Blanc c'est blanc
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Dans beaucoup d’autres domaines au contraire le blanc est avant tout une absence, un manque, une rupture dans le discours, une défaillance, une disparition. Paradoxalement écartelée entre ce vide et la splendeur de sa pureté symbolique, le blanc est souvent une marque d’innocence, de joie, mais tout aussi souvent ailleurs un signe funeste, une couleur de deuil. Le blanc enfin, n’est jamais vraiment blanc, mais moins rouge, moins noir, moins bleu … c’est la couleur de tous les débuts, et celle de toutes les fins. [BD]
The Beatles dit « L'album blanc »
L’ «Album blanc» des Beatles, officiellement nommé "The
Beatles" fut publié il y a tout juste cinquante ans le 22
novembre 1968. Véritable tour de force sonore à l'éclectisme
presque outrancier, ce neuvième album des Fab Four reste assurément comme
l'une des pierres angulaires de l'histoire de la Pop. Pourtant il s'agit
également du premier disque du groupe où la tension entre les quatre
musiciens est presque palpable. Le voyage initiatique en Inde
ayant abîmé la relation entre John Lennon et
George Harrison, les premières dissensions artistiques
étant également de plus en plus apparentes entre le même Lennon et
Paul McCartney et enfin la présence quelque
peu intrusive de Yoko Ono en studio n'auront de cesse de rendre ce
"White Album" aussi sulfureux qu'il est éclectique. Sa
conception s'est certes faite dans la douleur (le
fidèle producteur George Martin excédé par ce manque de cohésion
jettera même l'éponge en cours de route) mais loin d'être en mal
d'inspiration le groupe accouche tout de même de trente titres dont au
moins vingt gravitent bien au-dessus de la mêlée pop de l'époque
pourtant pas en reste. Et puis il y a évidemment cette
fameuse pochette blanche réalisée en étroite collaboration entre
McCartney et le peintre pop art, Richard Hamilton plus connu au départ pour
ces collages satiriques. L'idée d'une pochette entièrement blanche avec
comme seuls autres éléments le titre The Beatles embossé sur la
pochette et un simple numéro unique sur chaque exemplaire du disque
contrastait avec le déluge de couleurs et d'éléments psychédéliques
présents sur les albums Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (créé par
l'artiste Peter Blake) et Magical Mystery Tour. L'idée d'un monochrome
blanc comme pochette extérieure du disque n'a pourtant pas été simple à imposer.
Hamilton avait espéré un temps aller au bout de ce geste
d'inspiration dadaïste mais il vécu très mal la concession faite à
EMI du titre The Beatles apparaissant au final en relief. Il
compara cette forme de compromis à du vandalisme, comme si un
graffiti avait été tagué sur son oeuvre. Même si on peut difficilement lui
donner tort, cette idée audacieuse d'un monochrome blanc pour illustrer la
pochette d'un album où le groupe est artistiquement à son
sommet reste encore aujourd'hui l'une des performances artistiques les
plus jusqu'au-boutistes et marquantes de la petite histoire de
la Pop. [DM]
Le White Power des albinos
Être blanc, paraître blanc, s’éclaircir la peau… autant d’actions qui sont recherchées par de nombreuses personnes sur cette planète. Et pourtant avoir la peau blanche et les cheveux non pigmentés est une malédiction pour beaucoup d’Africains. Les albinos sont considérés comme maléfiques ; les superstitions locales attribuent à ces personnes des pouvoirs magique et de sorcellerie.
En 2016, le producteur Ian Brennan (Tinariwen, notamment) est parti à la recherche des albinos tanzaniens, abandonnés par leurs parents et parqués sur île isolée du reste du pays, à quatre heures de ferry de la terre ferme. Il y a enregistré un disque de chansons très personnelles, parlant de leur condition et de leurs espoirs, affirmant leur « white power ». [BD]
Chronique longue :
Films blancs
Black Swan (Darren Aronofsky, 2010)
Darren Aronofsky s’empare du
célèbre ballet Le Lac des cygnes pour
réaliser une fable moderne, tragique et hallucinée. Il joue sur la dualité du
cygne, le blanc représentant l’innocence et la pureté (magnifiquement
interprété par Natalie Portman), et le noir symbolisant le désir et la
sensualité. Faisant suite au très réussi The Wrestler, ce conte schizophrénique explore une fois encore les liens
complexes entre l’artiste et son art. [MA]
The Man in the White Suit (Alexander Mackendrick, 1951)
Produit par le célèbre studio
Ealing (qui sortira bon nombre des grandes comédies britanniques de l’époque), L’Homme au complet blanc est une comédie
savoureuse et politisée des plus cinglantes. Mackendrick y met en scène un
chimiste rêveur et candide (le fameux homme au complet blanc joué par l’immense
Alec Guiness) qui, tel un chevalier blanc des temps modernes, sera confronté au
capitalisme mesquin. [MA]
17 nuances de blanc en chansons
Voici une playlist de dix-septchansons où le blanc est la couleur maîtresse. Les chanteurs ici ont choisi les
nuances de ce champ chromatique plutôt lumineux pour évoquer la vieillesse, la
drogue, le désir, les insomnies, la monotonie, l’évasion, la folie et enfin la
mort, l'ascension de l'âme. [GD]
Une playlist collective de PointCulture
avec des contributions de Benoit Deuxant, David Mennessier, Guillaume Duthoit et Michael Avenia