Les métiers cachés de l’art numérique (1) : coloriste
- Thierry Moutoy (PointCulture) : Depuis combien de temps travailles-tu pour la bande dessinée ?
Alexandre De La Serna : Je travaille dans le domaine de la BD depuis 2005.
- Tu es aussi coloriste. Quel est ta marge de manœuvre ? Est-ce que tu as un dialogue avec l'auteur ?
Je réalise parfois des mises en couleurs complètes mais ce n'est pas mon activité principale. En général, je suis en contact avec le coloriste. Mais si je suis en contact direct avec l'auteur, oui, il y a des échanges et des retours pour optimiser le travail, répondre aux attentes et être au plus proche des consignes ou de la ligne de la série.
- Comment le métier de coloriste a-t-il évolué avec les nouvelles technologies ? Quel programme utilises-tu ?
Depuis que je suis dans le métier, peu de choses ont vraiment changé. Les changements majeurs sont l'augmentation de la résolution, la mise en couleur du trait. Par contre, le matériel a évolué. La puissance des ordinateurs, les tablettes type Intuos ou Cintiq, l'arrivée de nouveaux programmes adaptés au médium, Photoshop, Clip Studio Paint, Krita, etc. Personnellement, je travaille encore avec Photoshop, mais je bascule vers Clip Studio petit à petit.
- As-tu utilisé la même technique pour le jeu Domiverse ?
Ah ah ! J'ai utilisé mes connaissances techniques, mais l'approche du Pixel Art n'est pas la même que celle de la BD.
- Qu'est-ce qu'un aplat ? Pour toi quels sont les maîtres de cette discipline (BD et hors BD) ?
L'aplat, c'est une forme de mise en couleur qui n'inclut pas la pose des ombres, des lumières et d'autres effets graphiques. C'est la technique de mise en couleur qu'utilisaient Hergé, Jacobs, Peyo ou Morris. Aujourd'hui, c'est plus une étape intermédiaire dans la conception d'une BD. Pour ce qui est des maîtres, il y a énormément d'artistes talentueux. Si je devais vraiment en choisir un, je trouve que Dave Stewart, le coloriste de Hellboy, fait un travail inspirant. Et niveau dessin, Bonhomme, Larcenet, Trondheim, Daniel Warren Johnson, Toriyama. En vrai, il y en a trop.
- Quelle collaboration a été la plus enrichissante pour toi ?
Chaque nouvelle collaboration est une expérience humaine, souvent ça se passe bien. J'ai beaucoup de chance, depuis mes débuts je collabore avec les mêmes personnes et beaucoup étaient ou sont devenues des amis, ce qui facilite beaucoup les choses.
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Propos recueillis par Thierry Moutoy.