Orgues de bois [Denis Tricot – Eric Cordier]
Les Orgues de Bois sont des sculptures sonores installées dans l’espace public. Ils sont constitués de longues lames de bois prolongées par des cordes métalliques et reliées à une amplification via des micros-capteurs. La production du son peut y être déclenchée par le vent, la manipulation tactile de leurs concepteurs ou celle du public qui a tout le loisir de se déplacer au sein de ces installations. Leur taille avoisine la trentaine de mètres.
Les Orgues de Bois sont d’immenses sculpture-instruments d’environ trente mètres de longueur constitués de longues lattes de peuplier ondulées (appelés « fils de bois »), prolongées et tenues par des cordes. Ces lattes ne sont donc pas retenues fixement mais tels les éléments d’un mobile, elles ont une certaine autonomie dans l’espace où elles sont installées. Un système d’amplification relaie les différents capteurs placés sur le bois.
À première vue il est difficile de savoir si l’on a davantage affaire à un instrument de musique ou à une sculpture. La nature hybride de cet objet provient sans doute des divergences de pratiques de ses concepteurs, Eric Cordier œuvre dans le champ de la musique électroacoustique, Denis Tricot est sculpteur.
Chaque Orgue de bois est conçu en fonction du lieu où il sera installé – l’espace public en tous les cas – il n’y a donc pas deux Orgues identiques. La taille et la disposition de l’instrument invitent le public à se déplacer autour et à l’intérieur de sa structure. De la même manière sa nature non-conventionnelle en ouvre la pratique à tout un chacun. Il n’y a pas de compétence particulière requise pour jouer de l’Orgue de Bois.
Cette dimension du jeu instrumental amène une autre particularité, celle du rapport entre le geste et son résultat sonore.
Le son se répercute. Le geste initial crée un son directement audible – celui d’un frottement, d’un coup… – puisqu’il est amplifié. Mais la taille immense de l’instrument induit un prolongement de cette manipulation première dans ses parties multiples. D’abord dans la longueur spectaculaire de ses lattes de bois qui agissent tels des voiles prises dans le vent, mais aussi dans les nombreuses articulations de l’instrument. Articulations entre les parties en bois et celles en métal, articulations entre la lame de bois et la corde qui la prolonge.
Chaque geste a donc son résultat sonore immédiat fidèle et son prolongement plus imprévisible.
L’origine du son combine l’intervention d’éléments naturels (le vent…) et du geste humain aidé d’un archet, de mailloches ou dans un rapport plus directement tactile. On considère les Orgues de bois comme des instruments combinant les cordes et les percussions.
Hugues Warin