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Cap au Nord – L’Islande en films et musiques

Islande

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publié le par Anne-Sophie De Sutter

Ile isolée aux confins de l’Europe, l’Islande n’a été peuplée qu’au 9e siècle et a développé une culture particulière. Si aujourd’hui beaucoup de voyageurs viennent admirer les paysages glacés et les volcans en éruption, il existe de nombreux musiciens et réalisateurs locaux qui se sont fait connaître hors des frontières avec des créations particulières, inspirées par leurs origines, de Björk à Baltasar Kormákur. Créée par PointCulture à l’initiative de la bibliothèque de Quiévrain, dans le cadre de la Fureur de Lire, cette médiagraphie propose un voyage dans le cinéma et les musiques islandaises.

Sommaire

Björk : « Black Lake » (Vulnicura, 2015)

Björk personnifie l’Islande, chose que tout le monde sait, ses qualités expressives s’échangent et se renforcent, en partie sous l’effet d’un exotisme des confins du Nord. À une terre de glace et de feu où la végétation se cale au ras du sol correspond l’anatomie étrange que se donne l’artiste, aidée en cela par la technologie, mais aussi la spiritualité, les deux faisant ici bon ménage. Björk, c’est la voix d’un paysage sans demi-mesure, sans dehors ni dedans – l’un étant le miroir de l’autre. Dans la fin d’un amour que relate « Black Lake », le massif volcanique de Fagradalsfjall est loin de jouer le seul rôle de décor. La symbolique du volcan colle parfaitement au sujet en ce qu’il offre un exemple de destruction créatrice. Il est certain que le volcan comme métaphore est une image galvaudée. Il fallait toute l’aura de l’artiste, son passeport islandais, pour rendre au phénomène sa valeur d’intensité narrative. [CDP]

Ólafur Arnalds, Island Songs (2016)

Le compositeur Ólafur Arnalds s’est fixé comme contrainte pour cet album d’enregistrer en sept semaines sept morceaux dans sept villes ou villages différents de son Islande natale. Chaque enregistrement est prétexte à une rencontre avec un poète local, une musicienne, une chanteuse, etc. Plutôt qu’une banale invitation à le rejoindre en studio, c’est l’occasion d’une visite sur place, d’une prise de son dans des lieux inhabituels, un jardin, une église, au grand air. Le projet est doublé d’un documentaire, quelque part entre le making-off et le road-movie, au travers d’ambiances brumeuses et de magnifiques paysages islandais. La musique varie d’une collaboration à l’autre mais reste dans le style attitré du compositeur, une forme néo-classique éthérée, mélancolique et languissante, proche de celui de ses compatriotes Sigur Ros. Malgré ses débuts dans des groupes de heavy metal, il a opté pour une forme hybride de musique classique légère et d’expérimentation, et se consacre également à la musique de film. (BD)

Jóhann Jóhannsson : Fordlandia (2008)

Fordlandia sort en 2008. Jóhannsson est un musicien islandais connu pour son travail dans la musique classique contemporaine, la musique électronique et les bandes originales de films. Ses œuvres se caractérisent par un mélange de sons orchestraux et d’électronique.

L'album Fordlandia tire son nom de la ville de Fordlandia, un projet architectural d’Henry Ford au Brésil dans les années 1920. L'idée de ce projet était de créer une plantation pour avoir du caoutchouc naturel, projet qui s’est soldé par un échec.

Jóhann Jóhannsson s'est inspiré de cette histoire pour créer un album conceptuel qui explore des thèmes tels que la nature, l'industrialisation, l'échec des rêves utopiques et la solitude. Fordlandia présente une musique ambiante et cinématique avec des textures sonores riches, des cordes envoûtantes et des motifs électroniques subtils. L'album est divisé en neuf pistes qui s'enchaînent harmonieusement, créant une expérience immersive pour l'auditeur. Chaque pièce transporte l'auditeur dans un voyage émotionnel profond et introspectif. (JDL)

The Sugarcubes : Life’s Too Good (1988)

Lorsque le premier album des Sugarcubes, Life’s Too Good, déboule en 1988, il place l’Islande sur la carte des territoires musicaux originaux qui va du rock à l’électronique, sur laquelle on retrouvera plus tard d’autres OVNI sonores tels Gus Gus, Ham ou encore Sigur Rós. Ces carrés de sucre, qui ne sont pas encore l’ancien groupe de sa chanteuse principale Björk (et déjà remarquée au sein de Kukl), pratique une sorte de pop azimutée qui n’aurait que pour vague cousin les Américains de The B52’s et pour (futur) petit neveu les zinzins de Deerhoof ! Des titres qui se dansent de traviole, se chantent en duo et font la culbute mélodique pour, presque à chaque fois, retomber sur leurs pattes ! Björk virevolte sans effort d’une octave à l’autre et les Islandais en profitent pour ajouter le scabreux, la dinguerie à l’originalité, comme sur ce titre « Deus » (qui donna son nom à un certain groupe belge) où la vocaliste se raconte dans une relation très charnelle avec le très haut » tout en affirmant qu’il n’existe pas ! (YH)

