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Womex 2013: un monde de musiques

Womex, musiques du monde

publié le par Anne-Sophie Smudesutter

Petit compte-rendu de la World Music Expo de 2013 à Cardiff

womex 2013

(photo de Filastine & Nova par Yannis Psathas, via le flickr du Womex)

Comme chaque année, j'ai visité le Womex - ou World Music Expo - en tant que conseillère en musique du monde à PointCulture. La foire professionnelle se tenait cette année au Pays de Galles et a rassemblé les acteurs du monde de la musique world. Salon commercial, projections de films, conférences et surtout de nombreux concerts étaient au programme. Certaines années, des tendances se dessinent mais ce n'était pas le cas cette fois-ci, à part un public un peu moins nombreux (le climat du nord et les prix élevés du Royaume-Unis attirent moins de monde qu'une ville comme Thessalonique où le Womex se tenait l'année passée). Les concerts proposés exploraient tous les styles, du plus classique au plus actuel, de la programmation officielle à la scène consacrée aux musiciens du Royaume-Uni, en passant par l'Off Womex où se présentaient des artistes "sponsorisés" par certains pays ou régions.

Les concerts se déroulaient soit l'après-midi, soit en soirée dans la grande salle de concert de Cardiff, le Millenium Center, ainsi que sur deux scènes un peu improvisées, dont l'une sans climatisation et donc très vite étouffante. Une tente avait été installée à l'extérieur mais les scènes étaient si basses qu'on ne voyait guère les musiciens, l'entrée était fort étroite provoquant des embouteillages… et il fallait affronter la pluie pour y accéder.

Un aperçu:

Le concert d'ouverture conçu et présenté par la chanteuse galloise Cerys Matthews était l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire. La plupart des artistes présents étaient excellents mais les parties danse folklorique et ballet, ainsi qu'un chœur d'enfants n'avaient vraiment pas leur place dans un événement de cette envergure, destiné à un public de connaisseurs, d'ailleurs relégué à l'étage pour laisser la place aux Gallois enthousiastes.

Si vous tenez jusqu'au bout de ce best of, bravo !:

D'autres concerts ne m'ont pas convaincue mais les raisons sont différentes: Teta (Madagascar) était trop blues à mon goût, Fanfaraï est une fanfare de plus (la mode n'est-elle toujours pas finie ?), Cumbia All Stars (Pérou) aurait pu être bon si le son avait été meilleur, Shangaan Electro (Afrique du Sud) était plutôt un spectacle de danse qu'un concert (et on ne voyait pas grand-chose), Krismen fait du bon rap breton mais ce n'est pas ma tasse de thé, le concert de Radik Tülüsh (Touva) aurait pu être passionnant s'il n'avait pas été interrompu par les incessants commentaires de Carole Pegg et par un duo inutile entre les deux artistes, Guillaume Perret & the Epic Electric (France) était trop rock-jazz pour vraiment avoir sa place au Womex (mais a plu aux fans de rock seventies), Budiño crée une musique galicienne très arrangée.

Voici en peu plus en détail les concerts intéressants:

Emily Portman (concertina et banjo), accompagnée de Lucy Farrell – jeune maman depuis deux semaines – au violon alto et de Rachel Newton à la harpe a présenté un concert de ballades anglaises délicates, avec des harmonies vocales et des thèmes souvent un peu bizarres. Le côté léger et enfantin de sa voix et des mélodies est contrebalancé par la face cachée, sombre, gothique des textes, pour le plus grand plaisir des auditeurs. De plus, la demoiselle est charmante.

Artiste Maori de Nouvelle-Zélande, Horomona Horo/Waiora a présenté les traditions chantées et instrumentales de son peuple, enchaînant les mélodies proches de la nature et des dieux sur divers instruments traditionnels comme des flûtes, ocarinas ou conques. Il était accompagné par un guitariste, ce qui malheureusement dilue quelque peu le propos (mais qui plait sans doute à un public plus large). Un hakka était évidemment au programme.

La Corée est de plus en plus présente sur la scène internationale des musiques du monde. Je n'ai vu que [su:m] mais l'autre groupe, Jambinai, était parait-il très plaisant dans un style entre folk et post-rock. [su:m] est composé de deux musiciennes, l'une jouant du gayageum, un genre de grande cithare et l'autre alternant orge à bouche saenghwang, flûte piri et cithare yanggeum. Leurs compositions sont actuelles tout en restant proches des musiques classiques coréennes, jouant sur les rythmes, la respiration et les temps de pause. Une belle musique à écouter au calme.

La tempête et la pluie du dernier soir m'ont poussée à aller voir la Turque Aysenur Kolivar dans la grande salle. Cette jeune chanteuse interprète des chansons traditionnelles de différentes parties de son pays (surtout de la région de la Mer Noire), en langues diverses, avec un accompagnement d'accordéon, violoncelle, percussions, kemancha et cornemuse. Un concert varié laissant une belle place à l'instrumental.

La musique irlandaise n'a jamais été ma musique favorite mais je me suis retrouvée entraînée au concert de We Banjo 3 ! Après le deuxième morceau, j'ai eu envie de découvrir d'autres concerts et puis le troisième a commencé et je suis restée jusqu'au bout ! L'énergie et l'humour des deux fois deux frères est communicative: ils alternent banjos et mandolines tandis que l'un d'eux joue du violon. Ils interprètent le répertoire traditionnel irlandais mais aussi (et c'est ce que j'ai préféré) une musique teintée d'old time et de bluegrass américain.

Filastine & Nova était sans doute le projet le plus osé de ce Womex, et sans doute assez loin de ce qu'on imagine écouter sous le nom "musique du monde". Il aurait tout autant eu sa place dans un musée d'art contemporain pour une performance. Filastine est un artiste audio-visuel, combinant machines, électronique, percussions et images montées en live. Il s'inspire des musiques du monde entier et a joué en duo avec Nova, une jeune chanteuse indonésienne. Le mélange des sons assez industriels du premier et de la voix et du chant indonésien presque classique de la seconde est assez troublant et diablement bien réussi. Et voir Filastine jouer des percussions sur un caddie de supermarché en mode taiko (les grands tambours japonais) est une vision assez inédite.

Je terminerai par mon point fort du Womex: le concert malheureusement trop court du Finlandais Pekko Käppi & K:H:H:L: lors de la réception du pays. Je l'avais déjà vu dans un projet antérieur où il jouait la lyre traditionnelle jouhikko. Ici, il était accompagné de deux musiciens jouant des instruments fabriqués, imitations d'une guitare et d'une basse. Le début des chansons était proche de la tradition mais très vite les cordes s'affolaient pour créer un folk métal de tout grand niveau. Une musique torturée, quelque peu barbare, mais extraordinaire !

 

Anne-Sophie De Sutter

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