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De la Terre à la Lune

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Le récent succès d’alunissage d’une sonde indienne montre que notre satellite naturel reste un symbole fort dans l’imaginaire de celles et ceux qui rêvent de conquête spatiale. Ne soyons pas naïfs. À travers cet exploit, comme ceux qui l’ont précédé (américains, soviétiques et chinois), il s’agit d’affirmer la puissance – voire la supériorité – d’une nation, mais on peut aussi penser qu’une très grande partie du personnel qu’il a fallu réunir pour réaliser de tels projets a été nourrie, dès l’enfance, d’œuvres et d’ouvrages de science et de science-fiction. Réalisée à l’initiative de la BiLA (Bibliothèque des Littératures d’Aventures), cette médiagraphie rassemble des films, des séries et un jeu sur le thème de la conquête lunaire.

Sommaire

Georges Méliès : Le Voyage dans la Lune (1902)

Le scénario de ce film muet, première œuvre de science-fiction du cinéma, s’inspire des romans De la Terre à la Lune de Jules Verne (1865) et Les Premiers hommes dans la Lune de H. G. Wells (1901). Écrit, produit et réalisé par Georges Méliès, Le Voyage dans la Lune est son film le plus ambitieux, une pièce à grand spectacle, en trente tableaux, qui a demandé trois mois de travail pour une durée totale de 15 minutes. Féérie baroque au registre burlesque, ce film marque un tournant dans l’histoire du cinéma… six ans à peine après la découverte par Méliès des vues photographiques animées des frères Lumière. [MR]


Nick Park : Wallace et Gromit – Une grande excursion (1989)

Le premier film mettant en scène les deux héros de pâte à modeler : Wallace, inventeur génial et tête-en-l’air, et Gromit, son chien fidèle, toujours alerte lorsqu’une situation louche se présente. Wallace aime bien le fromage avec ses crackers. Alors, quand il trouve son réfrigérateur vide, il est obligé d'aller très loin – et très haut – chercher de quoi se sustenter car, comme il le dit : « tout le monde sait que la Lune est en fromage » ! C’est en fusée, construite de leurs propres mains et pattes, qu’ils s’y rendent…
Un bijou d’animation en stop motion, humoristique et rythmé, pour tous publics. [MR]


KeokeN Interactive : Deliver Us the Moon (2019) – PS4

2054, les ressources de la Terre diminuent. Des scientifiques parviennent à exploiter un nouveau gisement situé sur la Lune, l’hélium 3, qui est acheminé vers notre planète via un gigantesque satellite… jusqu'au jour où la Terre perd tout contact avec les colons chargés de la transmission du précieux gaz. Votre mission est simple : partir sur la Lune pour découvrir le fin mot de l'histoire. Ce jeu indépendant du studio néerlandais KeokeN Interactive séduit pas son gameplay varié (action, aventure, énigme), son ambiance immersive (sonore et visuelle) et se révèle être un excellent simulateur spatial. [TM]


Timo Vuorensola : Iron Sky (2012)

En 2018, une expédition spatiale est envoyée sur la Lune. Les deux astronautes qui en sortent font quelques pas et tombent sur une patrouille de nazis qui abat l’un et capture l’autre. On apprend alors que des scientifiques du Troisième Reich ont installé, à la fin de la guerre, une base lunaire sur la face cachée, et attendent l’heure de la revanche. Kortzfleisch, le successeur du Führer, et son lieutenant Adler vont trouver dans le téléphone portable du prisonnier la technologie nécessaire à leur grand retour. Film de science-fiction décalé et inattendu, Iron Sky est une blague énorme et réjouissante. [BD]


Nathan Juran : Les Premiers Hommes dans la Lune (1964)

Adapté du roman de H.G. Wells, ce film raconte la surprise d’une mission lunaire qui découvre en 1964 qu’elle n’est pas la première à visiter le satellite. Elle trouve sur la Lune les preuves de l’envoi par un scientifique, plus de 60 ans auparavant, d’une sphère emportant trois voyageurs. Un survivant de cette expédition est alors retrouvé, sur Terre, dans une maison de retraite. Interrogé, il révèle la vérité sur les anciens habitants de la Lune. Tourné cinq ans avant le premier véritable alunissage, ce film comporte d’étonnantes séquences d’animation réalisées par Ray Harryhausen. [BD]


Laurent Portes : Korolev / von Braun - Duel sous la Lune (2013)

