Arts, culture et confinement : Revue du web, semaine du 7 janvier 2021
Sommaire
In.Vulnerability aux Halles de Schaerbeek
Se filmer chez soi ne date pas d’hier, en tous cas pas du confinement. Jour après jour, les réseaux sociaux affichent en mosaïque des pans d’intimité qui, en s’additionnant, peuvent procurer le sentiment vital d’appartenir à une petite communauté. Durant le premier lockdown, trois artistes associés aux Halles de Schaerbeek, la metteuse en scène Gaia Saitta, le cinéaste Charlie Cattrall, et la scénographe Giuliana Rienzi, ont pris l’initiative de systématiser ce geste complexe où se retrouve, entre autres besoins fondamentaux, un désir primitif de reconnaissance. L’appel a été lancé au printemps, manière de formaliser et d’exprimer ce que cette période a exacerbé dans les corps et les esprits contraints comme rarement. Chacun faisant face à la solitude dans un environnement et dans des conditions de vie spécifiques, le dispositif demandait aux participants d’accomplir une série d’actions simples dressant un répertoire empirique des façons de réagir devant l’épreuve. Venues du monde entier, les propositions totalisent une trentaine d’heures qui, découpées et remontées, composent aujourd’hui un film long d’une trentaine de minutes dans sa version actuelle et provisoire. Passé sous les ciseaux des cinéastes, c’est encore un matériau relativement brut, d’une visée moins sociologique que citoyenne. Les visages, les objets, les poses, les actions s’y enchainent avec fluidité mais non sans heurts, dans un vertige de sensations et d’affects d’où se dégage toutefois l’idée réjouissante que le désœuvrement est davantage propice à l’invention (de soi ?) qu’au repos ou à l’ennui. [CDP]
https://www.halles.be/fr/sp/392-invulnerability
Boris Lehman : À la recherche du tombeau idéal (France Culture)
Je m’en fous de la température, de l’humidité, de la lumière. Elle a raison, si tu veux [la responsable du dépôt de la Cinémathèque royale] mais je m’en fiche. Le cinéma, c’est vivant, ce n’est pas un truc dans une boite fermée dans un musée, que plus personne ne regarde ou ne touche. Le film, ça se projette, ça s’use, ça se raie, ça gondole. C’est la vie. La vie de la pellicule comme la vie de l’homme. — Boris Lehman
Boris Lehman est à mes yeux le cinéaste belge vivant le plus important : auteur d’une œuvre particulièrement cohérente, à la fois fragile et jusqu’au-boutiste, brouillant complètement la limite supposée entre la vie et les films, traversée d’incroyables moments de cinéma, très ouverte aux autres (et pas juste autocentrée, comme ses détracteurs s’obstinent à le croire, sans voir les films). Né à Lausanne en 1944, Boris Lehman approche des 80 ans. Le 19 mai 2018, il a fait un infarctus du myocarde et, au même moment, une fissure est apparue, à cause d’un chantier adjacent, dans l’atelier d’artiste à la limite d’Etterbeek et Ixelles où il vit depuis vingt ans, et qu’il devra quitter d’ici mars 2021. Du coup, le cinéaste se pose à voix haute, au micro des réalisatrices de France Culture, les questions qui le taraudent depuis pas mal de temps : que faire de ses 800 boîtes de films, de ses 500.000 photos, de ses livres, de ses archives de sons (« son de pas sur le gravier », « croquer une pomme », etc.), de ses cahiers, journaux intimes, agendas, messages de répondeur… Comment vider ce capharnaüm ? Comment trier ? « Qu’est-ce qu’on garde, qu’est-ce qu’on jette ? Est-ce qu’on garde, est-ce qu’on jette ? », « Est-ce que la vie ça peut se ranger ? »… Un jour le camion sera là et il faudra être prêt. Si, dans un courrier aux cinémathèques mondiales, le réalisateur écrit « Tears are useless », on mentirait en affirmant qu’on n’a pas pleuré à l’écoute de ce portrait radiophonique particulièrement touchant. [PD]
https://www.franceculture.fr/emissions/lexperience/boris-lehman-a-la-recherche-du-tombeau-ideal
https://www.pointculture.be/magazine/articles/playlist/bruxelles-au-cinema/
Edmond (RTBF Auvio) : Rostand dans le creux de la vague
Coproduction franco-belge, Edmond est une adaptation cinématographique de la pièce homonyme, créée en 2016 par Alexis Michalik au Théâtre du Palais royal de Paris. Trois ans plus tard, le metteur en scène se mue en cinéaste pour accoucher de la version filmique de sa pièce, un biopic centré sur Edmond Rostand, illustre dramaturge français à qui l’on doit le personnage emblématique de Cyrano de Bergerac, désormais profondément ancré dans la culture populaire. Le film revient sur un pan décisif de l’existence de l’auteur de théâtre : alors dans le creux de la vague, n’ayant plus rien produit depuis une paire d’années, Edmond Rostand s’inspire librement de la vie d’un écrivain libertin pour imaginer ce qui, pour la postérité, deviendra un archétype humain issu de la littérature, au même titre qu’Hamlet et Don Quichotte. Interprété par Thomas Solivérès, l’Edmond Rostand d’Alexis Michalik s’en va trouver l’acteur Constant Coquelin (Olivier Gourmet !) pour lui proposer de jouer dans une pièce qu’il n’a pas encore écrite et à laquelle personne ne croit… [SD]
https://www.rtbf.be/auvio/detail_edmond?id=2719988
Cinépilou : le cinéma familial dans notre salon
Le cinéma nous a manqué. Et il a certainement autant manqué aux plus jeunes d’entre nous. En cette période hivernale sous covid, plusieurs cinémas de la Fédération Wallonie-Bruxelles se sont associés autour de Cinépilou. Cette initiative propose un film court et de qualité à voir en famille, chaque vendredi entre 18 h et 21 h. Des activités (bricolage, recettes, lectures) prolongent la séance et permettent de tisser les liens familiaux encore tout le week-end.
