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TB2 - La danse qui a ouvert le bal

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Au sortir de ces temps sombres, on dirait que c’est avec la danse contemporaine que Bruxelles reprend vie. La programmation est multiple, un peu partout dans la métropole, et c’est avec le mini festival TB2 (comprenez Tanneurs-Brigittines au Carré) que le sacre de l’été a commencé. N’ayant pu voir le jour la saison dernière, TB2 fait sa première avec une programmation riche de découvertes, de reprises, de surprises. Des soirées composées de deux spectacles qui se suivent, conjuguant des noms tels que Pierre Droulers, Julien Carlier, le collectif La Gang, Olivier de Sagazan ou encore Demestri & Lefeuvre. Focus.

Sommaire

Fracture numérique

Florence Demestri et Samuel Lefeuvre offrent des œuvres d’exploration qui révèlent des danses de l’étrange où se libèrent des instants inconnus. Dans cette recherche ascétique, ils abordent la question de la représentation scénique d’images issues d’anomalies numériques. Avec « Glitch », référence à l’art éponyme né sur le web au début des années 2000, le duo joue avec notre perception, créant une esthétique de l’accident visuel par répétitions excessives, fragmentations des mouvements, jeux de lumières croisées.

Dans la prestation bluffante des deux danseurs, la réalité est tronquée de bout en bout, multipliant les saccades, les « dé-synchronismes » et les prismes, jusqu’à la lisière d’une vision en 3D. Pourtant, malgré l’accumulation de ces images virtuelles perturbantes, les personnages semblent chercher inlassablement le raccord, le moment de partage. Même si cette course effrénée contre la dysfonction semble perdue d’avance, l’humanité reste dans ce qu’elle a de plus essentiel : son besoin de connexion à l’autre. « Glitch », métaphorique, est une exploration sensorielle à vivre, surprenante et envoutante.

Au-delà de la codification

Avec Dress Code, Julien Carlier dévoile l’envers du décor. Sous les néons blancs, sur le plastique noir d’une salle d’entrainement austère, chaque danseur se présente dans un break personnel, intimiste. Certains défient le public, d’une oeillade, d’un mouvement. D’autres laissent surgir, d’un geste cassé, un sentiment. Le dernier se livre, la paume de la main tendue. Les personnalités et les ondulations sont différentes mais les codes sont les mêmes. Le groupe prend forme…

Comme un témoin invisible, nous assistons à la mise en pratique d’un art sensible et exigeant, douloureux pour le corps, discipliné et chaotique à la fois. Dans l’abnégation de la discipline, le spectacle décrit les peines physiques, la rigueur, la violence des confrontations, la solidarité du groupe et ses règles hermétiques. La chorégraphie de Julien Carlier va bien au-delà du ballet simplement virtuose que provoquent en général les break-dancers. Il narre, décrit, fait ressentir une dramaturgie insoupçonnée pour une écriture contemporaine loin des clichés poussiéreux.

Sans utiliser l’expression de Bruxelles en fête, le bal continue avec l’excellent et rafraichissant Summertime de Thierry Smits en ce moment au Varia, Les Arrière-Mondes, la nouvelle création de Nicole Mossoux et Patrick Bonté aux Tanneurs, et bientôt la 11ème édition du Festival Trouble, un festival de performances qui lui aussi fait la part belle à la danse contemporaine. C’est le moment de se bouger !

Jean-Jacques Goffinon

Summertime : https://varia.be/summertime/
Les Arrière-Mondes : https://www.lestanneurs.be/saison/spectacle/les-arriere-mondes
Festival Trouble : https://www.thor.be/fr/festivals/trouble-11/

Crédit photo : Julien Carlier

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