Charleroi - URBNClassique #14
Adolphe Biarent (1871-1916) fera bien plus que célébrer musicalement sa région de Charleroi, il lui consacrera sa vie, quitte à négliger la reconnaissance nationale qu’il méritait. Il saura en effet cultiver l’excellence, pas la notoriété. Le Prix de Rome obtenu en 1901 et l’admiration de ses collègues ne réussiront guère à le porter au-devant de la scène. Au-delà de l’énergie consacrée à la vie musicale locale et à l’enseignement, c’est encore dans la terre natale que l’œuvre musicale de Biarent plonge sa racine-pivot, même si les influences de Wagner, Franck ou Strauss demeurent perceptibles. L’ouverture « Fingal », le poème symphonique « Trenmore », œuvres inspirées des légendes d’Ossian de Macpherson (1761), et surtout la Rapsodie Wallonne, s’inscrivent au cœur de ce courant romantique qui révélera les peuples à eux-mêmes, à ce qui fait leur richesse, leur force et leur identité. La disparition d’Adolphe Biarent au cœur de la guerre 14-18, qui signe précisément la fin des nationalismes musicaux, en devient presque emblématique. Mais s’il est resté en deçà de la révolution musicale du XXème siècle, il fait néanmoins partie de ceux qui, par le chromatisme et l’influence de l’Orient, ont su ameublir et préparer le terrain tonal pour les expériences à venir.
Jacques Ledune