URBNchanson – Rencontre avec Mathias Bressan
Bonjour Mathias. Quel rapport entretiens-tu avec la ville ?
Pour moi l’espace urbain, c’est un monde de possibilités culturelles. À Bruxelles, j’aime beaucoup me balader, voir les façades Art Déco. C’est le rapport à l’autre aussi. C’est le contraire de la solitude. Même la nuit, on n’est jamais seul en ville. Il y a toujours des bruits, toujours une présence, de la lumière. Ça représente peut-être plus la vie que les campagnes ou les chemins qui ne mènent nulle part comme disait je ne sais plus qui.
Y a-t-il une ville, un quartier qui t’a plus particulièrement marqué ?
Réponse en deux temps. Le quartier qui m’a le plus marqué à Bruxelles, c’est Boitsfort, le quartier de mon enfance où j’ai vraiment couru dans ce qui a été le décor de « Toto le héros » : le Floréal, le Logis et tous les anciens logements sociaux des années 30, les cités ouvrières. C’est vraiment un décor magique lié à mon enfance. Et le deuxième quartier qui m’a le plus marqué, c’est le quartier où je vis actuellement, le quartier Wiels à Forest, près du musée Wiels et du Centre Culturel de Forest, le Brass. C’est un quartier que j’ai vu évoluer, changer, qui est vraiment un des plus chouettes quartiers de Bruxelles, à mon sens.
Est-ce que tu te considères comme un chanteur urbain ?
Pas tant que ça. Etant donné que j’ai souvent dans mes chansons envie de fuir la ville. Et de partir du stress lié à la ville et à la vie de tous les jours. Du coup, j’ai beaucoup écrit de chansons de voyages alors que je faisais du surplace entre Forest et Bruxelles Centre. Mais, de plus en plus, l’univers qui m’entoure m’attire. Je suis en train de glisser vers autre chose qui sera sans doute plus urbain. Les chansons du futur album sont très axées sur les ressentis directs, de la ville notamment.
Comment est née la chanson « Blankenberge » ?
Cette chanson est venue de mon rapport à la côte belge. Pas cette ville-là, en fait. J’allais à Duinbergen, à côté de Knokke-Heist quand j’étais petit. Pour la rime et pour la mélodie, il me fallait trois pieds. Alors, j’ai triché. Et j’ai appelé ma chanson « Blankenberge ». Mais c’est la même chose. C'est le rapport à mon grand-père qui est dessiné dans cette chanson. Mon grand-père vivait à La Panne. On l’a enterré là, dans du sable. Et de nouveau, c’est aussi une espèce de réalisme magique d’enterrer son grand-père dans le sable et, dans la même journée, faire du cuistax et manger un banana-split. Et donc ça, c’est mon rapport à ces villes-là de la côte belge où l’on fait un quart de tour et on tombe sur un building ; un quart de tour et c’est la mer, c’est magnifique ; un quart de tour encore, et on a l’Ostende de Ensor. « Blankenberge » est née de cette nostalgie. C’est une chanson nostalgique assumée, de mélancolie heureuse, de petit belge qui dévorait ses Frisco, puis qui allait se saucer dans la mer du nord le plus souvent possible.
« Blankenberge » figure sur le nouvel album de Mathias Bressan, « L’imprévu » (Factice, 2017)