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Teenage Menopause Records : Paris-Bruxelles et au-delà !

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post-punk, France, Bruxelles, Paris, pop, garage rock, Teenage Menopause (label), Vynile, Bordeaux, Synth-punkPlus

publié le par Yannick Hustache

La petite structure inter-capitales fête ses 10 ans ce 17/02 au BRASS de Bruxelles ! Ok c’est à l’ère frustrante et désespérément longue du COVID19, mais ce n’est absolument pas une raison pour ne pas faire le tour du propriétaire en quelques questions…

Sommaire

Putain, 10 ans !

Fondé vers les 2011 au sein de la capitale française et rattaché immédiatement à la galaxie garage rock alors en plein Big Bang - avec quelques extensions du côté de la nébuleuse post-punk voisine - et placé dans la longue traîne des labels déjà vétérans Goner, Sacred Bones (pour la charte graphique soignée)In The Red ou des grands frères nationaux de chezBorn Bad, Teenage Menopause Records a su se créer une identité forte que ses signatures variées et sans attache musicale exclusive, mais se signalant à par des visuels détonnant et fédérateurs, qui brodent petit à petit l’étoffe de sa petite légende.

Le bruit des coulisses secrète du rock renvoie que le dénommé Froos (l'alias pas si secret du dénommé François Aptel) et l’artiste bruxellois susnommé, tous deux boulimiques de musiques, de bouquins et férus de graphisme ont eu un coup de foudre platonique l’un pour l’autre au comptoir de Born Bad . Et que l’idée de monter un label a germé lors d’un concert mouvementé et arrosé de Catholic Spray à Pigalle et qui sera leur première signature !

À bien y songer, de manière quasi inconsciente, on a suivi les sorties du label dans presque quasi toutes leurs directions, et vu une bonne partie de l’écurie T.MR sur scène. Que ce soient les régionaux de l’étape (Mountain Bike, Le Prince Harry…), la filière garage et synth-punk canal historique (J.C. Satàn, Catholic Spray, Scorpion Violente…), ou encore parce que le label sort les disques de deux artistes coup de cœur depuis un bon moment déjà, et qui ne s’aventurent jamais très loin de ma platine (Jessica93 et Xiu Xiu). Et on en oublie un paquet…

Depuis TMR a encore élargi le champ musical défriché en s’ouvrant aux spectacles vivants des multi-instrumentistes Viamal Pons et Tsirihaka Harrivel.

Mais pour les 10 ans célébrés au BRASS ce jeudi 17 avec Delacave, Lispector (voir article lié) et Dj LovePills, on a tenté de tirer un bilan de dix années bien remplies d’activités directement avec le taulier François Aptel, le « boss » de Teenage Menopause, au four, au moulin et à la distribution de farine, de son beau bébé de 10 ans, qu’il gère quasi en solo lors « de ses moments libres ». On voulait le faire le tour du propriétaire en 3 questions (et plus), mais on n’a pas pu se contenter si peu… Tant mieux !

Questions pour "un patron"

il y’aurait de quoi faire animer pas mal de veillée au coin du feu ! A la création du label, nous ne connaissions rien et nous avons évité quelques erreurs de jeunesse à ne pas commettre. Cela nous a permis de partir sur de bonnes bases et de profiter d’un engouement croissant pour les vinyles, et les musiques décloisonnées. La suite, c’est une succession de coup de cœur, pour la plupart plutôt partagés, certains … un peu moins, haha. — François Aptel

-PointCulture : question qui tombe sous le sens : quel bilan tirer de ces dix années d’existence de Teenage Menopause? Pensiez-vous que l’aventure durerait plus d’une décennie en lançant le label ? Avec le recul, y’aurait-il des choses/choix/décisions que vous regrettez d’avoir posés. Et à l’inverse d’autres choses/choix/décisions que vous n’avez finalement pas osé prendre et que vous regrettez un peu aujourd’hui ? Si vous deviez l’histoire de TMR en quelques étapes cruciales, quelles seraient-elles ?