GusGus : This Is Normal (1998)

Second album pour ce collectif islandais à géométrie variable réunissant 9 (!) producteurs, musiciens, photographes, vidéastes. Un disque pop dans son essence mais de facture 100 % électronique, variée (house, garage, trip-hop, une pointe d’easy-listening), dansant, accessible, et affichant une température corporelle plus élevée que sur leur plaque précédente, le minéral Polydistortion. Le chant, partagé entre celui, androgyne, de Daniel et celui, cotonneux, d’Hafdis Huld (qui mènera sa propre carrière solo par la suite) charrie autant d’effluves mélancoliques qu’il n’exhale parfois de bouffées d’une sensualité froide et désincarnée (« Teenage Sensation », « Superhuman »). GusGus est passé pas loin du tube radiophonique (« Ladyshave », « Starlovers ») et de la tuerie pour dancefloor (« Very Important People »), mais à l’acmé de son système, le groupe islandais s’est ensuite progressivement orienté vers une electro-house muette des plus banales à mesure que son personnel interne le quittait pour ne subsister aujourd’hui que sous la forme d’un simple duo. (YH)

Víkingur Ólafsson : Johann Sebastian Bach (2018)

Visage inexpressif, presque austère, décor épuré, pochettes à l’esthétique glacée renvoient à la nature rude et aux hivers glaciaux de l’Islande. Sous cette apparente sévérité se cache en vérité des trésors de musicalité. Les phrasés sensuels et les nuances délicates de Víkingur Ólafsson parent chacune des œuvres que le pianiste interprète avec ce qu’il faut de charme et de liberté de ton. Pour cet album consacré tout entier à Bach, le pianiste islandais a rassemblé un panaché de pièces excessivement variées, tirées des Inventions, du Clavier bien tempéré, des Sinfonias, mais aussi choisies parmi les nombreuses transcriptions existantes. Un programme qui permet d’explorer tout l’éventail expressif de la musique du Cantor. Des œuvres virtuoses comme le prélude-choral Nun freut euch revisité par W. Kempff, à la sage Aria variata alla maniera italiana, en passant par une Sonate pour orgue plus intimistes et au contrepoint d’une rare limpidité, c’est à un festival de couleurs que nos oreilles sont conviées. (NR)

Jon Leifs : Hekla and other orchestral works (1999)

Ici sont rassemblées une série d’œuvres orchestrales balisant toute la carrière du compositeur islandais. La suite Galdra-Loftr, sur le thème faustien du pacte avec le diable, pour une pièce de l’auteur Jóhann Sigurjónsson, date de son adolescence. La sombre élégie Hinsta kvethja, à la mémoire de sa mère, fait partie de ses dernières compositions. Tout au long de son corpus règnent la noirceur et la violence, reflets des paysages de l’Islande, désolés, rudes, primitifs, ainsi que de l’histoire d’un pays marqué par les colonisations, les guerres et les catastrophes naturelles. Sa musique est le plus souvent austère, voire lugubre. L’usage des percussions peut y être hors norme, comme dans Hekla où une section très massive est à l’œuvre, ajoutant aux instruments existants des pierres, des chaînes, des enclumes, des coups de fusil… pour une reconstitution fracassante et très prenante d’une éruption volcanique. Requiem est un hommage à Lif, la fille du compositeur décédée à l’âge de 18 ans. (NR)

Hildur Guðnadóttir : Chernobyl (2019)

Violoncelliste, chanteuse et compositrice islandaise, Hildur Guðnadóttir a joué et enregistré avec des artistes de la scène électronique et indépendante, comme Pan Sonic, Throbbing Gristle ou Múm. Son entrée dans le monde du cinéma est liée au travail de Jóhann Jóhannsson : elle a collaboré à la composition de la musique pour le film Mary Magdalene et a joué les parties de violoncelle dans plusieurs films de Denis Villeneuve (Prisoners, Arrival et Sicario). Elle a ensuite été appelée à composer de la musique sous son nom propre, écrivant une partition assez sobre et minimaliste, sombre et anxiogène pour Sicario : Day of the Soldado, avant d’être engagée pour la musique de la série HBO Chernobyl, puis pour le blockbuster Joker. Elle y montre ses talents pour des compositions modernes, souvent sombres et minimalistes, atmosphériques et presque surréelles, dans lesquelles elle mêle électronique, sound design et des instruments acoustiques, parfois fabriqués. (ASDS)

