Buenos Aires (1) - URBNclassique #7
Comme Carlos Chavez au Mexique, Celso Garrido Lecca au Pérou ou même Heitor Villa-Lobos au Brésil, Alberto Ginastera (1916-1983) traverse les révolutions musicales du 20ème siècle sans vraiment quitter l’orbite de sa planète natale. Partant de modèles nationaux reconnaissables (Panambí 1937), il finit en effet par s’inventer un folklore argentin imaginaire (Las horas de una estancia 1943) pour ensuite, influencé par le dodécaphonisme, intensifier la dissonance. Mais cette dernière n’a rien perdu du pouvoir que lui conféraient les madrigalistes de la Renaissance, celui de traduire un affect, une tension. Ginastera qualifie lui-même ce style de néo-expressionniste et quand, en phase avec le modernisme, il bouscule les équilibres rythmiques et mélodiques (Cantata para América Mágica 1960), c’est, à l’instar de ses confrères sud-américains, pour retrouver la matière brute des fondements précolombiens. L’impact de Ginastera sur le paysage musical argentin et même sud-américain n’a rien perdu de son actualité. Ne devait-il pas, dès 1937, enseigner la composition à un certain Astor Piazzola ?
Jacques Ledune