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Filmfriend : sélection novembre 2023

bannière Filmfriend PointCulture novembre 2023
Une première sélection de sept coups de cœur au sein du riche catalogue de la plateforme filmfriend qui vous est désormais accessible gratuitement via votre compte PointCulture. Fiction américaine, française ou canadienne ; documentaires belges. Destins de femmes, relectures de la mythologie ou d'un classique de la littérature, liens qui se tissent entre l'Afrique et l'Europe, réinvention des rapports au monde qui nous entoure... Rendez-vous le mois prochain pour d'autres découvertes !

Sommaire

Fictions

Todd Haynes : Carol (2015)

L’une est jeune, libre ; l’autre, sur le point de divorcer, tente de conserver la garde de son enfant. Le récit de leur coup de foudre figure dans un roman publié par Patricia Highsmith en 1952. A cette époque, les difficultés que rencontra l’écrivaine font écho aux violences homophobes auxquelles ses héroïnes sont exposées. Aux rapprochements de pure convention que sont, dans une société inégalitaire, les unions hétérosexuelles, le récit oppose très nettement l’affinité véritable qui lie les deux héroïnes, un lien érotique, intellectuel et sentimental. Dans sa belle et fidèle adaptation, Todd Haynes scrute avec une profonde empathie l’avènement de cet amour aux accents de révélation. Sur la route semée d’obstacles et d’extase qui mène à l’autre autant qu’à soi, les héroïnes traversent un dédale de reflets et de scintillement avant de comprendre qu’ultimement, le mensonge et la négation de soi sont des attitudes encore moins tenables que la réprobation générale. (CDP)

Stéphane Brizé : Une vie (2016)

Plus proche qu’on ne le croit de La Loi du marché ou d’En guerre, cette adaptation de Maupassant – un classique de la littérature du XIX° siècle –, montre que Stéphane Brizé s’intéresse moins à l’état de la société actuelle qu’à la manière dont, aujourd’hui comme hier, l’individu ordinaire négocie avec le monde dans lequel il est. Aussi tout en se reconnaissant dans l’exigence naturaliste de l’écrivain, le cinéaste s’éloigne du traitement accablant – à peine nuancé par une pointe d’autocritique – que ce dernier réserve à ses personnages. Avec une empathie qui ne doit rien au sentimentalisme, Brizé réajuste son point de vue pour le caler sur celui de son héroïne, Jeanne, qu’il met en scène à différents âges de sa vie. D’une candeur taillée pour la désillusion, cette femme pourrait n’être que la représentante de la condition féminine de son époque. Soutenue par une chronologie non linéaire, Judith Chemla l’emmène au-delà des rôles de fille, épouse, mère et grand-mère qui font de sa vie une implacable succession d’erreurs et de défaites. Esprit rêveur, jamais tout à fait au présent, Jeanne devient ainsi le prisme par lequel s’écrit la chronique d’une poignée de destinées étroites, celles de la petite noblesse provinciale du milieu du XIX° siècle. Société révolue mais pas les maux qui la rongent : l’ennui et l’insatisfaction sont ceux-là même que le capitalisme porte à leur paroxysme. (CDP)

François Ozon : Dans la maison (2012)

Réalisé par François Ozon, Dans la maison éclaire son audience quant au matériau potentiel que représente le réel dans toute entreprise d’écriture. L’existence ordinaire d’une famille de la classe moyenne y est ainsi disséquée par le jeune Claude Garcia, lycéen manipulateur et aspirant écrivain. Son amitié intéressée avec Rapha Artole constitue la source d’une narration qui trouble en permanence la frontière entre réalité et fiction. A ce postulat de départ, le cinéaste intègre un protagoniste quelque peu stéréotypé, celui du professeur de littérature, romancier sans talent qui, à défaut de pouvoir écrire, se met en tête de devenir un mentor. Là où l’œuvre de François Ozon s’écarte des codes du conte initiatique, c’est par le machiavélisme du héros : en surplomb du théâtre dont il est le metteur en scène, ce dernier transforme chacun de ses interlocuteurs en sujet d’expérimentation, en ce compris son supposé maître. L’apprentissage des mécanismes de la littérature, tels que la fonction du conflit ou la caractérisation des personnages, demeurent néanmoins la thématique centrale de ce métarécit. (SD)

Sophie Deraspe : Antigone (2019)

Montréal, 2019. Sous le fragile statut de réfugiés, Antigone, sa grand-mère et ses deux frères Etéocle et Polynice vivent dans un tout petit appartement . Suite à une altercation avec la police, Étéocle, perd la vie. Fou de rage, Polynice s’en prend aux agents responsables de la mort de son frère. Il est immédiatement arrêté. Détenteur d’un casier judiciaire, le jeune homme risque l’expulsion. Antigone décide de prendre sa place en prison. Elle se coupe les cheveux, se peint des tatouages sur les bras en vue de mystifier le personnel pénitentiaire. Le stratagème fonctionne, la jeune fille est incarcérée pour obstruction à la loi.

