Musée royal de Mariemont : vase "Bacchanale" (G. Devreese)
Une oasis de verdure
L’arrivée au Musée
royal de Mariemont dans l’entité de La Louvière est un doux enchantement qui
lentement dévoile ses charmes. On y accède via un parc de toute beauté où
essences rares et arbres séculaires dessinent des paysages variés et étonnants
en toutes saisons. Un oasis espacé de verdure tranquille au cœur d’un tissu
urbain remodelé en profondeur par l’activité industrielle et l’urbanisation
croissante. D’une superficie d’environ 45 hectares, il est entièrement ceint de
murs et prolongé de vergers attenants.
Le parc est l’héritage
d’une lignée d’industriels, les Warocqué, qui furent dès l’entame du 19e
siècle l’un des principaux acteurs du développement industriel de la région via
l’exploitation minière du charbon. Fondateur de la lignée, Nicolas Warocqué fit
construire son château en 1829 dans une parcelle dans ce qui était alors une
forêt et créa l’ébauche du parc actuel sur le modèle d’un jardin à l’anglaise
où alternent vastes pelouses, plans d’eau et massifs de futaies, que l’on
parcourt sur des sentiers discrets parfois sinueux..
En plus d’être un
refuge/une halte pour la faune locale ou de passage, le parc intègre au sein de
son subtil maillage vert statues et reliques, ainsi que les ruines du château
original construit par Charles de Lorraine.
L’œuvre. Pièce majeure des collections du musée exposée en extérieur, devant la grande serre du jardin d’hiver, le vase Bacchanale en marbre du sculpteur et médailleur Godefroid Devreese (1861-1941). Haut de 2,77m sur 1,25m de diamètre, il s’agit de la seconde version sculptée de l’œuvre. Il est représentatif de l’une des tendances ornementales fortes des jardins à la même époque et reprend un thème classique de l’art gréco-romain : la tentative de séduction de jeunes Bacchantes par des satyres aux attributs animaliers, cornes de bouc et pattes velues, et qui dansent la sarabande tout autour de Bacchus, le dieu du vin et du théâtre. Terminée en 1908 et présentée au salon des Indépendants de Bruxelles, cette commande passée par Raoul Warocqué deux ans plus tôt, fait l’objet d’un abondant courrier entre l’artiste et son commanditaire, à propos du socle sur lequel la statue doit être posée. La solution préconisée sera un socle de granit rose de forme complexe, combinant carrés et octogones, et aux pans coupés et incurvés. L’original du vase Bacchanale sera offert en 1911 à la commune de Schaerbeek, après l’incendie de l’hôtel de ville. Et sa copie de marbre sera enfin posée sur son socle à Mariemont en 1913.
Héritage. Le musée est un vaste ensemble moderne spacieux et lumineux construit en 1975 par l’architecte Roger Bastin, combine volumes architecturaux de tailles et formes multiples et une partie conservée de la façade du château d’origine. En 2009, la scénographie d’une partie importante musée a été revue dans le sens d’une plus grande fluidité, des vitrines nouvelles adjointes et une section spécifique reprenant les principales étapes de constitution des collections Warocqué occupe désormais le premier étage.
Immensément riche et
demeuré célibataire sans enfant, l’industriel va accumuler, toute sa vie durant
(il est mort à 47 ans) une série de trésors culturels et artistiques avec sens
de l’éclectisme plutôt inhabituel, à l’exception de la peinture qui ne l’a
jamais intéressé.
La structure aérée du bâtiment,
l’aménagement de ses salles et l’éclectisme forcené de ses collections, tout
ici invite à la déambulation curieuse, entre les époques et les continents,
avec l’idée que la beauté est un invariant changeant de l’histoire
humaine !
Une section, dédiée à
l’histoire régionale Mariemont retrace en deux chapitres la lente mutation d’un
ancien domaine de chasse créé en 1546, agrandi, transformé en station thermale,
détruit et reconstruit avant sa destruction dans un incendie à la révolution
française. Le renouveau viendra à l’arrivée des Warocqué qui vont y construire
leur résidence et redonner un nouveau lustre au parc.
Clou de la collection d’Égypte ancienne, le buste monumental d’une reine Ptolémaïque (de la dernière dynastie) ouvre une vaste collection de céramiques anciennes qui jettent un pont entre l’Europe et l’Extrême-Orient. Ainsi, c’est la passion de Raoul Warocqué pour la porcelaine de Tournai (plus de 2.000 pièces) qui le conduit à s’intéresser à son équivalent chinois du 17e siècle. Un rarissime Pavillon de thé de Kyoto (Japon) fait face à de vastes échantillons de céramiques, émaux, textiles, bonzes… originaires de Chine, Corée ou encore du Viêt-Nam.
L’antiquité gréco-romaine se subdivise en deux sections. D’un côté, sculptures (parfois monumentales), fresques, céramiques, orfèvreries et peintures regroupées par civilisations (gréco-romaine étrusque), et de l’autre, des vestiges archéologiques qui retracent l’histoire locale depuis l’âge du fer jusqu’à la période de Charlemagne, dont une splendide collection de bijoux mérovingiens en or et une nécropole princière.
Yannick Hustache
- photos: (c) Céline Bataille
La
publication L'Objet nature (15 musées de Wallonie, 15 objets nature -
96 pages, 30 photos) est en vente au prix de 5€ dans tous les
PointCulture et musées participants
Musée royal de Mariemont
100, Chaussée de Mariemont
7140 Morlanwelz
32 (0)6 421 21 93
Gratuité : le 1er dimanche du mois
À visiter aussi :
CRIE de Mariemont
(centre régional d’initiation à l’environnement)
Implanté au cœur du parc et de l'arboretum historique de Mariemont, le Centre régional d’initiation à l’environnement de Mariemont développe, depuis 1995, une palette d'activités mêlant découverte de la nature et de l’environnement. La connaissance de l’environnement touche de nombreux domaines tels que la biologie, la physique, la géographie, la sociologie, etc.
29 Rue du Parc
7170
La Hestre
32 (0)64 23 80 10
Cet article fait partie du dossier L'Objet Nature | promenades musées.
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