Hilmar Örn Hilmarsson, Children Of Nature (1991)

Actif depuis les années 1970, le musicien islandais connu sous le nom de HÖH a joué dans de très nombreuses formations locales, Þeyr, The Elgar Sisters (avec Björk), Frostbite, Sigur Ros, et des collaborations internationales, entre autres avec Psychic TV, Current 93 et l’Hafler trio. Très tôt intéressé par les théories de Wilhelm Reich et d’Aleister Crowley, il est devenu une référence en terme de magie et de paganisme nordique, devenant en 2002 Allsherjargoði, grand prêtre de l'ásatrú en Islande et président de l'Ásatrúarfélagið, l'association pour le renouveau des anciennes religions nordiques. Très actif au sein de la scène musicale indépendante et expérimentale, Hilmar Örn Hilmarsson a également composé de nombreuses musiques de film, pour Jane Campion, Susanne Bier, Simon Staho ou encore Friðrik Þór Friðriksson. Cet album est la bande-son du film Children of Nature (Börn Náttúrunnar) de ce dernier. Elle mêle de grandes envolées de cordes à des ambiances électroniques glacées. (BD)

Sylvie Deleule : L’Islande vue par Auður Ava Ólafsdóttir, Jón Kalman Stefánsson, Árni Thórarinsson (collection L’Europe des écrivains) (2014)

Lorsqu’on évoque l’Islande, on imagine des paysages grandioses et désolés, régulièrement transformés par des tremblements de terre et des éruptions volcaniques, un pays de gens repliés sur eux-mêmes, une langue compliquée… Ce portrait documentaire, qui fait partie de la collection L’Europe des écrivains, invite à porter un regard différent sur cette île à travers celui de trois écrivains singuliers et renverse quelques clichés culturels.

Ces trois écrivains représentent, à travers leurs œuvres, de multiples facettes de l’Islande : ses traditions, son particularisme insulaire et son histoire contemporaine : Árni Thórarinsson, l'un des maîtres du polar, puise son inspiration dans la face cachée de l'île, entre corruption et conflits d'intérêts. Ancré dans une tradition romanesque et poétique, Jón Kalman Stefánsson nous embarque dans les fjords âpres et glacés du nord. Le regard décalé et plein d'humour de Auður Ava Ólafsdóttir interroge les liens puissants entre la nature et les Islandais. (MR)

Contes traditionnels : Danemark et Islande (2010)

Au 19e siècle commence un mouvement de collectage des contes traditionnels partout en Europe. L’Islande et le Danemark n’échappent pas à ce phénomène et divers spécialistes parcourent les campagnes pour recueillir des récits souvent en voie de disparition. En Islande, ce collectage, qui vise la recherche des racines anciennes de la région, contribue à la construction d’une identité nationale tandis que le pays lutte pour son indépendance.

Sur ce disque, Marina Foïs et Thierry Lhermitte prêtent leur voix pour raconter ces histoires merveilleuses et fantastiques, avec des personnages aussi divers que des trolls, des elfes ou des habitants des eaux. De la magie et du merveilleux se mélangent à la vie quotidienne, des princesses côtoient des fermiers… Et si le troll fait peur avec sa force exceptionnelle et sa laideur, et que la violence est souvent présente, il existe assez de personnages facétieux comme les lutins et les elfes pour apporter de la légèreté dans les récits. (ASDS)

Conseillé pour les enfants de 5 à 10 ans.

Jean Michel Roux : Enquête sur le monde invisible (2002)

À l’occasion d’une première visite en Islande, Jean Michel Roux découvre qu’une majorité d’insulaires pensent qu’un monde invisible peuplé d’elfes, de trolls, de gnomes, de fantômes et d’esprits, existe tout autour de nous, au même titre que la « réalité » que nous percevons quotidiennement… et certain·es affirment être en contact avec ces êtres surnaturels. Le cinéaste décide d’enquêter sur le phénomène. Reposant sur des confessions troublantes – d’hommes et de femmes de toutes catégories sociales – ce film, résultat de plusieurs années d’investigation, se situe à la croisée du documentaire et du film fantastique : bande-son ambient (Hector Zazou et Biosphere), mise en scène assumée des intervenant·es et superbe photographie d’une nature primitive. Il se dégage quelque chose de vaporeux des scènes filmées ; les images ont volontairement été retravaillées au moyen d’un filtre, conférant au film un aspect d’irréalité, entrant en parfaite résonance avec les propos étonnants des témoins. (MR)

