Trois questions à Iris Noir Bruxelles. Les fleurs du polar !
Sommaire
- PointCulture : Comment se porte le roman noir aujourd’hui au sein du monde de l’édition ? Quelles sont ses grandes tendances actuelles et quelles distinctions faites-vous entre roman noir, thriller et roman policier, souvent confondus dans les médias et le grand public. Existe-t-il un roman noir « belge » spécifique avec ses traits particuliers, ou est-il plutôt à rattacher à une école régionale bien identifiée (française, anglo-saxonne, scandinave, etc.) ?
- Salvatore (d’Iris Noir) : Le roman noir se porte bien et l'engouement pour les salons littéraires est bien là. Nous avons également constaté que les polars/thrillers prennent une part de plus en plus importante dans les rayons des librairies. La tendance est clairement aux auteurs scandinaves, vague lancée par Millenium. Jusqu’alors, le thriller venait plutôt des pays anglo-saxons. Aujourd’hui, nous pouvons compter sur les auteurs francophones dont les intrigues n’ont rien à envier aux Anglo-Saxons. Nos auteurs belges attirent d’ailleurs de plus en plus le monde du cinéma.
Prenons l’exemple de Barbara Abel dont le roman a été adapté au cinéma. Nous avons d’ailleurs entendu que des studios américains s’intéressent de plus en plus à ses écrits !
Les auteurs ont de plus en plus tendance à localiser l’histoire dans leur région et c’est très bien ! L’intrigue ne se passe plus exclusivement à Paris ou New York. Cela peut être à Bruxelles, à Berck, en France ou encore à Gryon, en Suisse, par exemple.
On ne peut pas vraiment parler d’un style belge, même si les auteurs revendiquent sans doute davantage leur belgitude, mais nous ne pensons pas qu’il y ait un style belge en tant que tel.
Pour répondre à votre question concernant les différentes formes de littérature noire, le polar tourne principalement autour d’une enquête policière, le thriller est plus centré sur l’aspect psychologique des personnages, plutôt une enquête personnelle. On démarre d’une situation, d’un moment où la vie du personnage bascule.
Le roman noir, pour sa part, se concentre davantage sur un fait de société qu’on pointe du doigt pour attirer l’attention des lecteurs ; "Inexorable" de Claire Favan en est un excellent exemple. — Salvatore d'Iris Noir Bruxelles
- Votre évènement a pour emblème un iris noir et revendique un profil bien « bruxellois ». Je me souviens que Bruxelles était un des lieux d’action privilégiés des livres de Pascale Fonteneau, mais aussi qu’il sert de « décor», de toile de fond de plus en plus prisée pour le cinéma (cf. le film « La Mécanique de l’Ombre »). Avec ses caractéristiques propres – multiculturelle, siège des institutions européennes et internationales, architecturalement gâtée et défigurée – Bruxelles a-t-elle généré ou imprégné de façon toute particulière des récits, des auteurs, voire une « école » ?
- Salvatore : Nous pensons notamment à des auteurs comme Clarence Pitz, Yves Laurent et Salvatore Minni qui ont choisi de situer l’intrigue de leurs romans à Bruxelles. Au cinéma, de plus en plus de scènes sont filmées à Bruxelles alors que l’intrigue se déroule dans une autre ville. À aucun moment Bruxelles n’est mentionnée, à quelques exceptions près. Nous le déplorons. Nous avons envie de dire aux producteurs : « Le décor bruxellois – et certainement les coûts de production – vous plaisent ? Dans ce cas, placez l’intrigue à Bruxelles. Elle mérite d’être connue ! »
Pour ce qui est de l’influence de Bruxelles, reprenons l’exemple du nouveau roman de Clarence Pitz, qui prend pour point de départ les fresques pornographiques qui sont apparues sur certaines façades de la capitale. De là à dire qu’une nouvelle école est née… Notre objectif étant de mettre également Bruxelles en avant, nous avons logiquement décidé de choisi l’iris, emblème de Bruxelles, comme effigie de notre association. D’ailleurs, nous insistons sur le fait que notre asbl s’appelle Iris Noir Bruxelles et non Iris Noir, comme certains ont tendance à le dire.
- Il existe déjà depuis plusieurs années une journée/un salon du polar à Bozar intégré au sein de l’organigramme du festival Bifff. Quels sont les particularités et points forts de l’Iris Noir Bruxelles à même d’attirer et de fidéliser un public plus large que celui du « noir » ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’organisation du weekend lui-même ?
- Salvatore : Nous ne nous comparons à aucun autre salon ou festival existant, mais disons que nous voyons notre salon comme un complément à ce qui peut déjà exister. Nous mettons la ville de Bruxelles en avant, nous désirons que les auteurs et visiteurs aillent à la découverte de notre belle ville. Notre association n’organise pas uniquement le Salon de l’Iris Noir Bruxelles, mais également d’autres événements tout au long de l’année : dîners littéraires, lancement de nouveaux romans, remise de prix littéraires, etc. Un moyen de fidéliser le public est de lui donner la possibilité d’adhérer à notre association : ces contributions annuelles nous permettent d’organiser nos événements.
Notre salon aura lieu de 10h à 18h sans interruption. L’événement est entièrement gratuit, car nous tenons à ce que tout le monde ait accès à la culture. 46 auteurs seront présents pour dédicacer leurs livres tout au long de la journée, des tables rondes auront lieu à des heures bien précises, des animations jeunesse (lecture, atelier d’écriture) sont prévues. Nous décernons également deux prix littéraires : le Grand Prix de l’Iris Noir Bruxelles 2019 et le Prix Découverte de l’Iris Noir Bruxelles.
Vendredi 1er et samedi 2 novembre 2019 - de 10h à 18h
Gratuit
Patio des écuries royales
Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique
1, rue Ducale
1000 Bruxelles.
0494 30 31 27
https://www.facebook.com/IrisNoirBxl/