URBNchanson - Rencontre avec Barbarie Boxon
Bonjour Barbara et Thierry. Quel rapport entretenez-vous avec la ville ?
Thierry : J’ai un rapport d’addiction à la ville. J’ai besoin du chaos de la ville, du mouvement de la ville. J’ai habité pendant 30 ans dans une ville. Du coup, j’ai besoin de sentir que ça bouillonne, que ça vit. Qu’il y a des destins, des passages, des arrivées. Et surtout des manières de vivre multiples. Des cultures multiples, des réalités pas toujours douces, « bisounours » et gentilles. J’aime bien la rudesse de la ville. Je me suis souvent mis dans des quartiers où la vie n’était pas nécessairement évidente et douce. J’aime bien sentir que le Monde se joue dans la ville. Avec la ville, j’ai un rapport cycliste ou piéton, uniquement. J’ai besoin de sentir le vent de pouvoir passer entre les voitures. Je m’y sentirais mal si je ne pouvais pas faire ça. D’un autre côté, je crois que je commence à avoir besoin d’autre chose et de nature. Une deuxième vie va peut-être arriver pour moi.
Barbara : J’ai toujours vécu dans des villes. J’ai un rapport familier à la ville. Peut-être un peu trop habituel. Du coup, je ne me pose plus trop la question de savoir quel est mon rapport à la ville. C’est comme ça, j’y suis. Dernièrement, c’est vrai que j’ai aussi de plus en plus des envies de campagne. Je suis beaucoup aussi à vélo en ville. Et, depuis quelques mois, je tousse souvent, j’ai les bronches encombrées, je suis toujours un peu enrhumée. Je sens que l’appel d’autre chose se fait sentir.
Y a-t-il une ville, un quartier qui vous a plus particulièrement marqué ?
Thierry : Moi, c’est Les Marolles. C’est le premier endroit où j’ai habité seul. J’habitais tout en haut des toits. J’avais vu sur la ville. Un petit appart de rêve. C’est là où j’ai composé mes premières chansons.
Barbara : Il y a deux villes qui m’ont beaucoup marquée. Ce ne sont pas des villes belges. Il y a d’abord Lisbonne dans laquelle j’ai trouvé une magie assez incroyable. Et puis Salamanque. La première fois que j’ai visité Salamanque, j’ai eu les larmes aux yeux. J’ai eu une vraie émotion urbaine.
Est-ce que vous vous considérez comme des chanteurs urbains ?
Thierry : Ah ben, moi, je ne me considère pas du tout comme un chanteur urbain. Bien qu’on soit tous les deux urbains, nos chansons ne sont pas urbaines. La plupart d’entre elles traitent de la nature, du rapport à la sensualité de la nature. On est dans des espèces de trucs un peu romantiques.
Barbara : Tout à fait, bien qu’elles aient été écrites en ville, j’associe nos chansons à un imaginaire plus « paysage », « nature ».
Comment est née la chanson « La ville » ?
Thierry : La chanson « La ville » est née dans le grenier là-haut qui a vue sur cette terrasse où l’on vient de chanter. J’étais là un soir. Je chipotais sur ma guitare baryton sur laquelle je n’ai pas trop l’habitude de jouer. La mélodie et les mots sont venus assez rapidement. Je me suis souvenu d’une balade qu’on avait faite au tout début qu’on se connaissait. On était ensemble depuis quelques jours dans une longue rue de Liège. On revenait d’une soirée. On était bien éméchés. Et on rigolait à faire l’accent liégeois. On se marrait, on se tenait par le bras pour ne pas tomber. Je me suis souvenu de cette déambulation. C’est la ville au petit matin après une biture, quoi ! Très intime, donc !
« La ville » figure sur le nouvel EP de Barbarie Boxon, « Ciel Bleu» (Freaksville, 2017)