Namur : le collectif citoyens solidaires
C’est en écoutant un reportage radio sur Calais à France Culture en août 2015 que je me suis senti interpellé. Avec un ami et une autre association, on a mis sur pied une collecte de vêtements pour Calais. Puis, en septembre de la même année, les rumeurs de l’arrivée de réfugiés à Namur ont été confirmées. Et là, je me suis dit que c’était là l’occasion de mener ici des actions concrètes.… — Xavier Istasse
Enseignant (en techniques audiovisuelles à la Haute-École Albert Jacquard) et réalisateur dans « sa vie de tous les jours », Xavier Istasse se remémore ainsi ces moments déclencheur-clés, à l’origine de la création du collectif.
« La première initiative a été la création d’un groupe Facebook (qui compte 3682 membres à ce jour !) avec dans l’idée d’accueillir un groupe de réfugiés et de montrer notre solidarité. Et, inspirés par l’élan festif du comité d’accueil tournaisien qui attendait l’arrivée des bus les fleurs à la main, on voulait être symboliquement présents dans la bonne humeur lors leur débarquement à Belgrade [banlieue de Namur]. »Xavier se met alors en quête de personnes possédant des compétences techniques « utiles » et capables de constituer une structure organisationnelle d’accompagnement à deux niveaux. Un noyau de base de dix à quinze personnes appelé Orga, capable de coordonner des réunions de concertation avec un ensemble plus large de 100 à 150 personnes. C’est lors de l’une première assemblée que les idées vont fuser et le panel des futures initiatives et activités se mettre en place: Un programme varié, comprenant ateliers de cours d’écriture, dessin, photo, potager (en saison), salon de lecture et soirées jeux de sociétés… répartis sur l’ensemble des sept jours de la semaine.
Par chance, le Collectif peut compter sur le soutien d’une structure professionnelle qui dispose de locaux, personnels et de moyens. « On travaille main dans la main avec la Croix-Rouge locale, ça nous apporte une touche humaine en plus, car on se veut une interface entre la population belge et les réfugiés ». Autre rendez-vous bimensuel incontournable, les petits déjeuners solidaires. Un point de jonction où les gens se rencontrent, les idées s’échangent et projets s’élaborent. !
Mais avec pour contrepartie, un investissement humain difficile à maintenir à hauteur après deux ans et demi d’activités. Le collectif connait une certaine perte d’énergie, voire une logique érosion suite à la fatigue d’une partie de ses membres, dans un contexte global qui a tout de même vu la disparition de la plupart des mouvements de solidarité apparus au plus fort de la crise migratoire.
Pour ce qui est de la population réfugiée elle-même, on trouve des personnes en attente de leur statut depuis les débuts du CCL, mais aussi quelques personnes qui ont reçu leur « positif » et se sont installés dans le coin. « On les aide à se loger, à trouver des meubles. Le collectif est depuis sa création venu en aide à des centaines de personnes. Leur nombre global de réfugiés tourne en moyenne autour de 200, après avoir flirté avec le nombre de 800 durant le pic de la crise migratoire.Mais pas de place pour une solidarité « orientée », le collectif Citoyens solidaires mène également toute une série d’actions en faveur des déshérités « du cru ». Et en règle générale, la population namuroise salue de façon positive les initiatives du collectif, à l’exception, comme partout une petite frange qui reste méfiante ou hostile. « On subit les inévitables critiques sur le mode de "Et nos SDF?". Et par ailleurs, on aide aussi le Parc Maximilien et toujours Calais (d'autres collectes). La situation à Namur est moins dramatique qu’à Bruxelles ».
De façon générale, le collectif n’a connu jusqu’ici aucun problème concret face au politique, mais reste bien conscient qu’il ne peut rien attendre d’un niveau fédéral peu favorable (…) à une politique d’accueil des migrants. Mais lucide, Xavier conclut :
Plus le pouvoir manque d’humanité, plus les gens s’inscriront dans une démarche citoyenne. Les solutions aux défis de la société semblent de plus en plus venir de la sphère citoyenne et pas des cadres institutionnels classiques — Xavier Istasse
La vigilance demeure de mise car des infos concernant la fermeture du centre ont circulé, mais celui-ci a finalement obtenu un sursis d’un an, peut être à la suite d’une manifestation organisée ce sept mars (2018), et qui a réuni plus de 400 personnes !
(photos : page Facebook du Collectif)
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