Une expo: Fernanda Fragateiro au Museu de Arte, Arquitectura e Tecnologia
Née en 1962, elle a étudié aux Beaux-Arts de Lisbonne.
Auparavant, elle a suivi des cours d’arts décoratifs, ce qui explique son
intérêt pour la tradition de l’azulejo, le revisiter, le moderniser, avec
notamment un projet dans l’espace public pour l’Exposition universelle de 1998.
(du reste, ne pas louper le Musée de l’azulejo de Lisbonne)
Fernanda Fragateiro est une artiste idéale pour s’intéresser à l’art actuel portugais. J’ai découvert son travail en 2009, dans un parcours d’art contemporain en Algarve. C’était une installation dans une église, à Silves. Originale, audacieuse, très « classe » et sensible, cette installation pouvait se placer n’importe où la relation à aux églises a été culturellement forte. Elle était forcément très en résonance avec l’histoire religieuse du pays. Ainsi, tout en cultivant ses attaches à la culture portugaise, elle se forge une singularité qui intègre ses racines et développe une carrière internationale. Elle recourt à des techniques très diverses, hybrides, et forge une esthétique qui n’a évidemment plus la coloration portugaise comme priorité. Esthétique qui questionne de manière plus universelle notre relation au monde moderne. Plusieurs de ces créations prennent la culture du livre comme matériau. Objets de mémoire et de savoir, de transmission, mais aussi objets sans cesse en mutation et en passe d’intégrer le monde virtuel.
Un aperçu de l’œuvre qu’elle exposait en 2012 à la Fondation Gulbenkian à Paris :
« C’est un cabinet blanc, clinique, à l’écart. Sur deux
murs sont alignés des rectangles froids. Les restes d’une autopsie méticuleuse.
Le résultat d’une expérience sur des tissus vivants. Une pièce à conviction
désarticulée. De fines lamelles d’un même organe cérébral découpées pour
analyses poussées. Pour y traquer la trace inéluctable d’une âme, ou comment
cette âme s’est enferrée dans une tumeur jusqu’à devenir autre chose. C’est de
la matière intime, intérieure, de la matière lue, devenant excroissance comme
la loupe de certains arbres, organe singulier entre tous les organes, dont les
sécrétions favorisent le transit symbolique à travers tout l’organisme.
L’organe en question, ainsi étalé en plaquettes sanguines, en cellules souches,
est un livre et ce que produit un livre dans les premières phases de la
lecture, une sorte de bouillie où travaille le sens, moulé par le réseau
nerveux de la subjectivité. On l’apprend par le cartel qui donne aussi le titre
de l’installation, La Fin du langage. » [texte en entier]
Pierre Hemptinne
photos:
- bandeau du haut: Paisagem Não-paisagem dans le jardin urbain de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne 2016
- carrousel en cœur d'article: Pierre Hemptinne / Comment7 (Fondation Gulbenkian, Paris 2012)
Une exposition personnelle à Lisbonne cet été (de juillet à octobre 2017)
au Musée
d’art, d’architecture et des technologies
MATT - Museu de Arte, Arquitectura e Tecnologia
Av. Brasilia, Central Tejo
1300-58 Lisboa
Un
musée où elle proposera d'ailleurs des ateliers (si vous restez plus longtemps sur
place)
Cet article fait partie du dossier Lisbonne.
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