Sound in Motion (2) : free jazz et bien au-delà
Sommaire
Premier volet de l'interview autour de Christel Kumpen et Koen Vandenhoudt autour de leurs parcours musicaux personnels et du passé et du présent d'Anvers comme "Valhala des musiques improvisées" :
Courroies de transmission
- Vous m’avez déjà donné une série de contre-exemples au cours de la première moitié de cet entretien, mais avant de commencer cette interview, j’avais un peu l’impression qu’il n’y avait pas trop de musiciens entre la génération de Fred Van Hove et celle de Joachim Badenhorst… Et que vous, vous jouiez – non pas comme musiciens mais comme organisateurs et programmateurs – le rôle de courroies de transmission entre ces deux générations…
- Koen Vandenhoudt : C’est même presque
un fer de lance de tout ce que nous organisons : faire se côtoyer de
manière très délibérée, presque démonstrative, cette génération plus âgée et
cette génération plus jeune. Parfois, certains de ces jeunes, ne savant pas
exactement avec qui on les fait monter sur scène, avec qui on les fait jouer…
- Christel Kumpen : Dans notre génération, pas spécialement dans le domaine de l’organisation mais dans celui de l’écoute de ces musiques, Tom De Weerdt de Lowlands a été très important via son label et la distribution de disques. Même si plus tard, il a bifurqué vers des musiques de danse plus commerciales pour son business, pour lui-même, il restait à l’écoute de choses moins évidentes. Mais de notre génération, nous restons un peu les seuls à n’avoir jamais arrêté de travailler, de manière continue donc, dans le champ de ce volet plus expérimental. D’autres ont évolué vers autre chose… Ou carrément arrêté. À un certain âge – et c’est souvent lié au mariage, aux enfants, au boulot, etc. – les gens décrochent. On fait aussi le lien entre différentes générations parce que nous, nous n’avons jamais arrêté…
- K. V. : …et parce qu’on trouve ça important !
- C. K. : C’est une partie très importante de notre vie.
On est constamment à la recherche de nouvelles musiques. Toujours ! — Koen Vandenhoudt
- C. K. : Mais de notre génération, il n’y a plus tant de gens que ça qui sont actifs…
- K. V. : Il y a Timo Van Luijk (du projet musical Af Ursin et des labels La Scie dorée et Metaphon) avec qui on est amis depuis longtemps… Bart De Paepe du label Slow Tapes aussi ; mais lui est un peu plus jeune.
- C. K. : Pas mal de connaissances et d’amis du début sont morts, aussi…
- Ce
que je voulais dire, c’est que j’ai l’impression qu’entre les gens nés en 1937
comme Fred Van Hove et Cel Overberghe et ceux nés en 1991 comme Joachim
Badenhorst, j’ai l’impression qu’il y a peu de musiciens anversois ou flamands
actifs dans le genre de musiques que vous programmez…
- K. V. : C’est surtout une question de visibilité, je crois. Je pense que cette génération intermédiaire existe, mais qu’on la remarque moins. Le saxophoniste Thomas Olbrechts par exemple vient d’une de ces générations intermédiaires mais quand il a commencé, il y a une vingtaine d’années, le contexte n’était pas évident pour lui, parce que c’était une époque où le free jazz était considéré comme du bruit. Aujourd’hui, on rencontre encore de telles réactions mais à moindre échelle et il y a quand même un forum plus visible qui existe pour ces musiciens. Quelqu’un comme le joueur d’euphonium Niels Van Heertum sort ses disques, organise ses propres tournées à l’étranger, etc. Mais ce n’est pas évident.
Il y a aussi par exemple le batteur Eric Heestermans. Il jouait dans Sheldon Siegel avec Gino Coomans et Gerard Herman qui avait seize ans à l’époque où ils ont commencé. Aucun des trois n’avait le permis de conduire et c’était la mère de Gerard qui devait les amener aux concerts ! Ou Christel qui devait les conduire à leur concert à Hasselt à la même affiche que Chris Corsano et Paul Flaherty. Un jour, j’ai organisé une session radio avec Joachim Badenhorst, Niels Van Heertum et Steve Swell. À la fin, Niels me demande : « Depuis quand fais-tu ton émission radio ? » « Depuis 1989 ! » « Noon !? Je n’étais même pas né » (rires)
- K. V. : Il y a quand même une part de vérité dans ce que soulève ta question…
« A sanctuary » : un sens de l'accueil légendaire
- On vient de parler longuement de votre rôle le long d’une ligne du temps mais il y a aussi votre rôle dans l’espace, dans la géographie, entre ici et « là-bas », entre Anvers et le reste du monde. Quand on parcourt Oorstof – Food For Thought, le livre de photos de Hans Van der Linden et de témoignages de musiciens que vous avez édité, il est frappant de lire l’affirmation de tous ces musiciens américains ou scandinaves qui disent avoir chez vous une maison, un « chez eux », « a sanctuary »… Et vous vous arrangez aussi pour que ces musiciens étrangers rencontrent les musiciens d’ici. Vous contribuez donc à créer un réseau international.
