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"Novembre", la reine, l'effondrement et le renouveau

novembre

nature, conte, artiste, environnement, forêt, spectacle, effondrement, ecofeminisme, sorciere

publié le par Frédérique Muller

Une reine fait corps avec son vaste royaume, autoritaire et effrayée. Et puis un jour, la chute, la forêt et la sorcière. Une histoire puissante d’effondrement, de libération et de renouveau soutenue par une scénographie magnifique qui imprègne la rétine et le cœur. Rencontre avec Noémie Vincart et Michel Villée, du collectif Une Tribu, auteur.ice.s de ce spectacle « Novembre ».

C’est l’histoire d’une reine. Une reine et son symbiote de fils dévorant, parasite, chevillé à son sein et lui rappelant sans cesse ses croyances et ses peurs. Une reine et sa robe monde, épaisse et vaste mais qui, au fond, ne tient qu’à un fil. Une reine qui avertit les femmes : Il ne faut pas s’aventurer dans la forêt. Il s’y passe des choses. On n’en revient jamais tout à fait. Il y a des arbres, des sons, des odeurs… et la sorcière. Mais la catastrophe inéluctable se produit et la reine anéantie doit descendre, passer de l’autre côté, s’aventurer dans l’obscur. Quand tout s’effondre, son humble et solide serviteur, l’aide à se frayer un chemin à travers la forêt comme à travers la catastrophe. Lui, avait déjà rencontré l’objet de toutes les craintes : la sorcière.

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Tu as vu la sorcière ? Non, j’ai rencontré la sorcière. — Novembre

L’intuition comme guide

Le spectacle est riche de sens et se reçoit comme une fable, nourrie par l’histoire personnelle du couple auteur et par le questionnement sur les assignations de genre reçues à la naissance d’un enfant. Noémie éprouve alors le fort désir de « faire toute seule ». Peu à peu, elle retrouve le sens du travail collectif mais armée d’une nouvelle confiance, d’un nouvel élan pour tisser un fil qui serait le sien. C’est ainsi la première fois que Noémie prend, littéralement, autant de place sur scène, qu’elle est autant exposée. Elle est, plus qu’au centre, au cœur, de la création.

L’autonomie, ce n’est pas faire seule. C’est surtout savoir rester soi-même dans le travail avec les autres. — Noémie Vincart

Face à ce besoin, Michel, qui pour des raisons familiales s’interrogeait déjà depuis longtemps sur ce que pouvait être le rôle d’un allié dans la lutte féministe voit dans ce projet l’opportunité de partager avec sa compagne les outils qu’il manie habituellement, mais surtout, il ajuste sa posture et se met en retrait.

S’effacer, ce n’est pas passif, c’est une démarche très active. C’est le projet qui a eu le plus d’impacts concrets dans notre vie quotidienne — Michel Villé
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Les convocations

On retrouve sur le plateau des images et des figures qui révèlent l’influence de la pensée écoféministe mais le travail est avant tout intuitif. Le spectacle hybride des archétypes forts à des fragments de la vie des artistes. La reine, c’est un peu Noémie. Le serviteur, c’est un peu Michel. Ce truchement puissant et spontané reflète l’entremêlement des questions sociétales et intimes.

La sorcière est apparue sur le chemin de Noémie à la suite d’une épreuve douloureuse. Tout s’est alors arrêté, quelque chose s’est effondré. « J’ai plongé dans l’obscurité. C’est ce mot qui m’a appelée au départ » en échos aux questions de place laissée à la mort, à la souffrance puis à la possibilité de se réparer, d’émerger à nouveau. Dans cette épreuve, Noémie lit, entre autre, Mona Chollet et Starhawk. Elle rencontre la sorcière. Au départ associée à l’idée d’autonomisation pour elle, cette figure devient un point de rencontre qui permet à Michel de la rejoindre et d’y associer les questions plus écologiques. Ainsi naît la forêt.

C’est un monde replié dans une robe et dans un corps de femme qui, sur scène, prend forme et évolue. Inquiétant, parfois drôle, lumineux, ce spectacle brillant adopte l’apparente simplicité d’un conte pour nous emporter, avec poésie et courage, dans les profondeurs d’un monde dont il faut rebâtir les fondations.

Plus d'informations sur : www.unetribu.be

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