouvoir, détrompez-vous, le matriarcat n’est pas l’opposé du patriarcat. Le matriarcat signifie que l’héritage et le nom de famille se transmettent de mères en filles.

Précisons qu’une culture indonésienne est en général régie par trois systèmes : traditionnel, religieux et politique. Chacun de ces systèmes possédant son champ d’action. L’Islam et l’État acceptent simplement le matriarcat. Mais, il n’y a pas plus d’imams ou d’élues femmes dans cette région pour autant.

Concrètement, vous pourriez traverser la région Minang sans rien remarquer de particulier. Il s’agit d’une société traditionnelle marquée par le découpage genré des tâches. Les femmes élèvent notamment les enfants. C’est d’ailleurs la raison du matriarcat. En effet, les anciens racontent qu’à l’origine les Minang ont organisé leur société en observant la nature. Ils y ont vu des êtres plus faibles, les enfants, dont les mères s’occupent principalement. C’est donc pour protéger les enfants du besoin que la maison, les champs, l’argent… appartiennent à l’épouse.

Seule l’épouse peut d’ailleurs demander le divorce. Elle dépose simplement une plante particulière à l’entrée de la maison et l’homme n’aura rien à dire, il partira avec les vêtements qu’il porte ce jour-là. L’homme ne pouvant ni refuser un mariage arrangé ni divorcer, il arrive d’ailleurs parfois de retrouver un Minang isolé à l’autre bout du pays car l’exil est sa seule fuite possible. Il s’agit d’un droit traditionnel très peu utilisé aujourd’hui, mais dont l’existence a pourtant son importance.

En effet, l’ensemble des droits des femmes Minang influence subtilement les rapports de genres au quotidien. Elles sont fières d’être femmes et d'être des femmes qui ont du pouvoir. Plus que dans les autres régions du pays, nous y avons parfois vu des hommes cuisiner et des femmes faire des « tâches d’hommes » dans les rizières. Les grandes décisions sont en général prises de manière concertée.

Au départ, nous avons été choqués par ce choix unilatéral du divorce et par ce découpage des tâches maintenant les femmes au foyer. Ensuite, prenant distance de notre vision occidentale, nous avons également observé et ressenti un certain équilibre et une certaine harmonie - sans idéaliser la situation pour autant.

Par ce texte, nous espérons vous avoir fait découvrir un des nombreux et interpellants visages de Jakarta et de l’Indonésie.



texte et photos: David Petit
sociologue et économiste, enseignant en promotion sociale
ayant vécu deux ans en Indonésie dont un mois chez les Minang.

Classé dans

En lien