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11 septembre 2001, vingt ans après...

Liberty Park
Deux tours et puis s'en vont les années d'espoirs et d'illusions. Vingt ans après, reste un mémorial. Un vide aussi. La sécurité a souvent remplacé la liberté, des pays ont été assiégés, d'autres contrôlés. Que reste-t-il du 11 septembre 2001 ? Des films, des musiques, des reportages à la télé, des souvenirs de ce qu'on faisait cette journée... Voici quelques chansonnettes et des guitares, des films, des docus et notre mémoire. Juste un petit hommage, vingt ans plus tard.

Sommaire

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The Looming Tower, une série de Dan Futterman et Alex Gibney (Hulu - 2018).

Basée sur une enquête de Lawrence Wright, journaliste au New Yorker, prix Pulitzer 2007 avec The Looming Tower : Al Qaeda and the Road to 9/11 (La guerre cachée : Al-Qaïda et les origines du terrorisme islamiste, Laffont, 2007), la série jette une lumière déconcertante sur les années qui ont précédé les attentats, montrant comment la rivalité entre le FBI et la CIA a joué en faveur de l’action des terroristes.

Le récit s’ouvre en 1998 avec les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, et s’achève le mardi 11 septembre 2001, figurant également une reconstitution des interrogatoires de la commission d'investigation de 2004. De nombreux documents d’archives viennent à l’appui d’une brillante mise en fiction centrée sur quelques personnages clé des agences de renseignements et de sécurité américaines : John O'Neill (Jeff Daniels), ancien dirigeant de la cellule antiterroriste du FBI à New York, Martin Schmidt (Peter Sarsgaard), directeur de l'unité Al-Qaïda de la CIA, et Ali Soufan (Tahar Rahim), agent infiltré d'origine libanaise, seul élément arabophone de son unité.

Sobre et posée, la mise en scène de Dan Futterman (scénariste de Capote) et du documentariste Alex Gibney conduit avec tact un propos complexe encore largement irrésolu.

Catherine De Poortere


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Ashes to Ashes, de Steve Earle (Jerusalem - 2002)

Titre ouvrant l’album Jerusalem, sorti en 2002, « Ashes To Ashes » (oui, comme le morceau de David Bowie) est le premier maillon d’un disque post 11/09/2001, éminemment politique, qui souleva l’ire des Républicains qui allèrent jusqu’à dénoncer « l’antipatriotisme » de son auteur.

Dans sa forme, c’est un blues crade plus déclamé que chanté, sur lequel plane une sorte de court et faux refrain synthétique lancinant qui revient comme les grains d’un chapelet de prières: « Ashes to ashes, dust to dust ». D’après Steve Earle, cette chanson traite de sentiments personnels ressentis au moment de la catastrophe : « que s’est-il passé ? », « pourquoi ai-je si peur », « comment ma vie va être affectée par ce qui vient de se passer ? ».

L’Américain, qui se proclame croyant, de se demander comment son pays a pu susciter une telle détestation, qu’elle a conduit des hommes à détourner et à envoyer des avions civils contre une tour de plus de cent étages, et en retour s’inquiète pour son fils dans une Amérique qui immanquablement réclamera sa vengeance. Empruntant des accents à la Cassandre, Earle s’interroge sur le devenir prochain de l’empire américain en regard des anciennes superpuissances passées (Rome, l’Empire britannique…).

Par ailleurs, sur ce même album, on trouve une seconde lancinante poussiéreuse, « John Walker’s Blues » qui parle avec empathie et mesure de l’unique Taliban américain capturé lors de l’offensive américaine en Afghanistan.

Yannick Hustache


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11’09’’01 – September 11, un film collectif (2002)


Samira Makhmalbaf (Iran), Claude Lelouch (France), Youssef Chahine (Égypte), Danis Tanovic (Bosnie), Idrissa Ouedraogo (Burkina Faso), Ken Loach (Royaume Uni), Alejandro González Iñárritu (Mexique), Amos Gitaï (Israël), Mira Nair (Inde), Sean Penn (États-Unis), Shohei Imamura (Japon).