François Aptel : Ils sont passés si vite ces 10 ans ! Puisque nous avons monté ce label un peu sur un coup de tête, et que nous l’avons développé en plus de nos métiers respectifs, disons que les années ont filé vite. Les rencontres, les surprises, les concerts à répétition, les fêtes mémorables : il y’aurait de quoi faire animer pas mal de veillée au coin du feu ! A la création du label, nous ne connaissions rien et nous avons évité quelques erreurs de jeunesse à ne pas commettre. Cela nous a permis de partir sur de bonnes bases et de profiter d’un engouement croissant pour les vinyles, et les musiques décloisonnées. La suite, c’est une succession de coup de cœur, pour la plupart plutôt partagés, certains … un peu moins, haha.

Mais le parcours de TMR est indissociable de celui de certains artistes avec lesquels nous avons partagés les trajectoires. Les rencontres avec Geoff, Jessica93,ou Luca, Ventre de Biche, sont cruciales car elles ont amorcé des relations au long court, comme aller des squats aux gros festivals. De même les associations avec les artistes circassiens multi-instrumentistes Viamal Pons et sirihaka Harrivel nous ont ouvert le champ des possibles vers les spectacles vivants, qui n’étaient pas du tout dans nos volontés premières. Il y’a eu ces moments de vide, puis la rencontre qui relance des projets et remet en selle pour quelques mois et le projet qui remotive pour continuer !


- La légende veut que la naissance du label trouve son origine dans une amitié franco-belge (toi et Elzo Durt), scellée depuis un concert de groupes de la structure Born Bad, que je qualifierais de label « grand frère ». Qu’en est-il en réalité et le fait de gérer un label de manière bicéphale sur deux pays/capitales pose-t-il vraiment davantage de problèmes ? Comment faites-vous en cas d’avis divergents ? A moins que chacun ne travaille strictement dans sa zone de compétence propre et que ça limite de fait les éventuelles frictions ?

-Héhé, alors s’il y’a des légendes, nous avons réussi notre coup ! On peut arrêter !

Effectivement, nous avons décidé, en 10 minutes, lors d’un concert, entre le bar et la fosse, de signer un groupe assez dingue à l’époque : Catholic Spray. Ce serait notre premier disque, et ils en feront un second chez Born Bad, deux ans plus tard.

Sinon nous avons mené TMR à deux pendant cinq ans, Cinq ans d’une conversation filée quotidiennement, nous faisant partager toutes nos écoutes et nos envies, nos visions et nos réflexions. C’est super de faire cela entre deux capitales bouillonnantes à l’époque, faisant un pont entre les villes. Nous faisons passer les groupes d’une scène à une autre, créant des liens entre Bruxelles, Bordeaux, Paris, le Grand Est de la France. Ca a été une super époque.

Puis après quelques temps, le label se pérennisant, Elzo s’en est un peu détaché, pour se concentrer sur l’illustration, mais j’ai voulu continuer. J’aimerais bien souffler et ralentir, mais je reçois beaucoup trop de superbes démos et de fantastiques projets à développer avec les auteurs. L’actualité qui s’annonce en témoigne : la période est foisonnante de nouveauté, et quelle qualité dans les démarches ! Même si je gère quasiment tout en solo, Elzo est toujours là, en ami, en éminence grise et je sollicite souvent ses avis et ses ressentis sur des projets et des directions. Il fournit aussi quelques visuels pour les événements marquants de la vie du label. C’est plus souple et tout aussi réjouissant !

Et puis, les années passant, je peux aussi compter sur des ami.es volontaires et dédiés qui m’aident au quotidien pour les taches les plus reloues : logistique, admin etc, etc. Je ne les remercieraient jamais assez d’ailleurs, car sans elles et eux, pas de Teenage Menopause !

-Même si on trouve quelques grandes lignes de force au sein de votre catalogue (au débotté : du post-punk/synth-punk/(post)garage/psyché/noise …), on a plus l’impression que vous procédez par coups de cœur, quand ça « colle » avec des personnalités que vous rencontrez, plutôt qu’en termes de choix stratégiques et conjoncturels (faire du garage, du post-punk quand c’est tendance etc.)


-Effectivement, dès le départ du label, il était clair qu’on l’on n’envisageait pas de quitter nos métiers respectifs. Alors, bien entendu, il occupe une bonne partie de notre temps libre, mais ce montage nous permet de n’avoir jamais eu à faire des choix dictés par notre propre survie.

Nous avons une économie vraiment fragile, alors nous limitons les charges pour accompagner au mieux les artistes dont nous défendons le boulot.

