Est-ce que tu m’aimes en corps ? | Médiagraphie
Sommaire
EN MUSIQUE
Lizzo - Special (2022)
Melissa Viviane Jefferson, connue sous le pseudonyme de Lizzo, fait un retour en force avec son quatrième album, intitulé Special. Ce disque propose un habile mélange de disco, d’R&B, de soul et de funk, avec des moments explosifs tels que le titre « About Damn Time », ainsi que des instants d'introspection comme la balade « Coldplay ». À travers des morceaux comme « Special » ou « I Love You Bitch », Lizzo encourage l'émancipation et la confiance en soi. De plus, l'album rend hommage à différentes époques musicales en utilisant des samples des artistes emblématiques tels que les World’s Famous Supreme Team, les Beastie Boys et Lauryn Hill. La musique de Lizzo, accompagnée de ses vidéos et de ses performances sur scène, aborde des sujets sensibles comme la stigmatisation des corps, la sexualité et l'identité. Elle partage son parcours d'introspection et offre un message positif de self-love face aux pressions de nos sociétés, qui accordent une importance excessive à l'apparence physique et à l'hypersexualisation des corps. (DBF)
Brigitte Fontaine : Prohibition (2009)
Brigitte Fontaine est âgée de 70 ans quand sort l’album Prohibition. Elle ne nous en voudrait pas de citer son âge puisqu’elle le revendique haut et fort. Dès ses débuts dans les années soixante, elle s’exprime en toute liberté dans différents domaines artistiques : théâtre, poésie, chanson, … peu lui importe. Elle se soucie aussi peu des catégories que des tendances et c’est donc dans la marge qu’elle s’épanouit. De là, elle observe le monde alentour et son regard est aussi perçant que son verbe est acéré. La chanson « Prohibition », c’est l’expression d’un désir farouche de vivre sa vie comme elle l’entend et jusqu’au bout. Dans une société qui ne veut voir ni la vieillesse, ni la maladie ni même la mort elle affirme simplement qu’elle veut « baiser, boire et fumer ». Et pour conclure, ultime (ir)révérence : Je suis vieille sans foi ni loi, Si je meurs ce sera de joie. (GB)
Anne Sylvestre : « Les Hormones Simone » (2000)
Surnommée « Brassens en jupon » à ses débuts dans les années soixante, Anne Sylvestre a su toucher tout au long de sa carrière aussi bien les adultes que les enfants. Un répertoire hors du temps, intelligent et sensible pour les uns et ses fameuses Fabulettes pleines de fantaisie pour les autres. Ses chansons sont souvent un savant équilibre de tendresse, d’humour et de réflexion sur les problèmes de son temps : condition féminine, couple, maternité, avortement, … Elle raconte tout droit, pour reprendre son expression (dans « Douce maison »). « Les hormones Simone » en est un parfait exemple. Elle y enfile avec ironie les perles des clichés sexistes à l’égard des femmes : de la puberté à la ménopause en passant par la maternité, rien ne lui échappe et tous les préjugés sont moqués sans ménagement. Pour terminer sur une note tendre : Et vive les hormones, Simone ! (GB)
Derek Bailey : Carpal Tunnel (2005)
Guitariste incontournable dans le milieu de l'improvisation, Derek Bailey sort à 75 ans son dernier album studio Carpal Tunnel sur le label mythique Tzadik. L’album porte le nom d’un syndrome du même nom qui est une maladie qui touche la main et le bras par des douleurs chroniques. Au lieu d'abandonner la pratique de son instrument, il décide de faire une cartographie temporelle de l’évolution de sa maladie. A travers les morceaux on explore les limites du corps et les nouveaux langages musicaux que cela peut générer. L’album montre qu’avec un corps dans le déclin, on peut jouer avec ça pour encore exister dans une pratique d’instrument et en créer un laboratoire d'expériences sonores. (JDL)
UNE PROPOSITION DE JEU
Life is strange : True colors (Don’t Nod/Square Enix, 2021)