Même si ce n’est pas son but premier, ce film montre le lien entre la conquête de l’espace et la course aux armements. Deux hommes que tout oppose poursuivent le même rêve, atteindre la Lune. Korolev est russe, il sera traité comme ennemi du peuple avant la déstalinisation, et poursuivra ses travaux en prison. Von Braun deviendra nazi par opportunisme et construira les missiles V1 et V2 qu’Hitler lancera sur l’Angleterre. À la fin de la guerre, Soviétiques et Américains vont chercher à s’emparer de lui et de ses travaux. Il choisira, sans doute toujours par calcul, de se mettre au service des USA. [BD]


Divers cinéastes : Cosmos 1999 (1975-1976)

Durant deux saisons et 48 épisodes, cette série raconte les aventures de la base lunaire Alpha et de ses habitants, propulsés à la dérive dans l’espace lorsqu’une explosion nucléaire arrache le satellite à la gravité terrestre. Son errance va être parsemée de phénomènes inexplicables et de rencontres avec des créatures étranges et des civilisations extraterrestres. Réalisée par Gerry et Sylvia Anderson qui reprennent l’esthétique déjà développée dans leurs séries précédentes comme les Thunderbirds ou Stingray, mais cette fois avec des acteurs en chair et en os au lieu de marionnettes. [BD]


Philip Kaufman : The Right Stuff / L’Étoffe des héros (1983)

L’Étoffe des héros retrace les moments-clés de la conquête spatiale engagée entre l’URSS et les États-Unis en pleine guerre froide. De 1947 où, le premier, Chuck Yeager dépasse le mur du son qu’on pensait alors infranchissable, jusqu’au dernier vol du programme Mercury avec Gordo Cooper, qui effectuera 22 révolutions autour de la Terre, chaque avancée, chaque record, chaque camouflet infligé par les Russes sont narrés avec une grande fidélité historique. Le choix du casting, l’héroïsme ou la cocasserie de certaines scènes (la collecte de sperme !) font de ce film d’aventuriers de l’espace un spectacle réjouissant. [NR]


Arthur Hilton : Cat-Women of the Moon (1953)

Après son alunissage, l’équipage d’une fusée spatiale découvre une série de cavernes souterraines pourvues d’oxygène. Ils y trouvent de l’eau, des araignées géantes et une cité mystérieuse habitée par une race de femmes télépathes. Film classique de la science-fiction des années 1950, le récit est parsemé de raccourcis, d’approximations et d’invraisemblances, mais possède un certain charme suranné. Moyen métrage à petit budget, Cat-Women of the Moon est toutefois devenu un film culte et a lancé une mode de récits du même genre, présentant la découverte de civilisations disparues, exotiques et fascinantes. [BD]


Duncan Jones : Moon (2009)

En admettant que, dans un futur proche, on découvre que la Lune recèle une source d’énergie capable de combler les besoins de l’humanité vorace, quelles seraient les conditions de vie des astronautes missionnés loin de la Terre ? Sans grands moyens sinon un arsenal de références allant de Kubrick à Tarkovski, le film met en scène la solitude d’un de ces travailleurs de l’espace. Arrivé au bout de sa mission, celui-ci prend conscience que son statut, et l’avenir qui en dépend, ne sont pas ce qu’on lui avait fait croire. Au fil d’un scénario antispectaculaire, la Lune se révèle être ce hors-champ où s’inscrit une forme d’exploitation inédite. [CDP]


Alexandre Auque : En direct de la Lune 1969 (Mystères d’archives) (2008)

Le 20 juillet 1969, Neil Armstrong est le premier homme à poser le pied sur la Lune... Mais qui le filme quand il exécute ce petit pas historique ? Voici le point de départ de ce film tiré de la collection Mystères d’archives, conçue par Serge Viallet et Cédric Lépée, pour (re)voir des images connues ou inédites qui témoignent de notre histoire et ont marqué notre mémoire ou notre imaginaire. Chaque film est construit comme une enquête ; observées à la loupe, les images sont disséquées et commentées, dévoilant une multitude d’éléments significatifs qui se cachent derrière les événements tels qu’ils nous ont été montrés. [MR]


Gonzalo López-Gallego : Apollo 18 (2010)

Des images classées secret défense de la NASA de la dernière mission Apollo 18, celle de 1974, qui officiellement n’a jamais eu lieu, finissent par fuiter. Mêlant archives privées, commentaires hors-champ et prises de caméra portable embarquées, cette ultime expédition lunaire exécutée selon le mode opératoire classique (un astronaute en orbite et deux hommes au sol) tourna à la catastrophe. Cette Rencontre du 3ème type à la manière Cloverfield mais en mode « found footage », souffre un peu de son manque de moyens et de ses écarts de rythmes mais surprend de bout en bout (les Russes ne sont pas oubliés !) et se révèle une vraie bonne surprise. [YH]