- K. V. : On en a déjà un peu parlé dans
la première partie de l’interview : certains musiciens sont très sensibles
à cet aspect de rencontres et sautent à pieds joints sur ces opportunités.
Quand on organise un concert, on finit la soirée ici, chez nous – et on y prend
le petit déjeuner le lendemain matin. Et certains des musiciens locaux nous
accompagnent. On boit un verre ou prend le café puis ils se racontent des
anecdotes, des histoires et des pensées s’échangent autour de la table… Joachim
Badenhorst est toujours le premier à en être. Eric Heestermans et Gino Coomans
aussi.
- C. K. : Pour les musiciens locaux qui nous accompagnent, il en découle souvent quelque chose. Ils apprennent à connaître les musiciens étrangers en tournée. On apprend à connaître un musicien après son concert de manière très différente de celle dont on le rencontre avant sa prestation. Avant le concert, tout le monde est plus dans sa bulle, dans son soundcheck, dans le fait de vite manger un bout avant de jouer, etc. Après le concert, on est plus dans le partage, c’est une autre ambiance. Et pour les musiciens venus d’ailleurs, ça les aide à se sentir bienvenus, bien accueillis. Les tournées sont souvent longues et les jeunes musiciens ont souvent pas mal de days off, de dates sans concerts. On les a souvent accueillis à la maison « Venez chez nous, vous pouvez y rester et vous n’aurez pas de frais d’hôtel ». On a souvent eu des musiciens qui restaient quatre, cinq, six jours ici. Demain, il y a le violoniste Adam Cadell qui arrive pour participer à une audition à La Monnaie à Bruxelles. Il va rester quelques jours chez nous avant, pour répéter. Puis, après son audition, il va encore rester deux jours et on va surement faire des enregistrements dans mon studio. J’ai récemment acheté du matériel de prise de son pour enregistrer de plus en plus, à la fois nos concerts et des sessions ici, de musiciens en résidences. C’est aussi lié à notre label Dropa Disc que nous avons lancé en 2016.
Le nerf de la guerre
- Il y a la question importante de l’argent et des subventions. Je ne me souviens plus de la date précise mais il y a quelque temps, vous aviez appris que vous alliez devoir faire une croix sur une partie importante de l’argent que vous receviez jusque-là…
- K.V. : On a s’est mis à organiser des concerts de manière vraiment intensive en 2014. En août de cette année, on a organisé le premier festival Summer Bummer (avec entre autre Earth, Stephen O’Malley et Steve Noble à l’affiche) avec 4.000 euros de subsides.
- C. K. : C’était très simple : si on n’atteignait pas 300 entrées payantes, on aurait eu à puiser dans nos réserves personnelles pour combler le trou financier. Et on a attiré… juste 300 personnes ! Je me souviens qu’à un moment les bénévoles qui tenaient la caisse m’ont appelé : « Il y a 300 personnes ! ». On a exulté. On rentrait dans nos frais.
- K. V. : Mais à ce moment-là, on avait déjà fait un dossier auprès de la Communauté flamande pour notre série de concerts « Oorstof ».
- C. K. : Et en 2015 on a eu les subventions de la Communauté flamande.
- K. V. : Ce n’était pas un montant faramineux mais cela nous permettait de travailler, d’organiser des choses. Le livre Oorstof – Food For Thought que tu évoquais toute à l’heure a été conçu comme une réflexion, un regard sur cette année : qu’est-ce qu’on peut proposer au cours d’une année ? Dans notre dossier, on proposait d’organiser douze concerts… Et on en a réellement organisé le double : vingt-cinq concerts ! Plus le festival, des enregistrements, le livre… Et l’année suivante on a redemandé des subsides…
- C. K. : Mais, entretemps, il y avait en Flandre un nouveau « Kunstendecreet » (décret des Arts) qui organisait la procédure de demande de subsides, tant structurels qu’au projet. On a rentré un dossier des deux côtés, on n’a eu aucun avis négatif… mais on n’a pas reçu les subsides non plus, ni d’un côté, ni de l’autre. On n’en menait pas large, alors. On ne recevait plus d’argent de ce côté-là.