Très peu de temps après les faits, visant une sortie en salles début septembre 2002 pour le premier anniversaire des attentats, le producteur français Alain Brigand a pour idée de demander à onze cinéastes du monde d’origines et de cultures différentes de proposer en un court métrage de 11 minutes et 9 secondes « [leur] regard sur les événements tragiques survenus à New York le 11 septembre 2001 ». « Onze points de vue engageant leur conscience individuelle » réalisés en disposant d’une « entière liberté d’expression ». Comme presque toujours dans ce genre de compilation ou de « film à sketches », le résultat est inégal et disparate. Plusieurs cinéastes (Lelouch, Inarritu, Penn) recourent à certaines des images télévisuelles que nous avons vu en boucle des dizaines de fois en septembre 2001 mais en insérant dans des mini-fictions qui les mettent à distance et interrogent leur statut. D’autres tissent des liens avec d’autres 11 septembre (le 11 septembre 1973 au Chili chez Loach), le massacre de Srebrenica du 11 juillet 1995 commémoré par une manifestation des Femmes de Srebrenica chaque 11 du mois chez Tanovic, font des liens avec d’autres attentats (anti-américain à Beyrouth chez Chahine, anti-israéliens chez Chahine encore et Gitaï) et rappellent les exactions et massacres liés à la politique extérieure nord-américaine dans le monde (Chahine, Loach). Suite à ces suspicions d’anti-américanisme le film ne sortira aux États-Unis qu’un an plus tard, en juillet 2003. Certaines contributions pèchent par excès de formalisme, maladroit (Penn) ou éthiquement indéfendable (le segment pompier et voyeur d’Inarritu) et, par contraste, les contributions plus légères et plus sincères de Samira Makhmalbaf (des enfants d’un camp de réfugiés afghan en Iran n’arrivant pas à s’approprier cette information tellement éloignée de leur réalité que leur communique leur institutrice) et de Ouedraogo (des enfants encore, cette fois pour une chasse à l’homme naïve et décalée aux basques de Ben Laden dans les rues de Ouagadougou). Mais la plus belle perle de se collier bigarré est sans doute celle que nous découvrons en dernier – et la contribution la plus énigmatique et mystérieuse : celle de Shohei Imamura, une sorte de parabole poético-fantastique sur le retour en homme-serpent d’un soldat japonais de la seconde guerre mondiale !

Philippe Delvosalle


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Fahrenheit 9/11, de Michael Moore (2004)

Le cinéaste militant Michael Moore ne pouvait pas ne pas réaliser un film sur le 11 Septembre 2001 mais, tout en étant le sujet central de son documentaire, cet événement dramatique lui donne l’opportunité de revenir sur une série d’éléments et de faits qui l’ont précédé, voire engendré, et les conséquences sur le long terme pour son pays et ses concitoyens (la soudaine apparition du Patriot Act, le climat de paranoïa entretenu par les politiques et les médias, la guerre en Irak…).

Tout commence par un vote plus que douteux : une victoire en Floride volée au candidat démocrate Al Gore par les partisans de George W. Bush qui permit à celui-ci de devenir le président des États-Unis dès janvier 2001. Puis, le cinéaste s’intéresse précisément à sa personnalité (sa légèreté et son dilettantisme), s’interroge sur l’improbable ascension d’un médiocre homme d’affaires du Texas, dont les diverses sociétés vacillantes n’ont dû leur salut qu’à l’apport de capitaux étrangers (saoudiens) dès les années 1970, et révèle les liens personnels et financiers qui unissent la famille Bush à celle de Ben Laden.

Avec le ton provocateur et goguenard qu’on lui connaît, images d’archives à l’appui, Michael Moore raconte comment la cupidité et le cynisme de quelques-uns a conduit les États-Unis – et une grande partie du monde, qui en paie encore aujourd’hui les conséquences – vers l’abîme.

Marc Roesems


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WTC 9/11, pour quatuor à cordes et sons préenregistrés de Steve Reich (2011)

Avec son titre formé des abréviations de World Trade Center et de la date des attentats, cette pièce en trois mouvements a été conçue comme un vibrant hommage aux victimes des attentats. Elle a été commandée par un des membres du Kronos Quartet, qui en assureront la création mondiale.

Le premier mouvement évoque l’urgence pendant l’attaque et les premières heures, celles pendant lesquelles le chaos de Manhattan s’est étendu sur le monde. S’entremêlent les voix des standardistes des urgences, des aiguilleurs du ciel, des pompiers, les accords stridents et entêtant des cordes du quatuor.

Dans le second mouvement, Steve Reich utilise des témoignages récoltés dans le voisinage des Twin Towers des années plus tard. La musique épouse la prosodie et le rythme des voix, ainsi que leur silence, dans une relation plus distanciée des évènements.

La dernière partie évoque une pratique juive qui consiste à veiller les morts jusqu’à leur inhumation. On y perçoit la lecture de psaumes par un chantre d’une Synagogue. Ce mouvement fait aussi référence à l’œuvre de David Lang, World to Come (WTC), où un violoncelle et une voix se rejoignent en une longue méditation sur l’espoir et le sens de la vie dans un univers post-apocalyptique.