Life is strange est une série de jeux vidéo d'aventure graphique en vue objective se rapprochant du film interactif. On la doit au studio français Don’t nod. Dans le dernier opus Life is strange : True colors, l’héroïne Alex Chen, possède un pouvoir surnaturel appelé « Empathie extrême ». Ce pouvoir lui permet de ressentir et de manipuler les émotions d’autres personnes. Au fur et à mesure du scénario, Alex se rend compte de l'importance d'accepter son pouvoir et de l'utiliser pour comprendre les autres et se connecter à eux. Le jeu présente également plusieurs quêtes secondaires mettant en scène des personnages en lutte avec des problèmes d'acceptation de leur corps. Cette thématique est un leitmotiv récurrent dans les jeux du studio Don’t nod, que ce soit dans le choix de la sexualité dans le premier opus de Life is strange ou bien la transidendité dans Tell me why. (TM)
EN IMAGES DOCUMENTAIRES
Marie Losier - The Ballad of Genesis and Lady Jaye (France, 2011)
Le film raconte l’histoire d’un amour fou et ultime entre Genesis P. Orridge, considéré comme un des pionniers de la musique industrielle à travers ses nombreux projets tels que « Throbbing Gristle » ou « Psychic TV », et Lady Jaye Breyer, performeuse américaine. Voulant atteindre une sorte d’échelon suprême dans l’amour, le couple entame, au début des années 2000, une performance unique et permanente : ils créent le concept de pandrogynie, sorte d’acte de foi visant à se transformer tous les deux en une nouvelle personne, une troisième entité, née de leur union, afin d’atteindre la plus grande ressemblance possible. Commençant d’abord par s’habiller et se coiffer de la même manière, le couple se fait poser des implants mammaires en 2003 et multiplie les recours à la chirurgie esthétique. La réalisatrice Marie Losier a suivi le couple pendant plusieurs années. À de nombreuses séquences de leur quotidien, de fêtes, de leurs tournées, elle ajoute aussi de nombreux éléments biographiques nous permettant d’avoir une représentation plus profonde de la personnalité artistique de Genesis. L’ensemble des scènes, souvent déjantées, absurdes et extravagantes transcende le propos pour le rendre touchant, humain et palpable. En évitant tout sensationnalisme ou toute sensiblerie, Marie Losier rend sans doute le plus bel hommage à Lady Jaye en nous permettant de nous souvenir d’elle comme elle l’aurait souhaité, c’est-à-dire comme ayant vécu « une des plus grandes histoires d’amour ». (SM)
Yves Mora : La Peau de l’autre - (2014)
Jef et Kostek sont deux artistes-tatoueurs qui, depuis quelques années (au moment du tournage), se sont faits connaître, en Belgique et à l’étranger, pour leur art graphique, leur talent et leur approche singulière. Ils se sentent plus libres que jamais depuis la vente de leur boutique et travaillent sur rendez-vous. Leur philosophie de vie est un mélange d’attitude punk et d’attention aux autres. Avant de planter leurs aiguilles colorées dans les chairs, il leur faut échanger, cerner celles et ceux qui adopteront leurs propositions artistiques – uniques – sur leur corps. Ce moment d’échange qui les nourrit est crucial dans leur processus artistique, tout comme les échanges avec d’autres artistes-tatoueurs. Le film les suit un peu partout en Europe, de Berlin à Oslo, en passant par Paris ou Bergen, dans des conventions ou des festivals, et bien sûr à Bruxelles, place du Jeu de Balle, où se trouve encore la boutique de leurs débuts. (MR)
Thierry Michel : L’Homme qui répare les femmes (2015)
Le docteur Denis Mukwege est à la fois chirurgien, pasteur pentecôtiste et activiste de l’État de Droit. Pour le cinéaste Thierry Michel, dont une grande partie du travail documentaire est consacrée au Congo depuis plusieurs décennies, l’histoire de cet homme est déterminée par celle du pays. Dresser le portrait de Denis Mukwege, homme exemplaire et modèle de courage, c’est aussi parler du Congo contemporain.
Sa mise en lumière sur la scène internationale pour dénoncer inlassablement les crimes commis par diverses milices dans le Sud-Kivu (Est du Congo) et rendre compte de la situation extrêmement dangereuse dans laquelle doivent survivre les populations locales, dont les femmes, victimes par milliers de viols avec une extrême brutalité et utilisées comme « armes de guerre », ont valu à Denis Mukwege intimidations, menaces et tentatives d’assassinat.