- K. V. : Mais, via la ville [d’Anvers], on peut recevoir des subsides au projet pendant plusieurs années de suite, dans l’idée de préparer les bénéficiaires à passer ensuite à une subvention de la Communauté flamande. On a reçu une aide sur trois ans (de 2016 à 2018) de la part de la ville. Une subvention qui arrive donc à son terme à la fin de cette année-ci. Et comme c’est une année d’élections communales, on ne peut pour le moment rien demander pour l’année qui vient ou les années prochaines. On se retrouve de nouveau dans une zone de flou. À un moment, on a essayé de travailler sans subsides mais ça ne fonctionnait pas.
- C. K. : ça ne fonctionne vraiment pas. Sans subsides, on doit dire aux musiciens qu’ils jouent « aux entrées ».
- K. V. : Et ça change l’angle d’approche, ça nous oblige à travailler autrement. Alors qu’on ne veut pas organiser des concerts n’importe où ou dans n’importe quelles conditions.
- C. K. : On veut élargir le public de ces musiques. On tient à faire jouer ces musiciens dans de bonnes conditions, dans des salles reconnues, avec un bon encadrement. C’est notre point de départ. À partir de ce postulat, on se retrouve quand même presque au début de chaque année à se dire « On n’a pas d’argent » puis, à chaque fois, on cherche et on trouve une solution !
- K. V. : Cette année, on a reçu un subside décent pour notre festival Summer Bummer.
- C. K. : Et on a reçu des subventions à part pour (From) Bach To The Future, notre proposition dans le cadre de l’année baroque 2018 à Anvers.
- K. V. : Mais c’est beaucoup de paperasse : à chaque fois, cela implique bien sûr un dossier à rédiger.
- C. K. : Il y a des années où on passe tant de temps à rédiger des dossiers de subventions, qu’on n’a presque plus le temps et l’énergie pour organiser des événements. Parfois, cela nous tape un peu sur le système !
- K. V. : mais, on a changé notre manière de procéder. Au moins pour les festivals. Dans le temps, on programmait déjà alors qu’on rédigeait encore le dossier. Du coup, la programmation réelle correspondait à 90% aux noms cités dans le dossier. Pour le rapport d’activités à rendre ensuite, je pouvais presque faire un copié-collé du dossier introduit. Mais, comme depuis lors on a eu l’une ou l’autre fois la mauvaise surprise de ne pas recevoir d’argent, on ne procède plus ainsi. Ces derniers temps, on rentre un dossier et on ne contacte les artistes que plus tard, une fois qu’on est sûrs d’avoir l’argent. C’est plus compliqué mais sinon on prend le risque d’y perdre à chaque fois notre culotte.
- C. K. : Mais, ce qui est fou c’est que pour (From) Bach To The Future, on a fait le dossier sans contacter les artistes et qu’in fine, quand on les a approchés, ils ont tous dit oui ! Et aux dates qu’on leur proposait !
À venir
- Vous pouvez parler un peu de votre programmation pour les mois à venir ?
- C. K. : Par rapport à cette programmation pour l’année baroque, notre public est un peu surpris. De notre côté, nous voyons la continuité avec ce que nous avons fait jusqu’ici mais si c’est abordé cette fois sous un angle légèrement différent. Mais certains habitués de nos concerts nous demandent, un peu inquiets : « Vous allez quand même continuer à organiser un concert jazz de temps en temps, non ? » [rires] Donc, à partir du 1er juin 2018, Anvers organise une année baroque et on a saisi cette occasion pour organiser des concerts – autour des musiques contemporaines – qu’on avait toujours voulu programmer mais pour lesquels on n’avait jamais eu les moyens financiers jusqu’ici.
- K. V. : Généralement, on ne programme pas selon une approche thématique mais, dans ce cas-ci, en faisant un peu de recherches on a trouvé vraiment pas mal de liens – pas du tout forcés – entre musiques contemporaines et musiques baroques. Et quand on a proposé le projet aux musiciens, ils nous ont tous répondu « Incroyable ! Waow, au musée Vleeshuis [ancienne maison de la guilde des bouchers construite à Anvers au XVIe siècle] ?! Je viens ! »
- C. K. : Et depuis qu’on a annoncé cette série de concerts, il y a encore d’autres musiciens qui nous contactent pour nous dire qu’eux aussi ont travaillé en lien avec la musique baroque !