Nietzchka Keene : Quand nous étions sorcières (1989)

Fruit de la rencontre entre une jeune cinéaste américaine et Björk dans sa prime jeunesse, ce film sorti tardivement en France est d’une étrangeté qui trouve à chaque instant sa justification. Saisis dans un noir et blanc immaculé, les paysages iconiques de l’Islande accueillent avec grâce les éléments surnaturels qui composent le récit inspiré d’un conte des frères Grimm dont l’action se déroule au Moyen Âge. L’artiste islandaise y prête son visage de lutin à une jeune femme dotée de pouvoirs occultes. De nature semblable à la sienne, sa sœur la prend sous sa protection suite à la condamnation à mort de leur mère accusée de sorcellerie. Toutes deux trouvent refuge auprès d’un homme veuf vivant avec son fils. Les sensibilités contrastées de ce ménage à quatre ne laissent aucune chance à l’amour. La tragédie n’épargnant personne, le regard qui l’embrasse ne reproduit pas le manichéisme de l’œuvre originelle, ouvrant la voie à une empathie plus profonde envers les mouvements contradictoires qui agitent la nature humaine dans un environnement hostile. [CDP]

Grímur Hákonarson : Béliers (2015)

Au sein de ces paysages désolés dont l’œil est frappé par l’absence d’arbres, l’existence d’un berger islandais n’a de sens que par celle de son troupeau. Une relation millénaire dont la complémentarité pour la survie se voit ainsi figurée par l’œuvre de Grímur Hákonarson, autant que l’isolement qui semble aller de pair avec ce mode de vie. A ce titre, les plans larges dont la profondeur de champ porte le regard vers le lointain suggèrent au spectateur le dépouillement des relations humaines en pareille contrée. Introduit par un concours annuel de béliers de race, le film campe une rivalité entre frères qui s’ignorent mais demeurent viscéralement liés par une passion commune pour leurs moutons. Délibérément ambigu quant aux motivations de son personnage principal, d’abord donné à voir comme un être envieux et retors, Béliers s’emploie à peindre à petites touches un tableau plus nuancé où l’opposition entre ruralité et urbanité est de nature à ressouder des liens fraternels effilochés par la rancune. (SD)

Hlynur Pálmason : Godland (2022)

A la fin du 19e siècle, un jeune prêtre danois arrive en Islande pour construire une église. Son expédition traverse une partie du pays, aux paysages volcaniques, rudes mais époustouflants. Elle est rendue difficile par les éléments, la pluie, la neige, le vent, et par le fait qu'il ne parle que danois, et non islandais comme son guide. Il a emmené avec lui un appareil photo encombrant, ainsi que le matériel pour développer les clichés sur plaques de verre. Le film a été tourné en 4/3, avec des bords arrondis – un format proche des photos anciennes mais qui renforce le côté étriqué de l’intrigue. Etriqué dans le sens où il y a de nombreuses incompréhensions entre les divers personnages et parce que la foi du prêtre est sérieusement malmenée. Le début du film mentionne que le réalisateur Hlynur Pálmason a été inspiré par des clichés existants mais c’est juste une histoire qui lui a permis de construire son scénario. (ASDS)

Benedikt Erlingsson, Woman at War (2018)

Halla, la cinquantaine, est professeure de musique et dirigeante de chœur la journée, mais se transforme en guerrière le weekend. Elle parcourt les campagnes islandaises, son arc à flèche à la main, et détruit des pylônes électriques pour lutter contre l’implantation d’une usine métallurgique dans les montagnes de la région. Guérilla solitaire d’une écologiste face à la multinationale Rio Tinto, et au gouvernement islandais qui s’apprête à l’accueillir, c’est un combat héroïque, à la fois baroud d’honneur et rébellion armée. Alors que ses actions de sabotage deviennent de plus en plus audacieuses et radicales, elle apprend que sa procédure d’adoption est acceptée. Magnifiquement filmée dans des paysages islandais qu’on comprend vouloir préserver, cette histoire épique est splendidement interprétée par Halldóra Geirharðsdóttir, et ponctuée par les interventions musicales d’un trio acoustique - batterie, sousaphone, piano - qui l’accompagne dans les lieux les plus inattendus. (BD)

Hafsteinn Gunnar Sigurðsson : Under the Tree (2017)

