À la fin du 19ème siècle, le poème symphonique cherche déjà à construire et à stimuler un imaginaire visuel. Un même attachement à un pays, à ses paysages et légendes rapproche les peintres et les compositeurs. Jean Sibelius et Akseli Gallen-Kallela sauront ainsi traduire la profondeur de la culture finlandaise avec la même puissance symbolique. Chez le Lituanien Mikalojus Konstantinas Čiurlionis, la transversalité musique-peinture est d’autant plus évidente que ce dernier maîtrise les deux disciplines.

Au XXème siècle, la recherche d’un langage commun aux deux disciplines artistiques s’impose comme ferment de créativité. L’œuvre d’Alexandre Scriabine illustre, par son évolution, la transition du romantisme vers le modernisme. S’il en vient à désarticuler le langage tonal, c’est pour mieux approcher la nature du son, son mystère, et rendre plus manifeste la correspondance avec le spectre des couleurs. Animés par la même volonté de revisiter les fondements de l’art, le peintre Vassily Kandinsky et le compositeur Arnold Schoenberg s’émancipent, le premier de la figuration et le second du langage tonal, afin de libérer de nouvelles potentialités, de nouvelles énergies.

Cette volonté sous-tend également le néo-primitivisme et le rayonnisme abstrait des peintres Mikhail Larionov et Natalia Gontcharova qui travailleront l’un et l’autre aux décors de Diaghilev. Un art de la caricature, combinant rythmes et tradition, se retrouve dans L’Histoire du soldat de Stravinsky. La transversalité des arts sera, par ailleurs, au cœur des travaux et enseignements du Bauhaus ; dans ce cadre, le peintre Johannes Itten et le compositeur Jozef Matthias Hauer s’appliqueront à théoriser et à expérimenter la relation entre musique et peinture.

Jacques Ledune

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cycle Échos : Musiques & Pensées
Peinture et musique à l'aube du XXème siècle : synesthésie et modernisme

Mardi 10 Décembre 2019 - 20h30

La Vénerie - Espace Delvaux
Rue Gratès, 3 (place Keym)
1170 Watermael-Boitsfort