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Bastogne en musiques

Bastogne en musiques - Constant Charneux
Du ménestrier Constant Charneux et sa mystérieuse « sirène d’amour » aux groupes rock émergents de la région (ou à leurs aînés de l'axe Nantes-Chicago) en passant par la filiation entre les organistes Firmin Decerf et Benoît Mernier un portrait musical de Bastogne et de ses environs.

Sommaire

Firmin Decerf

L’église Saint-Pierre de Bastogne possédait un orgue d’esthétique romantique construit par Bernard Loret en 1867. Hélas, il fut détruit en 1944 lors de l’offensive des Ardennes comme la majeure partie de la ville d’ailleurs. Aux claviers d’un nouvel instrument conçu par la Manufacture Schumacher en 1989, son titulaire Firmin Decerf se livre à l’art de l’improvisation, cette création spontanée qui de tous temps a été l’apanage des organistes pour accompagner l’action liturgique. Mettant en valeur les différents timbres de l’orgue, l’interprète étaie son discours par des thèmes empruntés à la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak ou à l’Hymne à la joie tiré de la Neuvième Symphonie de Beethoven, rappelant par la même occasion que l’Union européenne a vu le jour au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et qu’un de ses objectifs était la réunion des peuples.  [AG]


Benoît Mernier

Originaire de Bastogne, Benoît Mernier est compositeur et organiste. Retrouvez-le dans ce portrait réalisé par PointCulture lors de la sortie de l'album La Grâce exilée



« Jamais œuvres contemporaines ne m'auront procuré plus de plaisir que celles de ce disque de Benoît Mernier. Sans renier les œuvres-clés de maints chefs de file de 'l'avant-garde' et l'émotion de leur découverte, j'avoue ici un double plaisir : celui, égoïste et bien subjectif, de l'écoute et celui, annoncé depuis une dizaine d'années, de voir se confirmer l'éclosion d'un nouveau mode d'expression musicale, plus serein, plus chaleureux qui, pour autant, ne cède en rien à une quelconque facilité. Tout simplement, le langage s'est clarifié et ses rudesses ou violences laissent la place à la douceur et à la pacification.(...) »  [PW]

> suite de l'article de Pierre Watillon à propos des Idées heureuses de Benoit Mernier :

Quelques mots à propos de la musique de bal dite « traditionnelle » à Bastogne et alentour

Aux 18ème et 19ème siècles et sans doute avant, nombreuses étaient les régions qui possédaient leurs ménétriers, souvent des violonistes qui allaient de villages en villes animer les bals et autres kermesses. C’était la vogue des danses de cour, de bal et autres qui se poursuivra pendant plusieurs générations. Pour ceux d’entre eux qui étaient aussi compositeurs, ils écrivaient souvent une ou plusieurs danses à qui ils donnaient le nom du lieu où ils animaient le bal. C’est pourquoi l’on retrouve dans le répertoire des danses qui par exemple ont pour titre « Branle de Marienbourg ». La plus célèbre d’entre-elles est la Maclote ou Matelote comme la nomment certains Ménétriers. Elle est d’origine française comme les autres petites danses des Ardennes (Amoureuse, Passe-pied, Allemande,…) très riche à cette époque musicalement parlant. Bastogne n’échappe pas à la règle avec sa « Maclote de Bastogne », sa « Valse de Bastogne ».