Thierry Michel suit le gynécologue ainsi que son équipe médicale, qui continue de soigner et réparer des milliers de femmes pour leur rendre leur dignité, depuis l’hôpital de Panzi (Bukavu), sous la protection de Casques Bleus, ou lors d’interventions à l’étranger (à Washington ou au Parlement européen). (MR)
Dusan Hanàk : Images du vieux monde (1972)
Le film se déroule dans un petit village slovaque et explore la vie quotidienne des habitants, en particulier des personnes âgées. Hanák utilise une approche documentaire et poétique pour capturer les moments simples de la vie rurale et les traditions. On voit ici des hommes et des femmes qui vivent leur quotidien et questionnent leur raison de vivre avec douceur et philosophie. Images du Vieux Monde met en avant les thèmes de la solitude, de la vieillesse, de la mémoire et de la relation entre les individus et leur environnement. Le réalisateur utilise des plans longs et contemplatifs pour créer une atmosphère introspective et immersive. Il présente une vision nostalgique d'un monde en voie de disparition, tout en mettant en lumière une perception du corps et de l’âge en lutte pour continuer à vivre. (JDL)
Lisa Billuart-Monet & Daphné Leblond : Mon nom est Clitoris (2019)
Mon nom est Clitoris est un documentaire intime réalisé par Lisa Billuart-Monet et Daphné Leblond, qui plonge au cœur de l'érotisme féminin à travers une série d'interviews sincères et spontanées. Le film met en scène douze jeunes femmes âgées de 20 à 25 ans, confortablement installées sur leur lit, qui partagent ouvertement les différentes façons dont elles ont découvert leur corps et l'organe érectile féminin. Cette approche permet de créer une proximité émotionnelle avec les protagonistes, et offre un regard perspicace sur l'exploration individuelle de la sexualité. Le documentaire remet en question les normes sociales établies et vise à susciter une prise de conscience plus large sur le plaisir des femmes. En brisant le silence qui l'entoure trop souvent, le film ouvre la voie à une meilleure compréhension et à une discussion plus ouverte sur ce sujet essentiel. (DBF)
Patric Chiha : Si c’était de l’amour (2021)
« Crowd » est le titre d’une pièce écrite par Gisèle Vienne mettant en scène une rave party dont on imagine qu’elle a lieu dans les années 1990. En filmant ce travail, Patric Chiha ne s’arrête sur la forme théâtrale que pour sonder ce qui se trame à l’intérieur du temps que la représentation condense. Il s’agit de sentir de quelle émotion, de quel état de corps provient la danse, et avant elle la musique, et de laisser infuser ce dont elles sont toutes deux dépositaires. De cette manière, le film épouse ce grand principe de la danse selon lequel le geste serait à l’origine de l’émotion. Ce sont les larmes qui fondent la tristesse, les frissons la peur, le rire la joie. Quelle émotion, se demande-t-on alors, peut bien naître d'un geste empêché ? Un baiser impossible, retenu à la dernière seconde, porte cette interrogation au cœur du spectacle. (CDP)
EN FILMS DE FICTION
David Cronenberg : Les crimes du futur (2022)
Il se passe des choses étranges dans le corps de Saul Tenser. Des organes tout neufs se développent en lui provoquant de profonds bouleversements internes qui menacent de lui faire perdre son humanité. A intervalles réguliers, Caprice, chirurgienne de son état, s'emploie à le soulager de ces poussées intruses. L’opération a lieu lors de représentations publiques d’une perversité addictive. Elles rassemblent un public d’initiés où les voyeurs se confondent aux scientifiques mus par les mêmes désirs inavouables. On y trouve des amateurs d’art mais aussi des représentants de diverses associations clandestines dont les intentions ne sont jamais claires. Que mangera-t-on dans le futur et de quelle manières ? Quels effets ces changements alimentaires auront-ils sur les corps ? Telle est la question que pose en filigrane un récit où la biologie rejoint le politique, et le dégoût l’excitation. (CDP)
Delphine & Muriel Colin : 17 filles (2011)
A Lorient, une adolescente tombe enceinte. A sa suite, 16 filles du lycée décident de faire de même. Solidarité, ennui, volonté de faire mieux que leurs parents, d’appartenir au groupe, d’affirmer leur indépendance ; les motivations sont multiples.