C’est par l’austérité de son message qu’Antigone subjugue et en impose. Son portrait reproduit à l’infini, placardé sur les murs, imprimé sur des tee-shirts ou tatoué à même la peau devient le blason autour duquel se retrouve une jeunesse en mal de modèles. La modernisation du mythe repose sur le principe qu’un déterminisme social vient se substituer aux malédictions divines. Ce que défend Antigone tient en peu de mots. Jamais elle ne vacille, son refus ne rencontre aucune limite, pas même celles de la raison. A travers l’héritage de ce personnage qui occupe tous les fronts, celui de la jeunesse, du genre, de la citoyenneté, de la religion, du corps capable d’endurer et de jouir, se manifeste plus que jamais le besoin d’identifier l’individu capable de défier l’État au nom d’une idée supérieure de la justice. Antigone vient chercher les êtres là où ils souffrent et rêvent d’une communauté d’affects. (CDP)

Documentaires

Rosine Mbakam : Chez jolie coiffure (2019)

À l’âge de 27 ans, après avoir fait ses premières armes audiovisuelles au sein d’une des nouvelles chaines de télévision de Douala, Rosine Mbakam quitte le Cameroun pour venir étudier le cinéma à l’Insas à Bruxelles. Après un retour au pays à la rencontre de sa mère et de ses tantes pour son premier long métrage (Les Deux Visages d’une femme bamiléké, 2016), elle maintient son parti pris d’un film de libération de la parole pour son second opus, mais opte pour sa ville d’adoption et un terrain d’exploration beaucoup plus réduit et proche de son lieu de vie : un minuscule salon de coiffure de 8 m² dans une galerie commerçante de Matonge, le quartier africain de Bruxelles. Tourner seule (endosser les rôles de réalisatrice, cheffe op’ et parfois preneuse de son), lui permet de tisser une relation dans la durée avec Sabine et les autres coiffeuses, de les filmer très régulièrement sur une période d’environ un an, de laisser les récits et la réalité émerger mais aussi de prendre le temps de bien saisir ce qu’elle a filmé. Par la rencontre, l’enregistrement, le recul, la compréhension et le montage, Rosine Mbakam casse le stéréotype selon lequel ces femmes sans-papiers – qui pourraient être ses copines d’enfance qui auraient pris d’autres chemins de vie et d’exil qu’elle – ne seraient que des victimes. La cinéaste montre qu’elles ne subissent pas juste la situation qui les accable mais qu’elles résistent et cherchent sans cesse les failles du système pour tenter de s’en sortir. (PD)

Arthur Gillet : Un amour rêvé (2018)

Certaines familles se construisent sur des mythologies, des demi-songes qui finissent par constituer des vérités à part entière. C’est l’histoire des grands-parents du réalisateur. On peut la raconter comme un conte. Léontine rencontre Joseph, ils s’aiment. Nous sommes au Congo, fin des années 1950, elle est Noire, il est Blanc. Ils se marient – une première pour l’État colonial, qui condamne la mixité – et des enfants naissent. Plus tard, la famille s’exile en Belgique, une nouvelle vie commence. Puis, les années passant, Joseph meurt, suivi par Léontine. Héritant de leurs papiers, Arthur Gillet voit s'écrire une autre histoire, plus dure, âpre.

Faut-il dire ce que le conte ne dit pas ? Les images manquantes ne s’offrent pas à une nécessité de comblement, mais à un sentiment plus profond que le manque révèle, qui est la dimension imaginaire que les êtres aimés occupent en chacun. L’incrustation des dessins animés de l'artiste italienne Alice Milani Comparetti réalisés selon le procédé du monotype met en évidence cette région liminaire du souvenir où il se régénère dans d'autres corps, d'autres formes. Car il s’agit moins d’amener de la lumière sur ce qui a été laissé dans l’ombre que d’appréhender cette zone d’ombre en regard de la pensée qui l’a engendrée. Sauvegarder la pensée qui, dans ces choses, a mandé le silence, s’avère aussi impérieux que les révélations qui le lèveront. Préserver l’amour (et sa nombreuse descendance) par la légende, tel fut le vœu de Léontine, décision fondée sur le pari que, lorsque la vérité serait dite, l’amour aurait eu le temps de faire son œuvre. (CDP)

Luc Deschamps : Ici la Terre (2018)

C’est dans les Ardennes belges, à un jet de pierre de Spa, qu’est nichée la ferme de Desnié, lieu de formation à la permaculture autant que fabrique de liens sociaux. Fort de sa caméra et de ses questionnements, le cinéaste Luc Deschamps esquisse un portrait contrasté de cet espace hybride, tantôt dépeint comme une oasis perdue au sein d’un désert agricole et social, tantôt tel un établissement d’apprentissage n’échappant pas à un impératif de rentabilité. Maître-mot de ce documentaire, la permaculture serait, selon les divers formateurs de cette ferme-école, l’agriculture du futur, la voie à suivre afin de parvenir à un modèle de production alimentaire soutenable et pérenne. En ce sens, celle-ci entend transmettre une éthique permettant aux individus de tirer parti de leur environnement de manière responsable et de s’émanciper du système industriel de production et de distribution. Au travers du film, c’est bien cette visée qui semble se superposer à un enseignement strict de pratiques agricoles, bien que ces dernières fassent partie intégrante des stages de formation dispensés au sein de la ferme. (SD)

Une sélection de Catherine De Poortere, Simon Delwart et Philippe Delvosalle (PointCulture)

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