La Tour cybernétique de Nicolas Schöffer
Haute de 52
mètres, c’est une structure métallique complexe comportant des éléments mobiles
qui entrent en activité selon des critères multiples : le son, le vent, la
lumière, la pression atmosphérique, etc. Un cerveau électronique installé dans
le Palais des Congrès voisin étudie les données fournies par une série de
capteurs et déclenche dans la tour des effets sonores, lumineux et cinétiques.
Construite en 1961, son existence avait été abrégée par manque d’entretien et
elle avait été désactivée en 1970. Elle avait toutefois été classée au
patrimoine exceptionnel de la Région wallonne et sa restauration a été entamée
en 2002.
L’interactivité est au cœur du concept de spatiodynamisme développé par Nicolas Schöffer et les modifications et améliorations apportées à sa tour vont dans ce sens. Ce ne sont pas seulement le système de commande, le système électrique et les éclairages (aujourd’hui remplacées par des LED) qui ont été mis aux normes contemporaines. D’autres formes d’interaction avec la sculpture ont été rendues possibles et il possible aujourd’hui de commander ses différentes variables (couleur, musique et mouvement) par l’intermédiaire de Twitter ou au moyen d’une application permettant de réaliser un programme complet d’animation.
Si le fonctionnement prévu par son créateur se basait sur les éléments naturels et une certaine dose d’aléatoire, ces nouveaux processus ajoutent aux critères conversationnels de départ une série de connections (presque) directes avec le spectateur. C’est un prolongement moderne, contemporain des recherches de Nicolas Schöffer qui voulait établir, à travers son art cybernétique, un dialogue entre l'œuvre et son public et non seulement entre l’œuvre et de son environnement. Il représente une génération d’artistes et de penseurs qui avait foi dans les bienfaits de la science et de la technologie. Pour lui, le sculpteur devait utiliser les techniques de son temps et si comme il le disait « chaque époque crée ses propres ciseaux », cette inclusion des réseaux informatiques dans l’œuvre restaurée l’inscrit bien aujourd’hui dans l’esprit de son temps.
Benoit Deuxant
Tour cybernétique de Liège
Parc de la Boverie
4020 Liège
Jusqu'au 20 mai 2018, le musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille Métropole présente une rétrospective consacrée à l’œuvre de Nicolas Schöffer.
Cet article fait partie du dossier Liège.
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