Nathalie Ronvaux


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Combat Rock, de Sleater-Kinney (One Beat – 2002)

Sorti en 2002 sur leur album One Beat, ce morceau prend, sept mois à peine après l’événement, le contrepied de l’opinion publique. Là où la réaction émotionnelle aux attentats a fait place à une volonté aveugle de revanche, le groupe prend le parti de revendiquer un moment de réflexion. À l’exigence d’un patriotisme sans faille, elles opposent le droit de refuser une vision du monde en noir et blanc.

Sleater-Kinney : « Combat Rock »

They tell us there are only two sides to be on
if you are on our side you're right if not you're wrong
but are we innocent, paragons of good?

Et elles s’interrogent: quand le scepticisme est-il devenu anti-américain? Contre l’unanimité des va-t-en-guerre, partant le drapeau au vent, venger les victimes de l’attentat en Afghanistan, elles réclament de regarder plus loin que les slogans belliqueux et les mots d’ordre cocardier

Comme souvent chez Sleater-Kinney, les deux voix principales s’entrecroisent et se contredisent, chacune interprétant un rôle, une vision de la question. Comme le déchirement d’une même conscience, un débat interne entre deux options inconciliables, le morceau reflète la division de la société américaine dans sa réaction à l’attaque qu’elle vient de subir. La voix de la raison n’a hélas pas été entendue.

Benoît Deuxant


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New York – 11 septembre 2001, de Jules Naudet, Gédéon Naudet et James Hanlon (2002)

Cela faisait déjà quelques mois que les frères Jules et Gédéon Naudet, deux Français vivant à l’époque aux États-Unis, étaient en train de réaliser un reportage sur des pompiers de New York. À travers le portrait d’un « probie » (pompier novice), ils souhaitaient mettre en lumière le courage de ces « soldats du feu », et particulièrement ceux d’un arrondissement vertical comme Manhattan. Le matin du 11 septembre, ils filment les unités Engine 7 et Ladder 1 (dont fait partie le troisième réalisateur de ce film, un pompier expérimenté) qui œuvre couramment dans le quartier et sur le site du World Trade Center pour des exercices ou des alertes réelles… quand l’un d’eux entend un vacarme… lève sa caméra et suit un avion à très basse altitude qui fonce sur l’une des deux tours…

Ils étaient loin d’imaginer la journée terrible et historique qu’ils allaient vivre aux côtés de ceux dont ils partageaient le quotidien. Pendant près de sept heures, les deux cinéastes vont suivre les pompiers new-yorkais – l’un à l'intérieur de la tour 1, l'autre à l'extérieur – et les filmer en train de lutter contre le temps pour sauver des vies humaines.

Les images, dures et exceptionnelles – des images uniques, les seules à avoir été prises de l’intérieur de la tour 1 –, plongent littéralement le spectateur au cœur d’une action dont nous connaissons l’issue tragique : l’attaque et l’effondrement des tours jumelles provoquent à eux seuls le décès de près de 3.000 personnes dont 343 pompiers.

Marc Roesems

© INA – Il ne s’agit pas ici d’une bande-annonce mais d’un extrait de journal télévisé français.


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10048 WTC, de Bruno Moreigne (Locus Niger – 2004)

Certains lieux sont imprégnés par leur histoire. Quand on traîne seul au centre d’un temple qui recèle la mémoire des anciens, quand on se couche au milieu d’une agora qui a vu des générations commercer et échanger, quand on embrasse un chêne séculaire, témoin des amours passagères, on peut presque ressentir les épisodes qui les ont pénétrés. Il s’en dégage une sorte d’onde, de « murmure fragile qui vibre au cœur de chaque pierre » (1).

Bruno Moreigne, preneur et diffuseur de sons, d’émissions radio et de créations sonores, s’est rendu sur certains sites emblématiques de révoltes, de souffrances et de désastres pour y récolter leur signature sonore : les bruits fantômes, les silences troublants, les résonnances dissimulées, les bruissements occultes. Nous révéler ces sons devrait permettre d’y trouver un sens, un lien étroit entre la matière, l’espace, le temps et nos propres sensations.

Gergovie, la place Tien Anmen, Tchernobyl, le massacre dans le village d’Oradour en 1944 et le World Trade Center… tant de déchirures et de plaintes qui appellent à cette exhumation sonore de 2004, sur l’album Locus Niger.

« 10048 WTC » (2) ondule sur des fréquences insondables dans une danse sépulcrale de flottements sonores aux phases incertaines. On y entend les larmes en pluie, les stridulations graves et les appels célestes de vies trop rapidement enlevées. Puis, après que les pesantes jumelles aient réduit une cohorte d’insectes en bris de glace, l’éther serein se dissipe, 2750 âmes sont soufflées sur-le-champ. Ground Zero.

