Africa is/in The Future : La Nueva Trova – poésie et révolution
La fin des années 1960 a vu à travers le monde un intérêt renouvelé pour la chanson traditionnelle, en partie inspirée par l’envie d’associer des textes politiques ou revendicateurs avec une forme musicale détachée des genres commerciaux. De nombreux mouvements de protestation ont à cette époque émergé à travers le monde, et se sont cristallisés autour de plusieurs grandes causes. Les jeunes et surtout les étudiants furent au cœur de l’opposition à la guerre du Vietnam, des luttes pour les droits civiques, des campus de Berkeley à ceux de Nanterre. Sur le plan musical, de nouvelles formes de protest songs voient le jour: le revival folk de Bob Dylan ou Joan Baez aux États-Unis, la nueva cancion en Amérique Latine, le tropicalisme au Brésil, etc.
A Cuba, un mouvement
de ce genre va se développer à partir de 1967 et sera baptisé nueva trova en
référence à la trova du XIXème siècle et à sa tradition de
« troubadours », auteurs-compositeurs itinérants s’accompagnant
généralement à la guitare ou au tres. La nouvelle génération va reprendre le
style dans les grandes lignes, en y ajoutant des éléments contemporains,
notamment dans l’instrumentation, mais surtout en y ajoutant un contenu
beaucoup plus politique. Les deux genres ont bien sûr évolué dans des contextes
très différents. La nueva trova s’est développée dans le Cuba d’après la
révolution et le régime de Fidel Castro a beaucoup encouragé ses artistes.
Ceux-ci abordaient des thèmes qui avaient été ceux de la révolution: la lutte
pour le socialisme, contre
l’injustice, le sexisme, le colonialisme, le racisme, etc.
Les musiciens avaient choisi d’éviter les thèmes classiques devenus banals de la chanson d’amour pour aborder des problèmes d’actualité, et des sujets « sérieux ». Les figures les plus importantes de ce nouveau style furent Silvio Rodriguez et Pablo Milanes. D’autres, parfois issus de la trova traditionnelle, ou du fillin, les rejoindront, comme Carlos Puebla ou Joseito Fernandez. Le gouvernement mettra sur pied plusieurs festivals et soutiendra financièrement les artistes dont les textes faisaient l’éloge de la révolution ou faisaient le procès des États-Unis.
Paradoxalement, c’est ce
soutien officiel, associé à la courte durée de vie de chansons basées sur des
thèmes d’actualité qui causera le déclin progressif de la nueva trova. Les
chanteurs contestataires chercheront ailleurs une musique plus en phase avec les
luttes de l’époque, et moins perçue comme liée au régime.
Dans la foulée de la redécouverte des musiques cubaines encouragée par le projet Buena Vista Social Club, le répertoire de la nueva trova connaîtra un sursaut d’intérêt, surtout en dehors de Cuba. Les chants en hommage de la révolution, comme le célèbre « Hasta siempre, Comandante» dédié à Che Guevara par Carlos Puebla, séduiront une génération de jeunes occidentaux pour lequel le Che était devenu un symbole nostalgique de révolte.
Aujourd’hui des artistes cubains s’inspirent à nouveau de cette tradition et sont parfois rassemblés sous le nom de novissima trova. Les textes sont toujours critiques, mais les thèmes ont changé, et sont inspirés des données économiques et géopolitiques actuelles. Une nouvelle génération est ainsi apparue parmi laquelle il faut citer des artistes comme Santiago Feliú, Donato Poveda, Xiomara Laugart, Franck Delgado, Gerardo Alfonso, Pedro Luis Ferrer, Carlos Varela. Dans le cadre de la programmation de Cubalandz à Bozar pour le festival Africa is/in the future, ce renouveau sera représenté par le musicien Pucho Diaz, originaire de La Havane et aujourd’hui résidant en Belgique.
Benoit
Deuxant
Vendredi 18 mai 2018 - 18h à 2h du matin
Bozar (Bruxelles)
programmation Cubalandz
partenaire d'Africa is:/n The Future
Africa is/in The Future 2018
Du Jeudi 17 mai au Samedi 19 maià PointCulture Bruxelles, au Cinéma Nova, à Bozar et à la Bellone.
En partenariat avec le Goethe Institut. Avec la collaboration de XamXam, la Gaîté Lyrique, PanAfricanMusic | PAM, URCA asbl, Camarote asbl, Cubalandz Festival, Scènégal éthic, Hélico, KAANI, Rebel Up !, SEMETt Bruxelles, MuntPunt, Café Congo, le Collectif Mwanamke, la Maison du Livre asbl, le Centre Librex, Afropean Project et les librairies Les Yeux gourmands, Tulitu, Joli Mai.
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles et Wallonie-Bruxelles International.