On y trouve également une Contredanse, une Amoureuse et un Passe-pied, ce qui constitue un bel ensemble de danse pour la ville. Du moins pour celles dont on a retrouvé la trace dans les carnets de bal de Ménétriers décédés ou qui étaient encore en activité lors de l’énorme travail de collectage réalisé par deux dames, Rose Thisse-Derouette (musicienne - prix de Rome) et Jenny Falize (Présidente de la Fédération Wallonne des Groupements de Danses Populaires) qui a donné lieu à partir de 1962 à la parution de divers fascicules et recueils avec notamment la série Bals Wallons avec un numéro consacré à Bastogne, recueils et fascicules contenants partitions et descriptions des danses. Il y a aussi la «Maclote de Rouette Longchamps » et la «Vieille Maclote d’Hemeroulle» qui sont de proches villages de Bastogne. Ce qui a permis dans les années 1970 lors du « Folk Revival » à de nombreux groupes belges de musique traditionnelle comme par exemple Les Pêleteûs, Les Zûnants Plankèts, Les Bousineus et autres Macloteus pour ne citer qu’eux de donner un nouveau souffle à ces musiques. On ne peut pas passer sous silence les noms de deux fameux ménétriers de la région de Bastogne : Constant Winand dit Charneux né à Hemeroulle (1884 – 1975) et sa fameuse « Sirène d’Amour », violon dont la caisse de résonance est remplacée par un diaphragme et un cornet de phonographe et Henri Schmitz du village de Longchamps (1904 – 1977), violoniste descendant d’une longue lignée de Ménétriers renommés dans la région. En 1975, le Festival de Bastogne lui est dédié.  En 1973 à Champs, petit village à proximité de Bastogne est organisé par le Service provincial de la jeunesse du Luxembourg et Bernard Gillain, animateur à la RTB, le premier festival de chansons et musiques traditionnelles de Wallonie ou l’on retrouvera à l’affiche bon nombre des groupes cités plus haut dont Constant Charneux  et sa « Sirène d’Amour ».  Un disque 33 tours sera consacré au festival.  [PVU]

Plus d'infos dans Le canard folk



Chevreuil : de Bastogne à Chateauvallon via... Chicago !

En 1998, Tony Chauvin et Julien Fernandez se rencontrent à l'école des Beaux-Arts de Nantes et forment le groupe Chevreuil : un duo guitare/batterie de math rock (riffs appuyés et rythmiques aux formules complexes) mettant au point un dispositif sonore immersif en jouant au milieu du public et via une démultiplication quadriphonique de la guitare. En 2003, Chevreuil sort son second album, Chateauvallon, enregistré aux mythiques studios Electrical Audio du producteur Steve Albini à Chicago. En troisième position sur le disque se retrouve un morceau dont le titre titille notre curiosité : « Bastogne » !

Instrumental, ce n'est pas par ses paroles qu'il nous livrera des indices sur l'inspiration des musiciens à le baptiser du nom de la ville belge. Quinze ans après les faits et une douzaine d'années après le quatrième et dernier opus de Chevreuil,  nous contactons donc les deux musiciens par e-mail qui... nous répondent dans l'heure ! Julien Fernandez ne se rappelle plus très bien, il pense que le titre vient d'un passage près de la ville lors d'une tournée... ou des biscuits de la célèbre marque LU - nantaise, elle aussi... Mais Tony Chauvin se souvient mieux (et Julien Fernandez confirme).  [PD]

On était aux studios Electrical Audio à Chicago en décembre 2002. Un soir, après une journée d'enregistrements de 'Chateauvallon', un documentaire sur Bastogne et sur la seconde guerre mondiale passait sur l’écran géant du salon de Steve Albini. Comme on était en panne de noms de morceaux il nous a semblé évident d’appeler celui-là  « Bastogne » . — Tony Chauvin, désormais designer sonore


Lampli.be : les musiciens émergents de la province

lampli.be - logoLampli.be est destiné aux musiciens et organisateurs d'événements musicaux en province de Luxembourg. Ce site offre la possibilité de présenter son groupe, de découvrir des artistes, de trouver des concerts ou d'en proposer ainsi que de nouer des contacts professionnels.  Cette première plateforme numérique de ce type en Wallonie a été réalisée à l’initiative de la Province de Luxembourg. Elle est le fruit de réflexions menées avec les acteurs du milieu musical et montre le dynamisme existant dans le secteur des musiques amplifiées en fédérant les énergies et en incitant au partage.

Benoît Nivelet, cheville ouvrière des musiques amplifiées à la Province, vous propose de découvrir quelques groupes de la région de Bastogne sur le site Lampli.be.  [CD / L'Ampli]

BardaffLexo Clan,  Sarah Tue MoiMurtoffHappy PathArdenne HeavyFlooded BasementThe Jerk SystemBlackfire Flames





Une playlist de PointCulture

coordonnée par Anne-Sophie De Sutter

et réalisée par Philippe Delvosalle, Christophe Duchesne, Anne Genette, Patrick Van Uffelen et Pierre Watillon.

+ Benoît Nivelet (lampli.be)


photo du bandeau : Constant Charneux et sa « sirène d’amour » sur la pochette du LP Champs 1973.

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