Daniel Mousquet


(1) Extrait des paroles de la chanson « In Extremis » (Francis Cabrel en 2015)
(2) "10048" est le code postal de l’emplacement du World Trade Center à New York.


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Freedom, de Paul McCartney (Driving Rain – 2001)

Tout le monde (ou presque) se souvient de ce qu’il faisait le 11 septembre 2001. Que faisiez-vous à ce moment ? Avec qui étiez-vous ? Quel objet, quelle musique, quelle situation vous accompagnaient dans ces instants ? Et quelle est votre madeleine de Proust ?

Paul McCartney, lui, était assis dans un avion sur le point de décoller de l’aéroport de New York. Il devait rejoindre Londres pour fêter les 30 ans de sa fille Stella. Le trafic aérien a été arrêté aussitôt, le laissant bloqué dans la ville.

Parce que j'étais ici en Amérique le 11 septembre, j'ai commencé à penser : les gens vont se sentir vulnérables pour la première fois depuis longtemps, que puis-je faire ? — Paul McCartney

Il décide alors de réagir en faisant ce qu’il fait le mieux : composer et chanter, rassembler des amis et rendre hommage en musique aux victimes. Il organise un concert de charité, qui réunit des musiciens britanniques prestigieux et dont les bénéfices vont exclusivement au profit des familles des victimes.

« Freedom » n’est certainement pas la meilleure chanson de McCartney. Habituellement pacifiste et plutôt considéré comme un "gentil », Paul parle de la liberté comme d’un droit divin et affirme que ceux qui essaient de l’enlever devront en répondre : I Will Fight for the Right. Musicalement, cette ritournelle composée hâtivement est sobre et facile à reprendre, un peu insipide tout de même, malgré la guitare d’Eric Clapton qui vient un peu la bousculer. Elle a au moins le mérite d’avoir pu récolter de l’argent pour la Robin Hood Foundation, en aide aux déshérités de New-York.

Daniel Mousquet


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Les Héros du 11 septembre de David Priest (2005)

De facture assez classique pour un documentaire TV américain (1), ce film-enquête n’en reste pas moins un bel hommage à des personnes ordinaires qui se sont révélées être des héros du 11 Septembre 2001. Sur les quatre avions pris en otage durant cette journée historique, un seul n’atteint pas sa cible présumée : le Capitole (Washington). Nous connaissons la fin tragique du vol 93 de la United Airlines, qui s’est écrasé dans un champ de Pennsylvanie, mais pas le déroulé des événements vécus par les passagers, tel qu’on le suppose. Malgré quelques inconnues, la démarche de la première partie de ce programme consiste à donner un éclairage des faits au moyen d’interviews de proches des victimes (qui nous aident à percevoir le profil psychologique des passagers), d’enregistrements sonores (passés depuis le cockpit de l’avion ou au téléphone) et par une mise en scène s’apparentant à un docu-fiction.

Depuis la prise d’otage proprement dite jusqu’à l’écrasement de l’appareil, la première partie de ce documentaire TV livre une enquête détaillée sur les actions de ces héros qui, on peut le supposer, se savaient condamnés.

Marc Roesems


(1) La qualité d’image trahit sa destination initiale, à savoir une largeur de bande et un tramage inférieurs aux standards télévisuels européens.

Note : Bien que cette bande-annonce ne soit pas sous-titrée en français, le média de notre collection est bien une version française.


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New York Tears and Hope, de Bechara El-Khoury (2003/2006)

Quand le monde s’effondre, quand le sol se dérobe, quand on se sent seul, offert au feu et à la foudre, on est spectateur d’une scène où le comédien que nous sommes a perdu le texte, la trame et le geste. Bechara El-Khoury, qui a vécu la terrible guerre du Liban, ne pouvait qu’être bouleversé par le drame new-yorkais.

Ces événements ont changé profondément la face de notre histoire contemporaine et je me suis senti proche de ces gens qui sont partis définitivement et de leurs proches. (Bechara El-Khoury)

Cette musique, commandée par la profondeur de son âme, a jailli de son cœur, sans pensée politique mais plutôt avec un message d’amour et d’espoir. (1) Sa composition atteste des bouleversements humains provoqués par la violence au fil du temps, comme Martinů, Schoenberg, Chostakovitch et d’autres musiciens ont pu en témoigner également.

