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Un humour qui s'entend

Satire et caricature

publié le par Nathalie Ccoronvaux

Parodie en musique

L’Allegro initial commence à la manière enjouée d’une danse allemande guillerette. Les cordes et les deux cors répètent à l’envie ce qui doit être répété : c’est noté dans la partition. Les premières modulations tombent comme des cheveux dans la soupe et bien vite le travail thématique s’essouffle comme une conversation où l’on ne parlerait que de la météo de la veille. Le Menuetto qui suit revendique un caractère Maestoso qui manque singulièrement de majesté. Les premières « fausses notes » font leur apparition aux cors, elles ne passent pas inaperçues. Les cordes ne sonnent guère mieux. Le premier violon s’accapare le Trio et en profite pour débiter des platitudes de manière prolixe et répétitive. Même tendance dans l’Adagio cantabile dans lequel l’accompagnement est très approximatif. Le schéma harmonique est lui aussi incertain mais modulant : on promène l’auditeur. Au beau milieu de la cantilène survient un changement de caractère : un petit air de danse. A la surprise des auditeurs, le premier violon nous offre une vraie cadence de concerto dans laquelle il s’épanche en lieux communs et en figures virtuoses. Enfin arrive le Presto dont les notes répétées (encore elles) donnent une sensation d’empressement. Un faux fugato apporte sa petite touche technique et savante tandis que des cascades modulantes se poursuivent sans queue ni tête. Les pupitres semblent rivaliser entre eux pour traiter le matériau thématique. Les cors se lâchent venant ponctuer à tort et à travers le courageux travail des cordes. Le tout s’achève en queue de poisson, je ne vous dirai pas lequel.

Vous avez envie d’entendre, malgré ce que vous venez de lire, ce petit chef d’œuvre ?

Il s’agit du KV 522 de Wolfgang Amadeus Mozart sous-titré Une plaisanterie musicale (Musikalischer Spass) et destiné à un sextuor pour cordes auquel s’ajoutent 2 cors. Terminé en juin 1787, ce bijou sonore parodie la maladresse des compositeurs (débutants ?).

Lorsque Mozart se moque de l’incompétence des compositeurs de troisième zone, l’exemple qu’il donne est cependant d’une qualité bien supérieure à ce qu’auraient pu faire les écrivaillons qu’il raille. Un génie reste un génie…

Anne Genette