Ose le vert, recrée ta cour !
Ose le vert, les objectifs
« Ose le vert, recrée ta cour » est un projet porté par l’asbl Good Planet Belgium. Il se déploie partout en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre sous le nom « Pimp je speelplats ». Les objectifs sont de favoriser la biodiversité, le contact avec la nature et la convivialité. En Wallonie, quatre-cents écoles auront déjà tenté l’expérience au terme des trois campagnes (Ose le vert 1, 2 et 3 qui s’achèvera en 2020). Pour chaque campagne, un jury se rassemble et délibère longuement pour choisir quels projets de réaménagement de cour de récréation seront retenus ou non. Un choix souvent difficile à faire. Les écoles dont le projet est retenu bénéficient alors d’un soutien financier et d’un coaching sous la forme de trois visites. La première est en général davantage une réunion de concertation qui sert à poser le projet et à présenter les implications administratives des travaux. Les deux autres réunions sont placées en fonction des besoins de chaque projet et servent à mener à bien le chantier.
Un exemple à Ottignies
Je rencontre ce matin Céline Grandjean dans une école qui a participé à « Ose le vert 2 » et dont le projet a par ailleurs été retenu pour « Ose le vert 3 ». Un cas assez rare.
Dans cette cour, des arbres ont été plantés (un pommier, un néflier et un noisetier), apportant ombre et fraicheur à cette cour bétonnée qui peut être inondée de soleil en été, mais aussi des occasions de jeu. Car ces arbres, une fois installés là, près du grillage, appellent les enfants. Ils invitent à être contournés lors de courses sinueuses, à être enroulés de leurs bras, ou d’un drap laissé à disposition des enfants. Ils sont, tour à tour, obstacle à intégrer à un parcours, ami secret et muet, pilier d’une construction imaginaire.
Un autre aménagement de taille est la bétonisation sur cinquante mètres carrés d’une zone de la cour. Là sont plantés divers arbustes et plantes potagères. Les enfants me confient que leur plante préférée est la carotte. Pourtant juste plantée et donc invisible, encore dissimulée sous terre, c‘est elle qui retient unanimement leurs faveurs et qu’ils me montrent en premier. Sans doute parce qu’ils les ont plantées eux-mêmes. Suivent les fraises.
Cette bande est un lieu d’apprentissage de reconnaissance des plantes mais aussi de leur cycle de vie, des saisons, etc. C’est aussi un lieu qu’il faut apprendre à respecter, à entretenir, où il faut « faire attention à ce qui pousse ». Il demande ainsi surveillance, établissement de consignes, etc. Même si les enfants semblent globalement avoir intégré la présence du vivant à ne pas piétiner en restant bien sur le sentier de pas japonais, ils ne résistent pas toujours au plaisir de s’installer à même la terre, au creux des plantations enveloppantes, pour improviser une petite scène de vie de famille…
Enfin, troisième élément installé ici, deux bacs de plantes aromatiques dans une zone calme, véritables invitations aux plaisirs des sens. La douceur des feuilles de menthe puis la rudesse des petites feuilles de thym, leurs parfums contrastés, les fleurs qui éclosent au printemps au milieu de ces bouffées de plaisir touffues.
Ce projet de réaménagement de cour s’inscrit dans une réflexion globale de la cour de récréation. C’est une particularité de ce projet et une force.
Le découpage en zones (calme, ballon, etc.) pour éviter les conflits. Une roulotte à jouer, des bacs contenant de vieux objets que les enfants se réapproprient, des petites tables pour s’asseoir, un train, du relief, des vélos, etc.
L’école dispose aussi d’un jardin à l’arrière. Un espace en herbe, plus frais, plus couvert où s’ébattent des poules et où les enfants peuvent également aller jouer, en général de manière plus accompagnée.
Sur la droite de cet espace, après une petite porte, une vieille mare… celle-ci fera l’objet d’une réhabilitation dans le cadre de la campagne « Ose le vert 3 ».
Le processus
Pour Céline, la principale difficulté c’est le peu de réunions. Trois réunions, c’est un cadre qui entre aussi en ligne de compte pour sélectionner les projets. C’est suffisant pour des écoles déjà très autonomes et entreprenantes, c’est trop peu pour celles qui devraient être plus accompagnées. Ce cadre spécifique explique que le contexte des projets soit aussi important car, comme le souligne Céline, les projets de réaménagement de cour sont véritablement au cœur de la vie des établissements. Ils réclament la participation de toute l’équipe, voire du personnel de l’école dans son ensemble, pour l’information, l’entretien, la surveillance mais aussi l’évolution des aménagements. Végétaliser une cour, c’est réintroduire du commun, du vivant et donc du changement et des responsabilités différentes.
C’est un autre aspect de cette difficulté. Car entre les trois réunions, beaucoup d’évènements peuvent survenir dans la vie de l‘école ou dans la nature. Laisser passer, pour une raison ou une autre, la saison des plantations peut avoir de lourdes conséquences, par exemple. De même qu’un changement d’équipe pédagogique.
Toutes ces difficultés sont aussi sources d’apprentissages collectifs et de richesses dont ne tarissent pas les écoles qui ont fait l’expérience d’Ose le vert ( https://www.oselevert.be/recits-d-experience.php)
Pour sa prochaine campagne, Ose le vert s’ouvre aux Hautes Écoles (une par province). Une évolution du projet qui permettra de sensibiliser encore davantage les enseignants aux bénéfices de ce contact avec la nature ou, selon les écoles, qui peut prendre des formes très diverses en fonction des possibilités des cours et des équipes : plantations d’arbres, installation de bacs, création ou réhabilitation d’une mare, création d’un tunnel, d’un talus, d’un sentier ou d’une cabane, etc.
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