Ce film, inspiré de faits réels, pointe la question du droit à disposer de son corps. En réunion, les adultes parlent d’interdire, d’exclure, tandis que sur la plage, les filles décident de prendre possession de leur vie. Cette étonnante affirmation de liberté, incomprise des adultes, n’est pas jugée, simplement exposée. La caméra chemine entre les ventres arrondis et les visages des protagonistes, entre l’euphorie des moments passés ensemble et la solitude et l’ennui des chambres d’adolescentes.
Les garçons sont secondaires, vagues intérêts amoureux ou simples géniteurs, les bébés ne sont pas encore nés, les parents sont avant tout une figure à laquelle s’opposer : l’amour qui se joue dans ce film est celui entre ces filles qui rêvent de sororité. (MDR)
Julia Ducournau : Grave (2016)
Jusque-là essentiellement associée à une stratégie de survie, la représentation du cannibalisme dans le cinéma de fiction se mue en un véritable atavisme avec Grave. La phase d’exposition du film, axée sur l’entrée du personnage de Justine en études de médecine vétérinaire, exploite les nombreuses équivoques qui permettent à Julia Ducournau de faire basculer son film dans le cinéma de genre. Par son statut de bizute, soumise aux humiliations ludiques mais non moins sanglantes de ses aînés, Justine se voit contrainte d’ingérer des abats d’animaux malgré un vœu affirmé de végétarisme. De là s’enchaînent une série d’événements propres à lui révéler ce qui constitue sa nature profonde. De par la prédilection à la fois neuve et obsessionnelle de sa protagoniste pour les corps dénudés, le film suggère par avance une fin dramatique, quoique savamment amenée. (SD)
Lukas Dhont : Girl (2018)
Girl est inspiré d’une histoire vraie, celle de Lara, quinze ans, née garçon et qui suit des cours de danse. La caméra de Lukas Dhont pose son regard sur ce corps impatient, en inadéquation complète avec son identité. Relation incompatible, déséquilibre profond avec lesquels elle doit vivre. Souffrance lancinante d’une morphologie, d’une anatomie qu’elle déteste. Le façonnement souhaité prend du temps, beaucoup trop malgré le soutien familial. Le prix à payer sera lourd pour devenir qui elle veut véritablement être : une danseuse étoile. Caméra d’or au Festival de Cannes en 2018. Plébiscité par une grande partie de la critique, le long métrage a également été l’objet de vives polémiques, lui reprochant notamment une obsession dérangeante pour la génitalité et plusieurs clichés genrés. Un film qui n’a pas laissé indifférent. (StS)
John Waters : Hairspray (1988)
Sous la forme d’une comédie frivole et impertinente, Hairspray raconte l’épopée délirante de Tracy Turnblad, jeune fille potelée. Elle deviendra la danseuse principale de l’émission de danse d’une télé locale de Baltimore. Ce qui contribuera à bousculer tous les critères de beauté que définit ce genre de programme. Ce film, dont l’action se déroule en pleine ségrégation, est autant un authentique manifeste pour l’intégration sous toutes ses formes, physiques ou ethniques, qu’un portrait cinglant de l’Amérique raciste et conservatrice des années soixante. Le plus grand succès commercial de John Waters qui reconstituera pour la dernière fois son tandem légendaire avec Divine, illustre et corpulente icône Queer du cinéma underground, qui décédera quelques semaines après la projection du film. Hairspray sera également adapté quelques années plus tard en comédie musicale à Broadway. (StS)
James Mangold : Heavy (1995)
