Compost et cinéma

Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous avons souhaité commencer avec la projection d’extraits de cinéma (documentaires et fictions) sur le thème du compost, et un peu plus généralement, sur notre relation à la terre. Nous avons ainsi tenté de saisir quelques éléments de l’histoire que celles et ceux qui compostent aiment se raconter, quelle valeur ou représentation touche et met en mouvement.

Cette proposition s’inscrit dans le prolongement d’un travail que PointCulture vient de publier : « Habiter et raconter en solastalgie » : une enquête sur les manières d’habiter la terre en ces temps de pertes et d’incertitudes qui nous obligent à nous réapproprier nos territoires, nos corps, nos mots et nos imaginaires pour réajuster notre relation au monde. Cette enquête, conçue pour alimenter la réflexion de celles et ceux qui s’intéressent à la place de l’imaginaire et du cinéma dans les questions écologiques, est le fruit de neuf mois d’allers et retours entre les témoignages de personnes qui souhaitent évoluer vers des modes de vie plus respectueux du vivant et l’analyse des représentations et discours véhiculés au cinéma.

Un petit mot sur les films sélectionnés sur le thème du compost

Pour certain·e·s, le contact et le travail de la terre permettent de se sentir en vie et en lien avec l’ensemble du vivant, de s’émerveiller de la magie des cycles et de la matière (Ici la terre et Wild Plants).

L’alimentation et le travail du compost sont une responsabilité partagée entre les humain·e·s et les autres organismes qui décomposent la matière. Le compost est volontiers comparé à une usine où chacun à sa place et travaille (Guerre et paix dans le potager et Ça bouge pour l’alimentation).

Pour d‘autres, la terre, féminine, est avant tout une histoire de tendresse, d’amour et de sensualité. La relation à la terre est fondée sur la notion de soin (Ca bouge pour l’alimentation et Vache de guerre).

La pratique du compostage est l’occasion d’observer les cycles de la vie, d’accepter les changements d’état, le vieillissement et la mort, de poser un autre regard sur ce qui est désirable ou utile (Wild Plants). Il faut dépasser les dualismes (sale/propre, utile/inutile). Ainsi, ce qui reste dans l’assiette et ce qui s’accumule dans la fosse des toilettes sèches peut donner naissance à une prairie (Ici la terre).

Il y a les regards sensibles mais aussi les approches académiques et théoriques, et même encyclopédiques pour les amateurs de sciences dans Bouvard et Pécuchet dont l’approche à la fois enthousiaste, documentée et naïve tourne à la maladresse alors que les deux amis cherchent à augmenter la productivité de leurs terres.

Le compostage est une activité qui s’enseigne et se transmet. Il y a parfois des nuances dans les pratiques. Il faut apprendre les techniques et expérimenter, et cela commence par le tri des déchets, dès l’école, comme au sein cet établissement de banlieue parisienne dans La Cour des miracles. Le compostage fait partie des pratiques adoptées par les personnes soucieuses de ne pas épuiser les ressources de la planète et de ne pas gâcher des matières premières. Il fait par exemple partie des initiatives prises par des élèves engagé·e·s dans le sauvetage d’un glacier des Alpes dans Les Têtes givrées. Il amène à poser un regard attentif sur les matières qui nous entourent et à accepter ce qui a pourri, les larves et les odeurs ou les faire accepter par les autres (voisins, famille, etc.) ! (Clean Bin Project, Ma vie zéro déchet, Normandie nue).

Dans l’espace, le compost est réduit à un mélange de terre stérile martienne et d’excréments déshydratés. Dans le film The Martian, il permet à un astronaute abandonné, non seulement de survivre, mais aussi de « coloniser la planète » grâce à une plantation de pommes de terre. Ici, le compost est une recette de chimie mise au service de la conquête de la terre et de l’espace.

Compostable ?

Les emballages de magazines et les récipients en plastique biodégradable sont-ils compostables ? Et si oui, dans quel compost ? Car il existe une différence entre le compostage industriel et le compostage domestique. Certains matériaux sont par exemple uniquement compostables dans des conditions industrielles (une question de température et de champignon). Notre invité Bruno De Wilde, directeur général de Normec Organic Waste Systems a fait le point sur les différents matériaux utilisés dans les emballages (biosourcés et pétrosourcés) et sur les processus (désintégration, décomposition, compostage). Une labellisation OK-compost se met en place pour indiquer que faire de nos plastiques lorsqu'ils sont biodégradables ou compostables.

Quelques liens utiles pour retrouver les informations partagées :

• Sur les labels : https://www.labelinfo.be/fr/label/ok-home-compost
• Labels Tuv : https://www.tuv-at.be/fr/okcert/
• Le site de Worms asbl : https://www.wormsasbl.org/