Tout cela nous permet alors de ne faire que des choix au coup-de-cœur, avec des gens pour lesquels nous avons aussi un coup-de-cœur. Ce label, je l’espère est un espace d’expression pour les artistes. Il n’aurait pas du tout la même couleur si nos décisions étaient dictées par un quelconque besoin mercantile.

Effectivement, dès le départ du label, il était clair qu’on l’on n’envisageait pas de quitter nos métiers respectifs. Alors, bien entendu, il occupe une bonne partie de notre temps libre, mais ce montage nous permet de n’avoir jamais eu à faire des choix dictés par notre propre survie. — François Aptel

- Vous apportez un soin que je qualifierais d’exceptionnel aux visuels/artworks/pochettes attachés aux productions et évènements du label. Sachant que c’est le boulot au quotidien de l’une des deux têtes agissantes du label (Elzo), et bien qu’il ne réalise aucun des visuels TMR, comment ça se passe côté visuels ? Cette attention portée aux beaux objets est aussi l’une de vos marques de fabrique à où d’autres ne raisonnent plus qu’en termes de streaming et de visibilité sur les réseaux sociaux ?

-Et bien, nous sommes ravis que notre démarche fasse mouche ! Quand nous nous sommes rencontrés avec Elzo, au comptoir du disquaire Born Bad à Paris, nous avons immédiatement partagé une passion commune pour l’urgence punk. Bien entendu celle-ci ce manifeste dans les musiques que nous défendons, mais aussi dans les visuels qui peuplent nos identités.

Quand l’idée du label est venue, inspirés par ces labels qui ont fait notre parcours musical, nous voulions utiliser ce médium pour présenter et diffuser de la musique mais aussi des illustrateurs peu dévoilés, peu représentés, des coups de poing. Bien sûr, Elzo était déjà bien identifié dans le milieu car il avait la galerie Plein Tub’ à Recyclart et bossait avec une palanquée d’illustrateurs, faisant aussi masse d’illustrations pour les soirées bruxelloises. L’idée est donc de mettre en relation des musiciens, avec des illustrateurs et de faire se correspondre et télescoper des univers et les moyens d’expression.

Certains groupes arrivent avec un projet complet, proposant leur propre univers graphique ( c’est le cas de Delacave dont Lili fait elle-même les superbes dessins, ou bien Ventre de Bichedont nous avions même édité un livret des dessins de Luca). D’autres s’en remettent à nos propositions et l’émulation se fait. Je pense par exemple àCockpit mis en couleur (peinture, dessin, sculpture foutraque en perle Lama) par Silio Durt ou plus récemment : Rio avec la fantastique peinture de notre amie Marie Pierre Brunel (sortie le 25 mars).

- À quand un prochain Jessica93 (dont je suis un fan absolu) ? Et en quel occasion avez-vous pu sortir le Forget de Xiu Xiu (autre marotte de votre serviteur) ?

-Héhé ! Mais figure-toi que nous sommes sur neuf nouveaux disques. Donc tu pourras en avoir pour ton attente ! Il faudrait demander à Geoff où en sont ses projets pour Jessica93. Pour les 10 ans du label, il a joué son manifeste : Seul Contre Tous, la cassette sur laquelle nous nous sommes rencontrés. Tracé d’un coup net, avec son ami batteur, Liam, ils ont joué les 45 minutes de ces 5 morceaux. C’était intense !

Pour la suite. Hé bien, nous élargissons encore un peu le spectre, en allant défricher aux confins des musiques marginales, comme ce que nous avons entamé avec Xiu Xiu, et leur pop-expérimentale télescopée des carillons de Charlemagne Palestine (et pour satisfaire ta curiosité : ils nous avaient été présenté par leur tourneur et, autant musicalement que politiquement, nous nous sommes trouvés beaucoup de points communs). De même que pour la musique des spectacles de Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel qui jouent en ce moment même leurs nouvelles créations à Paris, avant de parcourir la province. Ces ponts pluridisciplinaires et les touche-à-tout talentueux, voilà ce que nous avons envie de mettre en lumière et qui, finalement, crée un instantané des musiques « cheulax » de notre époque.


Texte : Yannick Hustache

Photos : François Aptel

https://teenagemenopause.bandcamp.com/

Agenda

10 ans du label Teenage Menopause
Lispector – Delacave – Nze Nze

Jeudi 17 février 2022 – 20h

Le Brass
364 Avenue Van Volxem
1190 Forest

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