- Et le
Summer Bummer ?
- K. V. : On a mis sur pied un festival d’été parce qu’en Belgique on est submergé pendant l’été par des dizaines – voire des centaines – de festivals de musique mais parmi lesquels il a très peu – quasi rien – qui étonne, qui propose quelque chose de différent. Combler ce vide était une bonne motivation pour agir. La première édition était à la mi-août 2014, une journée à la météo très orageuse… Et, malgré la tempête, à 17 heures il y avait trois cent personnes dans la salle ! On a sauté une année en 2015 puis on a repris l’idée sur une base annuelle dès 2016. Dans le passé, on a remarqué que lorsqu’on proposait une série de concerts (Oorstof) très dense et très riche, les gens n’arrivaient pas à suivre le rythme proposé, décrochaient… Dès lors, on a essayé de proposer un peu moins pendant l’année mais avec le festival en bonus pendant l’été.
- C. K. : Si nos subsides se maintiennent au montant actuel ou si on devait travailler sans subventions, il nous semble qu’il existe deux scénarios possibles. Le premier : organiser moins et sans doute programmer un peu plus des « grands noms » qui attirent un peu plus de public… mais, alors, on donne moins de chances de jouer aux jeunes musiciens anversois qui débutent. Le second, très différent : trouver un endroit à nous, pas nécessairement plus grand qu’un salon, où on peut organiser très régulièrement – à la limite presque tous les jours – des petits concerts intimistes pour 40-50 personnes. On pourrait alors développer une sorte de scène locale tout en maintenant des liens avec des musiciens étrangers qui auraient un day off en leur disant : « La salle est à vous, vous prenez la recette des entrées et nous vous enregistrons avec du bon matériel de prise de son. On joue avec ces deux scénarios dans nos têtes pour le moment. Mais, si on se met à chercher un petit lieu pour ce second modus operandi, on est convaincus que celui-ci doit répondre aux mêmes exigences (d’acoustique, etc.) que les lieux où nous avons programmé jusqu’ici.
- K. V. : Comme tu es venu nous interviewer dans le cadre d’un portrait artistique et culturel de la ville d’Anvers, je voudrais quand même dire que le soutien de la ville d’Anvers est loin d’être mauvais. Depuis 2016 nous avons bénéficié de leur aide trois années de suite. Ce n’est pas astronomique mais cela nous permet tout à fait de travailler. Je trouve que cela doit être dit.
- C. K. : À chaque fois qu’on a contacté la province, ils nous ont aussi aidé. Ce qui est un peu fou, c’est que le seul relais qui ne fonctionne pas… c’est quand notre dossier doit être jugé par des gens… de notre discipline, du milieu artistique et culturel !
- K. V. : C’est bizarre quand même !Dès qu’on est évalués par des fonctionnaires ; on reçoit l’argent ; dès qu’on est évalués par des collègues de notre propre champ d’action… on ne reçoit pas d’argent ! — Christel Kumpen
- C.K. : J’ai fini par demander à une série de gens qui siégeaient dans notre jury si notre dossier était mauvais et ils nous ont juste dit qu’ils ne nous connaissaient pas, qu’ils ne situaient pas les musiques qu’on programme et que dès lors, ils ne voulaient pas s’engager. Alors que dans le décret de la Communauté flamande il est écrit noir sur blanc que la singularité (uniciteit) est un critère important, on est récusés parce qu’on est tellement singuliers, uniques que les gens du milieu culturel ne veulent pas nous soutenir parce qu’ils ne nous connaissent pas. C’est contradictoire.
- K.V. : Les subsides, ce n’est pas notre raison d’être. On n’existe pas pour demander des subventions ! S’il y avait moyen de s’en passer, de ne pas devoir faire tous ces dossiers… Mais on a l’impression qu’avec le peu qu’on demande – ce ne sont pas des millions d’euros – on représente quelque chose d’important pour les jeunes musiciens, qu’on leur donne beaucoup d’opportunités. Mais, quoi qu’il en soit, avec ou sans argent public, on continuera à organiser des concerts.
Enregistrements, archives et label
- Pouvez-vous me parler de votre politique d’enregistrements ? Et de votre label Dropa Disc ?