Fred C. Brannon : Radar Men from the Moon (1952)

Dans le plus pur style des serials, ancêtres des feuilletons télévisés, Radar Men from the Moon est une série de courts épisodes menés à toute vitesse. Le héros en est un savant qui découvre les plans d’invasion de la Terre par le despote de la Lune et ses espions. Avec force rayons lasers, jetpacks et fusées atomiques, la lutte pour la liberté et la survie de notre planète va connaître de nombreux rebondissements. Reprenant les codes classiques de la menace d’une agression intergalactique par un dictateur extraterrestre, c’était à l’époque le plus gros budget de la firme Republic Pictures. [BD]


Fritz Lang : La Femme sur la Lune (1929)

Deux ans après Metropolis, l’attrait de Lang pour la technique engendre ce témoignage sur l’état de la recherche spatiale dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres. Coécrit avec le pionnier de l’astronautique allemand Hermann Oberth, le scénario cale la leçon d’astronomie sur une intrigue policière, celle-là même que l’on retrouve, trente ans plus tard, dans le diptyque d’Hergé, Objectif Lune et On a marché sur la Lune. Muet, le film n’échappe pas à la dramaturgie de l’époque au regard de laquelle la mise à l’honneur d’une femme ingénieure n’est que prétexte à rajouter une dimension de rivalité amoureuse au tableau déjà très sombre du progrès et des rapports humains abîmés par les intérêts financiers. [CDP]


Ron Howard : Apollo 13 (1995)

Avril 1970, la septième mission spatiale habitée du programme Apollo (U.S.) vers la Lune connaît un accident dans ses réservoirs à oxygène. La perte de l’alimentation électrique qui suivit obligea l’équipage à calculer une trajectoire de retour risquée tout en réduisant la consommation d’énergie de la navette à sa plus simple expression aux moyens de 1001 stratagèmes. Le film de Ron Howard souligna à la fois le sang-froid et le talent d’improvisation de l’équipage mais aussi de quelques ingénieurs/inventeurs de la NASA. Laquelle, commençait déjà à envisager de remplacer ses vols habités par de moins onéreuses et dangereuses sondes spatiales automatisées. [YH]


Roland Emmerich : Moonfall (2022)

Dans ce blockbuster qui prend en compte la nouvelle géographie mondiale des rapports de force (la Chine et les USA ET le reste du monde), la Lune quitte son orbite et fonce sur la Terre. Seul espoir pour l’humanité, un improbable trio comptant en son sein un adepte du complot, et ayant à peu près une chance sur 10.000 de réussir. Impressionnant dans sa démesure catastrophiste (mais hélas moche et sombre dans sa facture visuelle) le film surfe en plein sur l’une des théories les plus farfelues concernant la nature et l’origine de notre satellite. Il fallait oser, Roland Emmerich l’a fait ! [YH]


William Karel : Opération Lune (2002)

Opération Lune est le prototype même du « documenteur », un vrai-faux doc qui titille les limites de notre crédulité et souligne notre abdication critique systématique face au « pouvoir de vérité » des images. Derrière cette « rumeur » aussi vieille que l’alunissage lui-même – les images n’ont pas été réalisées en prise directe mais par Stanley Kubrick dans son studio – Karel se nourrit de cette défiance vis-à-vis de la « version officielle » pour faire passer un récit perlé de clins d’œil humoristiques et truffé de rebondissements un peu trop énormes pour valider sa démonstration. Et pourtant, il est aujourd’hui devenu un « classique paradoxal » de la complosphère ! [YH]


Jean Afanassieff : Guerre froide, dossiers révélés / Tank sur la Lune (2008)

Basé sur des documents tirés des archives de l’ex-URSS, ce film raconte l’histoire du programme secret soviétique d’exploration lunaire. En concurrence farouche avec le projet américain Apollo, les Russes ont développé dans les années 1960 une série de missions spatiales, les unes habitées, les autres basées sur des robots téléguidés, les Lunokhods. Entre 1970 et 1973, deux véhicules de reconnaissance, Lunokhod 1 et Lunokhod 2, vont parcourir des dizaines de kilomètres à la surface de la Lune en effectuant des relevés scientifiques et en transmettant des dizaines de milliers de photos. [BD]


Une médiagraphie de PointCulture, réalisée avec les contributions de : Benoit Deuxant, Catherine De Poortere, Yannick Hustache, Thierry Moutoy, Marc Roesems et Nathalie Ronvaux.