Ce vendredi 8 janvier 2021, le film d’animation Un conte peut en cacher un autre lie les personnages des contes les uns aux autres. Une séance réjouissante suivie d’un concours (le tout pour 5 €) et qui permet aussi de soutenir les salles de cinéma. [DS]
https://www.ecranlarge.be/fr/cinepilou
Éclats de Noël : Quand le secteur Horeca s’associe avec l'Eden (Charleroi)
Dans une morosité ambiante toujours rongée d’incertitude, une belle initiative s’est créée entre différents secteurs durement touchés par la crise sanitaire. Le concept : une réinterprétation des décorations de vitrines de Noël par des artistes issus du monde de l’illustration, du graffiti et du tatouage. Un parcours urbain et artistique d’une dizaine d’établissements Horeca entre la ville basse et la ville haute de Charleroi. Une action solidaire qui ne permettra malheureusement par d’entendre de nouveau le bruit des verres et des couverts qui s’entrechoquent mais qui permettra de créer un peu de gaité dans des circonstances difficiles. Et la tournée est gratuite, profitez-en ! [SS]
https://www.eden-charleroi.be/agenda/eclats-de-noel/
Valfret & Étienne Beck : exposition au Sterput (Bruxelles)
Du 7 janvier au 21 février 2021, du jeudi au dimanche, l’asbl E² accueille les artistes belges Valfret et Étienne Beck. Elle propose de découvrir les peintures, dessins et sérigraphies de ces deux artistes évoluant en marge de la bande dessinée et de l’illustration. L’entrée est libre. [BD]
https://sterput.org/valfret-etienne-beck/
Summer Bummer Virtual Rebound : musiques improvisées en ligne
Le festival Summer Bummer d’Anvers a été annulé à répétition cet été, puis cet automne. Il propose en forme de “rebond” une édition en ligne au cours de laquelle vous pourrez assister à une série d’interviews et de concerts avec plusieurs représentants de la scène musicale expérimentale belge. Au programme : The Begotten, The Groovecats Deluxe, Grid Ravage, Joachim Badenhorst / Indrė Jurgelevičiūtė / Tsubasa Hori / Roman Hiele, Timo Van Luijk / Manuel Mota/Margarida Garcia/Bart De Paepe. Le programme est gratuit (avec ticket/code d’accès à réserver) mais toute contribution est la bienvenue. [BD]
Du samedi 23 au mercredi 27 janvier
https://soundinmotion.be/concerts/summer-bummer-virtual-rebound-new-dates/
Walter - Safe 'N Sounddays 2021 : concerts en ligne… puis en salle ?
La salle bruxelloise Werkplaats Walter a décidé de relancer la saison musicale et organise une série de concerts, qui auront lieu deux dimanches par mois, de janvier à mai 2021. Les conditions évolueront en même temps que les réglementations associées au covid-19. La configuration actuelle ne permet pas la présence d’un public, mais pourra accepter un nombre limité à 25 personnes dès que les mesures l’autorisent. Tous les concerts seront projetés en ligne, en direct, quoi qu’il arrive. Werkplaats Walter a établi un programme qui met en avant la scène jazz, improvisation et classique, dans des formats solos et duos. [BD]
Les prochains concerts sont :
#1 - 10/01 - Jozef Dumoulin + Bo Van der Werf – #2 - 31/01 - Backback – #3 - 7/02 - Sooner – #4 - 21/02 - Ewout Pierreux + Tutu Puoane – #5 - 7/03 - Lauroshilau – #6 - 14/03 - John Dikeman + Peter Jacquemyn – #7 - 11/04 - Tony Malaby + Angelica Sanchez + Tom Rainey – #8 - 25/04 - Bach In(ter)ventionen – #9 - 9/05 - PJDS – #10 - 30/05 - Hans Beckers
https://www.werkplaatswalter.be/news/2021-01-01-safe-n-sounddays-2021/
Heartbeat session : musique du monde en ligne
Ce jeudi 7 janvier 2021, retrouvez Bao Sissoko et Wouter Vandenabeele en concert online, dans une « Heartbeat session » organisée par le centre culturel gantois De Centrale. Issu d’une famille de griots sénégalais, Bao Sissoko joue de la kora. Il mélange ici les sonorités africaines de son instrument au violon du musicien belge Wouter Vandenabeele. [ASDS]
https://decentrale.be/nl/agenda/muziek/wouter-en-bao-heartbeat-session
Retrouvez également ces deux artistes dans les deux premiers épisodes de À quoi vous jouez.
Une revue du web collective de PointCulture
compilant les propositions d'Anne-Sophie De Sutter, Catherine De Poortere, Benoit Deuxant, Simon Delwart, Philippe Delvosalle, Daniel Mousquet et Stanis Starzinski.