- K.V. : Jusqu’ici Michel Huon enregistrait les
concerts. Et on a fondé le label parce que certaines de ces captations live
étaient phénoménales, en termes de musique et d’intensité… et aussi très bien
enregistrées ! L’idée des disques venait de ce qui se passait au moment du
concert de de son enregistrement. Sur Dropa Disc, ce sont toujours des
enregistrements de nos concerts. Dans le futur, on prévoit un triple disque de
Fred van Hove : en solo, entre autre son concert à l’orgue à Bozar, son
trio avec Hamid Drake et Evan Parker à De Singel lors du festival pour les 80
ans de Fred. Aussi un concert fou de Dave Rempis, Nate
Wooley, Chris Corsano et Pascal Niggenkemper, sous le nom de From Wolves To Whales,
enregistré à la salle Het Bos devrait voir le jour.
- C.K. : On a toute une collection de bons enregistrements de nos concerts qui ne peuvent pas tous sortir sur disques et on est en train de se demander si ça aurait du sens de les publier de manière numérique sur Internet.
- K.V. : On reçoit aussi beaucoup de demandes de musiciens (Jim Sauter, Kid Millions, Tashi Dorji, etc.) qui voudraient sortir un disque chez nous. Mais on veut d’abord sortir les disques prévus de Fred van Hove.
- C. K : Mais on est très prudents. On ne veut pas spécialement gagner de l’argent avec le label mais on ne peut absolument pas en perdre ! on a mis un capital de départ dans le label sur fonds propres. Cette somme reste dans le circuit du label, nous ne voulons pas le récupérer… mais, à partir de là, les ventes d’un disque doivent couvrir les frais du suivant. Dès lors, on est très sélectifs – et prudents – au niveau de nos sorties.
Smells Like Team Spirit
- Une dernière question… j’imagine que vous ne pouvez pas tout faire juste à deux, tout au long de la chaine d’organisation de vos évènements, que vous êtes aussi entourés d’amis et de complices qui vous aident…
- C. K. : Oui, il y en a beaucoup. On n’organise en effet pas une telle série de concerts, sur le long terme, juste à deux. Et encore moins les festivals dont on vient de parler. Au niveau de la programmation, des choix artistiques, c’est nous deux, même si de temps en temps Stan Verbeken ou Joachim Ceulemans nous conseillent un nom, nous poussent à écouter un musicien ou une musicienne qu’on ne connait pas.
- K. V. : Mais pour la première édition du Summer Bummer, on n’était que six ou sept : Christel, moi, Stan Verbeken, Luther Van Hoof, Katrijn Sermeus , Benny Bang et Gino Coomans. Même pas dix personnes pour organiser tout ce bazar !
- C. K. : Aujourd’hui, on tourne autour d’une quinzaine de bénévoles. Plusieurs fois par an, on invite toute l’équipe ici à la maison pour une fête. Tous les bénévoles ne sont pas passionnés de musique, ou par cette musique : il y en a qui nous aident par amitié ou juste pour donner un coup de main. Si chacun était fan de cette musique, tout le monde voudrait aller voir les concerts au premier rang… et il n’y aurait plus personne à la caisse, au bar ou en cuisine ! [rires] Mais on est entourés par une très chouette équipe !
- K. V. : J’aimerais encore trouver une poignée de jeunes gens intéressés par la prise de son pour me décharger de cet aspect-là. Quand on est si peu nombreux pour tout organiser, on ne peut pas vraiment à la fois tout coordonner et enregistrer.
- C. K. : On a aussi une équipe de techniciens très motivés et très « pro » pour le son. On est bien entourés, par une équipe dévouée et fidèle. Ça permet aussi de tenir dans la durée : si une année on ne reçoit pas de subsides, on est soutenus par une équipe qui nous aide à passer à travers cette épisode de turbulences et à encaisser ce mauvais coup.interview et retranscription : Philippe Delvosalle
photo du bandeau : Aisha Orazbayeva par Hugo Glendinning
photos du carrousel en milieu d'article : Hans van der Linden - Oorstof - Food For Thought
Concerts futurs
Dimanche 23 septembre 2018
Museum Vleeshuis - Anvers
(From) Bach To The Future : Raphael Rogiński
Dimanche 30 septembre 2018
Museum Vleeshuis - Anvers
(From) Bach To The Future : Mary Jane Leach
Samedi 6 octobre 2018
Museum Vleeshuis - Anvers
(From) Bach To The Future : Aisha Orazbayeva et Tim Etchells
plus tard dans l'automne, Sound in Motion fera entre autre jouer le nouveau groupe de Ken Vandermark (De Studio, Anvers - 09.10.18), The Thing (Het Bos, Anvers - 20.10.18), Islaja (AB Salon, Bruxelles - 21.10.18) et Charalambides (AB Salon, Bruxelles - 28.10.18)