A travers Under the Tree, Hafsteinn Gunnar Sigurðsson retranscrit sa vision de la classe moyenne islandaise, retranchée dans une banlieue résidentielle dont la morosité nordique suinte par tous les pores. Deux arcs narratifs, dont on anticipe la fusion, finissent par s’y croiser : le disloquement d’un couple conditionne la dernière extrémité à laquelle est rendu un voisinage en guerre ouverte. Mais au-delà de l’arbre de la discorde qui par son ombre conflictuelle – en un pays où le soleil se fait rare – est à l’origine des hostilités, le film brasse tout un chapelet de problématiques telles que l’adultère, le divorce et le deuil. D’un point de vue formel, le montage exerce une fonction majeure dans l’établissement de la tension dramatique, notamment par ses transitions révélatrices qui orientent le spectateur dans sa perception de l’action, dès lors peu porté à croire à un arrangement à l’amiable entre les forces en présence. (SD)

Dagur Kari Petursson : Noi Albinoi (2003)

Jeune homme glabre de 17 ans vivant au sein d’un petit bourg islandais posé à flanc de montagne, Noi a tout du corps étranger inadapté à s’épanouir dans sa propre communauté. Remarquablement intelligent mais incapable de s’adapter au système scolaire dont il se verra exclu, Noi est un grand solitaire un poil maladroit qui vit chez sa grand-mère parce que son père – alcoolique et socialement instable – ne peut s’occuper de lui. Devenu fossoyeur contre son gré dans une contrée où le sol est gelé une bonne partie de l’année, il traîne son ennui en rêvant à Hawaï depuis le sous-sol aménagé sous la maison de sa mammy. Seul rayon de lumière dans sa morne existence, Iris, la jeune fille du libraire du bourg avec qui il espère refaire sa vie ailleurs. Après quelques tentatives bien maladroites d’amender son sort, le garçon est le survivant miraculeux d’un caprice cataclysmique du destin d’où viendra son salut. Comédie « triste », fin de siècle et plutôt pessimiste, Noi Albinoi traite de la différence telle une condition de survie dans un monde indifférent. (YH)

Grímur Hákonarson : Mjolk, la guerre du lait (2019)

Une petite ferme laitière non loin de Reykjavik dont l’activité dépend presqu’exclusivement du bon vouloir de la coopérative locale. Inga se retrouve seule aux commandes de son exploitation suite au décès accidentel (?) de son mari. Elle tente alors, dans un contexte (postcrise 2008) de libéralisation et de concentration du secteur agricole islandais, de lutter contre les dérives et agissements mafieux de ladite coopérative. Beau portrait d’une femme qui se défend contre un système inique au sein d’un environnement aussi grandiose que souvent austère et où il manque parfois cette petite touche locale d’humour fortement teinté d’absurde. Une histoire d’émancipation et de solidarité contrariée, mais où le choix limité des armes (du fumier, le lait) et les processus de prise de décision collective ne suffisent pas toujours à changer le cours des choses. Et parfois, le plus sage est encore de se retirer et d’aller titiller son destin sous d’autres cieux. (YH)

Baltasar Kormákur : Trapped (2015)

Au large de Seydisfjördur, petite ville islandaise sise au bord de la mer norvégienne, un bateau de pêche remonte le torse d’un homme mutilé de tous ses membres. Le chef de la police locale, l’inspecteur Adri entame les investigations avec ses deux collègues, en attendant des renforts de Reykjavik. Certain que le meurtrier se trouve sur le paquebot danois qui vient d’accoster, Adri veut le garder à quai et enquêter sur les passagers comme sur l’équipage. Mais, très vite, une violente tempête s’installe pour couper la ville du reste du monde.
Travaillant habilement sur l’atmosphère claustrophobe et la paranoïa qui va crescendo, cette série est d’une surprenante noirceur. Elle est d’autant plus noire qu’elle se découpe sur le blanc presque opaque de cet hiver impitoyable. Entre la majesté des décors et la description d’une petite communauté où chacun se connaît et se met à douter de l’autre, la réalisation prend son temps pour décrire ce microcosme dans toute sa psychose. Un régal. (JJG)


Une médiagraphie réalisée par Jean De Lacoste, Simon Delwart, Catherine De Poortere, Anne-Sophie De Sutter, Benoit Deuxant, Jean-Jacques Goffinon, Yannick Hustache, Marc Roesems et Nathalie Ronvaux dans le cadre de la Fureur de Lire – Cap au Nord, pour la bibliothèque de Quiévrain.

Crédit photo: Iceland d'Andrzej (Pixabay)

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