Violon à clous [Max Vandervorst]
Le violon à clous existe depuis longtemps dans différents pays et sous diverses formes, déjà joué au temps de Mozart. Fasciné par le son de l’instrument, Max Vandervorst en a construit sa propre déclinaison au terme d’une expérimentation minutieuse et systématique de chaque partie de l’instrument et des matériaux qui le composent. Dans sa forme finale, l’archet frotte des clous plantés dans une caisse de bois et produit un son étrange et spécifique.
Max Vandervorst s’avoue littéralement fasciné par le son du violon à clous qu‘il a découvert dans un livre de bricolage musical. Pour fabriquer le sien, il adopte une méthode dont il est coutumier dans son travail de création d’instruments : l’expérimentation méthodique de chaque segment et matériau de l’instrument. L’artiste travaille en effet généralement par cycle, interrogeant quotidiennement au sens moyenâgeux du terme les objets et les matières. Les « soumettant à la question », il les frappe, frotte, pince, souffle dedans et percute dans l’attente d’être séduit par un son. Le musicien a donc empiriquement exploré différentes tailles ou diamètres de clous et plusieurs essences de bois. Il opte pour l’aggloméré qui évite au bois des résonnances qui pourraient entraîner des sons parasites. Il cherche des sonorités franches. Plus la partie émergée du clou est courte, plus le son est aigu. Le diamètre joue quant à lui sur le timbre. Les clous, accordés au marteau, sont plantés sur un plateau qui ferme une boite en bois faisant office de caisse de résonnance. Quand l’instrument apparait enfin sous une forme qui convient au musicien, celui-ci le fait alors raconter une histoire dans Symphonie pour objets abandonnés, une œuvre écrite pour des instruments fabriqués à partir d’objets tels qu’aspirateurs, tuyaux, arrosoir, pots de fleurs, boites de conserve ou bouilloires, des objets détournés ou recyclés. Max Vandervorst a fabriqué plusieurs plateaux dont les clous sont accordés de différentes manières en fonction des tonalités souhaitées (chromatique, balinaise, etc.). Pour se fournir en matériaux, il est un adepte des brocantes, des balades du soir le long des trottoirs, des promenades inspirantes dans la nature et éventuellement des magasins de bricolage quand cela est nécessaire. Il pratique la « lutherie sauvage » qui consiste à créer des instruments de musique à partir d’objets non spécifiquement conçus à cet effet. Jouant des contrastes, des sons inattendus, des effets de surprise, ce qui anime Max Vandervorst est de réintroduire de l’imaginaire et de la poésie dans le quotidien. Dans un esprit quasi-alchimique, il cherche à transformer l’objet le plus trivial pour en tirer de la belle musique.
Frédérique Müller
> RETOURNER À LA LISTE ALPHABÉTIQUE D'INSTRUMENTS INSOLITES
> RETOURNER À LA THÉMATIQUE 'INSOLUTHERIE'