Œuvre contemporaine accessible, tonale et d’une orchestration riche et délicate, “New York Tears and Hope” fait apparaître une succession d’états d’âme et de sentiments : de la désolation et de l’affliction à la douleur puis à l’espoir. Imaginez-vous un instant devant les deux tours. D’abord interdits, assommés presque, vous être comme pétrifiés. Le premier choc passé, vous vous sentez submergés par les émotions, tout se bouscule en vous. Enfin vous exprimez votre souffrance par un cri, un geste, une larme. Et quand, enfin, tout est passé, vous vous cherchez une raison à laquelle s’accrocher, comme une lueur dans la nuit, une espérance.

De manière semblable, El-Khoury construit cette lamentation évolutive. De longs moments aux violons dans les notes aigües, rejointes par les basses, entament la première partie, « Misterioso », très dépouillée, symbolisant la stupéfaction et l’aphasie devant l’effroyable tragédie. Petit à petit, cette atmosphère pétrifiante se réchauffe par l’apparition des cuivres puis des percussions. Une tension dramatique naît subtilement et se prolonge avec retenue sans occulter la colère et la brutalité des événements. Après un silence, une troisième partie toujours très tendue introduit le cri, par des glissandi aux violons, hérissés, figés et meurtris. Le final, plus solennel, vient calmer la tension et apporte un peu d’espoir ; tout n’est pas fini, la vie continue…

Daniel Mousquet


(1) Tiré d’un entretien avec Marc Zisman (20/08/09, Qobuz)


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My City of Ruins, de Bruce Spingsteen (The Rising – 2002)

Springsteen, l’une des figures du rock emblématique des États-Unis, le viril interprète de « Born to Run », le Boss, le militant, le puissant, a encaissé un direct au cœur. Les jours qui suivent sont pénibles. Il témoigne sa sympathie aux familles endeuillées mais se sent perdu, presqu’inutile.

« Bruce, nous avons besoin de toi » (Un conducteur anonyme s’adressant à Bruce Springsteen l’après-midi du 11 septembre)

Pourtant ces tristes événements donnent un nouveau sens à sa carrière. Bruce rebondit et se met à écrire un nouvel album, une propre résilience pour ce chanteur abattu et un hommage vibrant aux disparus. Toutes les chansons de The Rising lui sont inspirées par le drame : « Paradise » parle d’un des assaillants dans l’avion, « The Rising » imagine une victime décédée à qui manque le contact avec les vivants, « Empty sky » évoque la désolation, « Into the Fire » est consacré à un disparu,…

Dix jours après la chute des tours, lors du téléthon national d’hommage aux victimes, il chante "My City of Ruins", à la guitare et à l’harmonica, accompagné par un chœur de femmes. Une chanson sobre et sensible, pleine d’humanité et de retenue.

Si au départ, cette hymne, écrit en 2000, a pour but de promouvoir la revitalisation de la ville d’Asbury Park, elle prend tout son sens après le 11 septembre et devient davantage « a prayer for our fallen brothers and sisters ».

My City of Ruins

There's a blood red circle
On the cold dark ground
And the rain is falling down
The church door's thrown open
I can hear the organ's song
But the congregation's gone
My city of ruins
My city of ruins

Now the sweet bells of mercy
Drift through the evening trees
Young men on the corner
Like scattered leaves
The boarded up windows
The empty streets
While my brother's down on his knees
My city of ruins
My city of ruins

Come on, rise up
Come on, rise up
Come on, rise up
Come on, rise up
Come on, rise up
Come on, rise up
Come on, rise up

Now there's tears on the pillow
Darlin', where we slept
And you took my heart when you left
Without your sweet kiss
My soul is lost, my friend
Tell me how do I begin again?
My city's in ruins
My city's in ruins

Now with these hands
With these hands
With these hands
With these hands, I pray Lord
With these hands
With these hands
I pray for the strength, Lord
With these hands
With these hands
Yeah, I pray for the faith, Lord
With these hands
With these hands
I pray for your love, Lord
With these hands
With these hands
I pray for the strength, Lord
With these hands
With these hands
I pray for your love, Lord
With these hands
With these hands
Pray for your faith, Lord
With these hands (oh yeah)
With these hands
I pray for the strength, Lord
With these hands (come on)
With these hands (come on)

Come on, rise up
Come on, rise up
Come on, rise up…

(1) « Une prière pour nos frères et sœurs qui sont morts » comme il l’a présenté lors du téléthon national du 21/09/2011


Daniel Mousquet


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Une médiagraphie de l'équipe rédactionnelle de PointCulture : Catherine De Poortere, Nathalie Ronvaux, Philippe Delvosalle, Benoît Deuxant, Yannick Hustache, Daniel Mousquet et Marc Roesems.