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Public à l'œuvre - Reg'arts décalés

visuel de l'exposition "Public à l'oeuvre - Reg'arts décalés" (Charleroi)
Il ne vous reste plus que quelques semaines pour découvrir, à Charleroi, cette exposition qui pose la question de la démocratie culturelle collaborative.

La démocratie culturelle collaborative : un concept nouveau

Le concept de cette exposition au Musée des Beaux-Arts de Charleroi est simple : un projet participatif à partir duquel les citoyens de la région carolorégienne ont conçu et monté une exposition de A à Z. Trente-sept commissaires pour une seule exposition. Assisterait-on à l’avènement d’un concept nouveau, celui d’une démocratie culturelle collaborative ?

La démocratie culturelle, c’est quoi au juste ?

Ce terme souvent discuté, bénéficie d’une évolution sémantique à travers le temps. Il désigne avant tout un régime de politiques culturelles qui englobe toutes les cultures, qu’elles soient populaires, étrangères ou encore underground. Actuellement, la démocratie culturelle semble rivaliser avec le projet de démocratisation de la culture également grand paradigme structurant du secteur associatif culturel belge. Car si le souci pour la démocratisation de la culture a pour ligne de mire l’accès à la culture pour le plus grand nombre, celui de la démocratie culturelle entend de son côté, que chacun puisse élaborer sa propre culture et son rapport personnel à celle-ci. Elle est en quelque sorte une alternative à l’approche relativement restreinte véhiculée par la démocratisation de la culture qui est soumise à une conception hiérarchique privilégiant les arts dits majeurs. Quoi qu’il en soit, le secteur culturel subsidié en Belgique francophone s’articule autour de ces deux grands axes majeurs qui se complètent plus qu’ils ne se narguent.

Public à l’œuvre

Le projet lancé dans le cadre de l’initiative Public à l’œuvre portée par l’asbl MOOS et la coopérative Cera, est un excellent exemple des politiques culturelles menées en Fédération Wallonie-Bruxelles. L’initiative propose de s’éloigner de l’approche classique des acteurs culturels qui jusqu’ici misaient sur la recherche de nouveaux publics, qu’ils aimeraient toujours plus nombreux et toujours plus variés. Public à l’œuvre, en focalisant son attention sur la manière d’impliquer le public face à l’art, renverse ce mode de pensée et s’interroge sur la manière d’impliquer la société dans l’art en créant des lieux pour tout un chacun et non pour l’élite. Dans cette perspective, elle a déjà lancé plusieurs projets participatifs ayant pour objectif de changer la relation entre l’institution d’art et le public, se plaçant ainsi dans la mouvance très en vogue des co-créations, ici entre institutions d’art et leur public.

L’exposition

Reg’Arts décalés s’inscrit pleinement dans cette vision décloisonnée et collaborative de la culture en faisant du citoyen un individu qui, en agissant, peut comprendre et évaluer la société. Son titre évocateur implique tant le regard des trente-sept commissaires que celui des visiteurs. Il nous renseigne également sur la question centrale de cette exposition : qu’est-ce que voir, qu’est-ce que regarder ?

Dans un parcours qui propose une cinquantaine d’œuvres éclectiques, nous sommes invités à évoluer en trois temps dans un espace ouvert. Une première zone s’attache au cheminement perception – réaction – réflexion qui accompagne le processus mental du spectateur devant l’œuvre d’art. La seconde zone explore les questions d’agencement de l’espace, en soulignant l’influence de la scénographie dans la lecture de l’œuvre d’art. Les sens en éveil, nous sommes surpris de l’effet procuré par le plaisir de pouvoir toucher une œuvre ou de la regarder par le petit trou d’une cloison en bois, comme si nous bravions l’interdit… Finalement, la troisième zone instaure le dialogue entre des œuvres au premier abord sans relation mais dont la confrontation provoque d’autres réflexions.


Les initiés du monde de l’art contemporain se verront peut-être un peu perdus face au bouleversement du jargon habituel des expositions d’art, mais ce projet collaboratif est une véritable occasion à saisir par tous les curieux pour venir aiguiser leur regard et, pourquoi pas, trouver des réponses aux questionnements que les institutions muséales, souvent confinées dans leur sphère respective, peinent trop souvent à élucider.


pdf de la revue Repères - Politiques culturelles : "Démocratie culturelle & démocratisation de la culture" (2014)

texte et photo du bas:
Alicia Hernandez-Dispaux

(photo du haut: visuel officiel des affiches et dépliants de l'exposition)


Public à l’œuvre - Reg'arts décalés
Musée des Beaux-Arts de Charleroi
1 Place du Manège
6000 Charleroi

Jusqu'au 11 février 2017
Du mardi au vendredi de 9.00 à 17.00 –  Samedi de 10.00 à 18.00
Premier dimanche du mois de 12.00 à 18.00



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