Musique classique - les nouvelles programmations de saison (1)
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Belgian National Orchestra (BNO) – Hugh Wolff
Orchestre attitré de Bozar, le BNO occupe la très belle salle Henri Le Bœuf. Endommagée, rappelons-le, par de graves dégâts des eaux suite à l’incendie de la toiture du bâtiment au mois de janvier dernier, elle a nécessité dans l’urgence de lourds travaux de restauration. Réinaugurée en avril par le BNO, elle a pu accueillir le mois suivant la finale du Concours Reine Élisabeth. Les dernières réparations concernant le plafond et le parquet se dérouleront en juillet. L'orchestre national retrouvera donc bien sa scène à la rentrée.
Let’s Meet Again : c’est en effet sous le signe d'un retour à la vie active et aux relations sociales que le BNO entend démarrer sa première partie de saison, de septembre 2021 à janvier 2022. Au sein de la Symphonie pastorale de Beethoven, la « Joyeuse assemblée de paysans » sera emblématique de ces retrouvailles avec le public. Dans le même esprit, le concert de Nouvel An célèbrera le bouillonnement musical des « années folles » ainsi que le premier centenaire de cette décennie pétulante.
Mais il y a aussi des leçons à tirer de la pandémie, des réflexions autour de notre vulnérabilité et du caractère éphémère de la vie. Le cycle Das Lied von der Erde de Mahler et la création belge de These Premises are Alarmed de Thomas Adès sous-tendent ces questionnements.
Autres fils conducteurs : l’imagination, l’inspiration, l’excellence, mais aussi le doute, tous participent au processus de la création artistique. Tandis que les Shéhérazade de Rimsky-Korsakov et de Ravel nous invitent à la rêverie, Mathis der Maler d’Hindemith nous parle de créativité et du besoin irréductible de s’exprimer malgré la dictature. La Große Messe de Mozart restée inachevée, ainsi que les symphonies d’Anton Bruckner, portent les doutes de leur auteur. Quant à l'excellence, les nombreux chefs-d’œuvre programmés en sont le reflet.
Côté artistes, Bozar, La Monnaie et le Belgian National Orchestra accueillent comme compositeur en résidence le Britannique Thomas Adès. On pourra découvrir trois de ses compositions, jouées pour la première fois en Belgique, dont deux sous sa direction. Création belge toujours, une courte pièce pour orchestre de notre compatriote Jacqueline Fontyn, bien trop rare sur nos scènes. Des musiciens belges, il y en aura d’autres : Jodie Devos et le Chœur de chambre de Namur dans la Grosse Messe de Mozart, le saxophoniste Simon Diricq dans le Concertino d’Ibert, Emma Posman, Louise Kuyvenhoven et Sébastien Parotte lors du concert de Noël.
De grands solistes de notoriété internationale honorent aussi de leur présence ce second semestre de 2021. Vous pourrez y entendre Hilary Hahn, Sergey Khachatryan, Lise de la Salle, Hartmut Haenchen, Alisa Weilerstein, Jean-Yves Thibaudet, Patricia Kopatchinskaja, Michelle DeYoung…
À l'affiche encore, deux spectacles familiaux pour Noël et cinq représentations du Concert de Nouvel An, dont quatre hors les murs.
Toutes les réservations sont accessibles ici.
Orchestre Philharmonique Royal de Liège (OPRL) - Gergely Madaras
L'OPRL a décidé d'adopter quelques mesures de prudence concernant ses réservations : pas de panachage dans le choix des abonnements, pas de placement immédiat et réservations de tickets hors abonnement sur liste d'attente, en fonction de l'évolution des règles sanitaires. Mais la saison est bien là, éblouissante dans sa richesse de propositions.
C'est autour du thème de la filiation qu'elle s'est construite, avec l'idée de mêler les chefs-d’œuvre du répertoire de l'orchestre liégeois à des spectacles tournés vers l'avenir, dans de nouvelles formes, comme le cycle de "concerts augmentés" OPRL+, dans lesquels l'orchestre entrera en dialogue avec d'autres arts. Il servira de support à des films, des animations ou des photographies sur des musiques de Mahler, Respighi, etc. Spectacle total garanti. De filiation aussi il sera question dans l'hommage rendu à César Franck, né à Liège le 10 décembre 1822 et dont l'OPRL fête le bicentenaire durant toute sa saison et au-delà. Pour l'occasion, l'OPRL a tissé des partenariats avec différents musées de la ville de Liège qui déclineront une série d'évènements pour faire écho à cet hommage.
L'importance de la tradition se manifestera dès le concert d'ouverture de la saison, dédié à la Russie éternelle. Le concert de Noël Abbey Road Rhapsody, dans une optique plus festive, rendra hommage aux Beatles, eux aussi désormais inscrits dans notre héritage culturel. Tradition toujours avec le cycle Musique du monde qui visitera la Corse, l'Espagne, l'Irak et l'Europe de l'Ouest. Sans oublier les compositeurs qui ont marqué à jamais notre histoire musicale – Chostakovitch , Mahler, Debussy et tant d'autres – : cycles Prestige, Chez Gergely, Grands classiques.
Ce qui frappe dans la programmation de l'OPRL, c'est la diversité de ses cycles thématiques. Parmi ceux-ci, nous avons déjà cité OPRL+, mais bien d'autres sont dignes d'attention. Présenté par Pierre Solot, conférencier et homme de radio, Music Factory fait découvrir la musique classique aux plus jeunes (à partir de 12 ans). Les personnages maléfiques, les pêchés capitaux, la forêt et l'Amérique en seront les sujets. Pour les plus petits, Samedis en famille leur propose des spectacles sons et lumières qui promettent d'être de toute beauté.
À l'affiche du cycle Musiques anciennes, l'Ensemble Clematis, Paul Van Nevel et le Huelgas Ensemble, ainsi que Sébastien Daucé et l'Ensemble Correspondances. L'orgue sera aussi de la fête avec trois concerts. On y retrouvera Bernard Foccroulle, en tant qu'organiste et compositeur. Nelson Goerner, Fazil Say et d'autres participeront au cycle Piano 5 étoiles. Une programmation qui promet décidément de bien belles rencontres.
Nathalie Ronvaux