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ProPulse classique 2021

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Le Festival de la Fédération Wallonie-Bruxelles destinés aux professionnels des arts de la scène s'est déroulé du 30 août au 3 septembre, se clôturant par la journée classique. Six ensembles et artistes s'y sont produits.

Sommaire

Bow – Quintette augmenté

D’abord, qu’est-ce qu’un quintette « augmenté » ? L’ensemble Bow est composée de cinq instruments à cordes frottées – d’où leur nom, bow signifiant ici : archet – et d’un appareil électronique chargé de capter les sons produits par les instruments et de les modifier pour en créer de nouveaux.

Lorsque le public est entré dans le studio 2, il a été convié à s’installer sur la scène, autour des instrumentistes. Cette configuration pour le moins originale a eu l’avantage de nous placer dans une forme d’intimité avec les musiciens. Plongés dans la pénombre, nous avons assisté à une expérience sensorielle complétant le plaisir auditif à celui des yeux, grâce à de subtiles jeux de lumières, évoquant celles qui filtrent à travers des vitraux d’église, passant du bleu de la nuit à l’orangé de l’aube. Aux sons sortis des cordes sont venus s’ajouter ceux que l’artiste sonore Fabien Leseure avait captés, transformés et générés. Dans cette ambiance feutrée, nous pouvions ainsi nous immerger totalement dans cette musique volontiers méditative. Une expérience pleine de poésie.

Carlos Payan – La trace basse

Contrebassiste, compositeur et pédagogue, le mexicain Carlos Payan oriente lui aussi son travail de composition dans une optique expérimentale interdisciplinaire en utilisant des sons acoustiques et électroniques simultanés ou différés ainsi que des effets de lumières. Pour ProPulse, il a proposé des pièces pour contrebasse seule dans lesquelles il explore avec beaucoup d’inventivité les possibilités techniques de son instrument, des œuvres mixtes et des compositions purement électroniques. L’ensemble alterne habilement des pièces dynamiques et d’autres plus contemplatives.

Ensemble Tempus – Exil(s)

Quatre musiciens venus d’horizons différents : Sarah Théry (mezzo) et Kacper Nowak (violoncelle) de la musique classique, Akram Ben Romdhane (oud) et Nyllo Canela (percussions) de la musique du monde. Exil(s) se veut le reflet de cette confluence de genres et de cultures. L’Ensemble Tempus y reprend des œuvres de musique classique en les parant de nouveaux rythmes, de nouvelles sonorités, en les accompagnant de bruitages et en les prolongeant par des improvisations. Ainsi, la triste lamentation de la mort de Didon de Purcell se transforme-t-elle peu à peu en musique endiablée tandis que les Sauvages des Indes galantes de Rameau sont relus dans des rythmes et des bruitages rappelant leur origine sud-américaine… Des re-créations hautes en couleurs.

Trio Spilliaert – Désiré Pâque

Depuis sa création, le Trio Spilliaert s’investit beaucoup dans la défense du répertoire belge, et plus particulièrement celui touchant à la période contemporaine. C’est par hasard que Gauvain de Morant (piano), Jean-Samuel Bez (violon) et Guillaume Lagravière (violoncelle) découvrent dans une bibliothèque les partitions des trios à cordes de Désiré Pâque (1867-1939), un compositeur liégeois prolifique resté quasiment inconnu jusqu’à présent. Et pourtant, la musique que le public a pu découvrir à ProPulse est d’une grande richesse, complexe et belle à la fois, et mérite mille fois notre attention. Mais pas d’impatience, le Trio Spilliaert nous l’a promis, un enregistrement paraîtra d’ici peu chez Cyprès. Il nous tarde…

(extrait de leur spectacle pour les Jeunesses Musicales - février 2020)

Gaëlle Solal – Tuhu, autour de Villa-Lobos

Lors d’un voyage à Rio pour assister au Festival Villa-Lobos, la guitariste française Gaëlle Solal rencontre des musiciens brésiliens qui lui font découvrir la musique de rue et les liens forts avec celle plus savante de Villa-Lobos. Elle se passionne pour ce répertoire et décide de le partager grâce à un CD et à ce concert autour de Villa-Lobos. Tuhu signifie "petite flamme" et était le surnom du compositeur des Bachianas Brasileiras. Ce « seule en scène » est habité d’une formidable énergie. Le jeu de Solal, volontiers virtuose est aussi extrêmement nuancé. Elle parvient ainsi à faire rimer fougue et tendresse avec une maîtrise technique remarquable. Éblouissant !

Ensemble Mendelssohn – 5ème Symphonie de Beethoven

L’Ensemble Mendelssohn s’est spécialisé dans l’interprétation de quintettes et sextuors à cordes avec ou sans piano dans les répertoires baroques à contemporains. Il s’est en outre prêté à de nombreuses créations de compositeurs et compositrices belges. A l’affiche de ce jour, la 5ème symphonie de Beethoven, dans une transcription de Carl Friedrich Ebers (1770-1836) supervisée par Beethoven lui-même. Elle fait partie d’un projet plus complet qui reprend toutes les transcriptions d’époque pour quintette des 9 Symphonies. On connaissait déjà les très belles transcriptions pour piano de Liszt, qui ont permis de faire connaître ces partitions partout où aucun n'orchestre n'était disponible pour le faire. Cette version pour quintette est une excellente surprise : les voix, réparties entre les cinq instruments, vont droit à l’essentiel. Des lignes claires qui conservent toute la profondeur harmonique et mélodique de l’œuvre symphonique. Un vrai bonheur !

Nathalie Ronvaux