Les Orgues DECAP sont des orgues traditionnels manipulés par un programme informatiques. Ils se démarquent de leurs ancêtres dans leur jeu sur les variations de pressions d’air, phénomène jusqu’alors proscrit sur l’instrument. Ils prolongent aussi un rêve de l’homme qui remonte au 19e siècle, celui d’automatiser les choses.

Les Orgues DECAP sont des orgues de facture traditionnelle mais dont le mécanisme est contrôlé par un programme informatique. Ils prolongent aujourd’hui les orgues mécaniques (de type « limonaires ») qui fonctionnaient avec des cartes perforées et étaient utilisés dans des lieux de danse populaires dans les années 1950, 60 et 70, système que la famille DECAP construit depuis plusieurs générations.

Le fonctionnement d’un orgue d’église s’articule sur le mécanisme du clapet d’ouverture par lequel l’air se propage dans chaque tuyau. De tous temps l’une des préoccupations des facteurs d’orgues a été de pouvoir maintenir une pression d’air constante afin qu’il n’y ait pas de changement de volume lorsque l’organiste passe d’un accord à l’autre par exemple. Or ici le programme informatique va justement permettre de faire varier – mais en le contrôlant – ce débit d’air dans chaque partie de l’orgue avec une précision et une rapidité de réponse vertigineuses. C’est cette nuance de fonctionnement qui change radicalement les possibilités expressives de l’instrument.

Comment créer des micro-tonalités, des effets de vibrato, de glissando, des vitesses d’attaques de la note beaucoup plus étendues. Comment faire varier les timbres de chaque partie… toutes sortes de possibilités jusque là inexistantes ou restreintes sur ce type d’instrument ! C’est en réglant la pression de l’air individuellement pour chaque module de l’orgue que l’on peut ouvrir l’instrument à ces nouvelles particularités. Le but premier de Frank et Tony Decap était de permettre un jeu plus expressif – avec du sentiment – sur cet instrument très massif, d’atténuer la barrière entre l’être humain et l’orgue de proportions très différentes.

L’Orgue DECAP utilisé par le compositeur belge Walter Hus contient six sections : « Violon alto », « Jazz flute », « Piccolo », « Hautbois », « Cello » et « Basse ». Ces dénominations sont traditionnelles à l’exception de  « Jazz flute » beaucoup plus récente. Il a donc la tessiture et la stature d’un Orgue d’église mais chaque partie est contenue dans une structure métallique en lieu et place du meuble en bois orné de bas reliefs que l’on connaît dans l’usage liturgique.

Walter Hus utilise cet instrument dans plusieurs projets dont voici quelques exemples.
Il a collaboré avec des scientifiques pour transposer sur l’instrument – via une interface – des données de mesures des vents dans la stratosphère, utilisées pour des prévisions météorologiques. Ce projet appelé Wind controls wind donne au vent naturel la possibilité de commander l’instrument en direct et de rendre compte du réel de manière poétique. Le procédé est radicalement différent mais le résultat rappelle les expériences d’Eric Cordier et Denis Tricot avec l’orgue de bois.
Il a également travaillé à une transcription de musiques électroniques belges des années 1980, établissant le lien entre les pratiques des boîtes de nuits techno et la tradition des orgues mécanisés qui jouaient 24h sur 24 dans les bars pour faire danser les gens.
Il compose aussi de nombreuses pièces de musique contemporaine pour cet instrument (Faro…).

L’atelier des frères DECAP situé à Herentals élabore et construit l’ensemble de l’instrument tant au stade de la lutherie que des programmes informatiques.

Walter Hus et son Orgue DECAP sont en résidence chez NAMAHN, bureau de design digital à Bruxelles (Schaerbeek).

Hugues Warin

• lien vers un CD pour écouter les orgues DECAP (sans le procédé informatique qu’utilise Walter Hus)
• lien vers la firme DECAP HERENTALS
• Lien vers un documentaire intéressant sur les automates

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