Pour son premier long métrage, James Mangold (Copland, Walk The Line) réalise une histoire poignante entre deux employés d’un restoroute situé dans un bled perdu des États-Unis. Celle de Callie, jeune serveuse sensuelle et gracieuse, et de Victor, le chef cuisinier complexé et bedonnant. Cette relation fantasmée bouleversera le quotidien de l’équipe du restaurant composé également de la mère dominante de Victor et de la sardonique seconde serveuse (mention spéciale à Debbie Harry, alias Blondie !). Elle ébranlera également les repères du cuistot, plutôt habitué aux remarques sarcastiques des clients sur son obésité. Cette relation lui donne enfin l’opportunité de se réconcilier avec son corps qui est autant un frein à une vie sociale et sentimentale que le symbole d’un ostracisme qui réduit sa vie à pas grand-chose. Des dialogues qui s’estompent pour laisser la place à un langage corporel, volonté du cinéaste. Une réussite. (StS)
Carine Tardieu : Les Jeunes amants (2021)
Elle a 70 ans révolus tandis que lui n’en a que 45. Loin de développer un discours contre l’âgisme, le film suit à pas mesurés deux personnages hors normes, une femme à laquelle Fanny Ardant offre sa ferveur coutumière, et un homme, Melvil Poupaud, dans un rôle qui le veut presque angélique. Ces deux êtres ne sont pas là pour nous faire croire en une utopie où les rapports de séduction ne seraient plus fondés sur la fraîcheur de l’apparence. Leur désarroi nous dit bien la peine qu’ils ont eux-mêmes à admettre un intérêt réciproque. Une femme de 70 ans peut-elle encore faire l’amour ? Désirer le faire ? Exprimer ce désir ? Ces questions qui fondent les réticences d’un personnage séduisant, fortuné et doté d’une grande intelligence, montrent la puissance d’un dogme social voulant que, pour le sexe féminin, la ménopause sonne l’heure de fin de la vie amoureuse. (CDP)
Harry Macqueen : Supernova (2020)
Ce road movie signé Harry Macqueen met en scène les pérégrinations vers l’inéluctable épilogue d’un tandem indivisible, Tusker et Sam. En effet, Tusker est atteint de démence précoce. Le périple que le binôme entreprend sur les chemins bucoliques d’Angleterre fait office de baroud d’honneur pour l’intéressé. En laissant derrière lui sa médicamentation, qu’il juge prescrite en vain, le malade renseigne d’ores et déjà sur ses intentions : il ne retardera pas la fatale déliquescence de son intégrité physique. Ce faisant, Tusker choisit de ne pas attendre que sa personnalité s’étiole au point que ne demeure plus de lui qu’une enveloppe corporelle vide et méconnaissable aux yeux de Sam, l’être aimé. Ce choix apparaît comme la résultante d’une froide pondération entre bénéfice et coût… Quoi que puisse d’ailleurs en penser son conjoint placé devant le fait accompli. (SD)
Claire Denis : Trouble Every Day (2001)
Shane et June, un couple d’Américains, débarquent à Paris pour leur voyage de noces. L’homme (Vincent Gallo) présente des signes de manque et recherche désespérément un scientifique qu’il a connu, Léo. Ce dernier vit avec Coré (Béatrice Dalle), sa femme, qu’il séquestre chez lui. Elle et Shane sont tous deux victimes de pulsions obsessionnelles qui les conduisent à des relations sexuelles violentes suivies de cannibalisme avec des inconnu·es rencontré·es au gré de leurs « chasses ». Tels des vampires diurnes au magnétisme sensuel exacerbé, ne tolérant que la présence régulière de leurs conjoints respectifs, Shane et Coré - qui à la différence de l’Américain n’a plus aucune vie sociale - sont inscrits dans une routine mortifère, une chasse au partenaire toujours recommencées où « l’élu·e » est sacrifié·e puis consommé·e, d’abord par le sang puis par la chair. L’altérité n’a ici plus sa place et l’acte sexuel, devient inévitablement un rituel anthropophagique et prédateur.(YH)
Une médiagraphie réalisée par Dany Ben Felix, Geoffrey Briquet, Jean De Lacoste, Simon Delwart, Catherine De Poortere, Marion De Ruyter, Yannick Hustache, Stéphane Martin, Marc Roesems, Thierry Moutoy et Stanis Starzinski à la demande de la Bibliothèque Centrale de Bruxelles.
Image en bannière : Viggo Mortensen et Léa Seydoux dans Crimes of the Future (David Cronenberg, 2022)