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Guerre du Vietnam en images

Americal_Division_in_Tam_Ky_-_March_1968a.jpg

documentaire, Cinéma, États-Unis, guerre du Vietnam, Révolte !, Vietnam

publié le par Nathalie Ronvaux

Suite à la playlist musicale, voici une sélection de films de fiction et documentaires consacrée à la présence américaine sur le sol vietnamien de 1965 à 1975.

Sommaire

Image de bannière : Americal Division in Tam Ky - Armored cavalry assault vehicles with RPG-screen on front (M 113)- March 1968

Alors que la chanson protestataire doit exposer ses griefs en quelques vers, le film a la faculté de développer une analyse approfondie des zones d'ombres et du contexte politique de la guerre. Dans cette médiagraphie, vous pourrez appréhender le processus d'entrée en guerre et la machine militaire mise en œuvre, saisir l'horreur des combats, celle de la population vietnamienne et celle des soldats américains, pénétrer l'enfer mental des vétérans, comprendre la relation entre la guerre du Vietnam et la guerre froide, et bien d'autres aspects encore. Bonnes découvertes !

Films documentaires

La Sixième Face du Pentagone (France – 1967) - François Reichenbach et Chris Marker

Ce court métrage exceptionnel suit la marche pacifique du 21 octobre 1967 sur le Pentagone – centre nerveux de la machine militaire américaine, à Washington – organisée par la jeunesse américaine en opposition à la guerre au Viêt-Nam. Plusieurs tendances de l’opinion publique américaine y sont représentées : militants « pro-communistes », Américains apolitiques opposés à la guerre, néo-nazis (pour la guerre !), républicains, conservateurs…

Cette marche des partisans de la paix, qui a réuni 100 000 personnes, fut la première « action directe » à faire suite aux protestations d’étudiants américains après que des recruteurs de l’armée soient venus dans les campus universitaires…

Des images enregistrées, Chris Marker et François Reichenbach vont tirer un film qui interroge le melting-pot américain et l’engagement politique de la jeunesse. (MR)

Loin du Vietnam (France – 1967), film collectif sous la coordination de Chris Marker

En 1967, un groupe de cinéastes – Alain Resnais, Jean-Luc Godard, William Klein, Claude Lelouch, Agnès Varda, Joris Ivens, Michèle Ray – décide d'affirmer son soutien au peuple vietnamien en lutte contre les États-Unis. Le but n'est pas de réaliser un documentaire sur le Vietnam mais de provoquer une prise de conscience de l'opinion publique française en donnant un contrechamp aux images officielles diffusées dans les médias de masse.

Ce film-manifeste contre la guerre du Vietnam prend forme autour de Chris Marker, « qui fédère le groupe tout en jouant le rôle de maître à penser dans la chaîne de construction du projet. [...] Chaque volet est réalisé par un auteur différent libre de son choix, mais se déterminant en fonction d'une réflexion partagée. [...] En remettant en cause les valeurs classiques du documentaire, Loin du Vietnam annonce la mutation culturelle et l'essor de 1968. [...] Sans compter que ce film a été déterminant à bien des égards pour la suite de la carrière de Marker [...], inaugurant une décennie de cinéma militant. » (Laurent Veray, Loin du Vietnam, une autre conception du cinéma militant, livret accompagnant l’édition DVD) (MR)

Vietnam, année du cochon (USA - 1969) - Emile de Antonio

Ceci n’est pas un énième documentaire sur la guerre du Vietnam, mais le premier. Tourné en plein conflit, en 1968. Insoutenable encore aujourd’hui, le film ouvre les yeux des Américains, provoque la rage. Vision de corps en feu, de corps battus et faméliques, de forêts et de villages bombardés, d’enfants en larmes, partout des cadavres, des ruines. Des cinémas sont saccagés car il y a un véritable scandale à montrer l’horreur de la guerre plutôt que l’horreur de l’ennemi, le communisme. Le mal absolu doit rester sans visage. Oser démentir les discours officiels qui parlent de guerre propre comme d’une abstraction, de stratégie, de combat nécessaire… Violence de la controverse qui s’exprime dans l’alternance de prises de parole, propagande officielle, les raisons des uns et des autres, Vietnamiens, Américains, arguments inscrits dans une perspective historique qui remonte le temps jusqu’à la guerre d’Indochine. Le documentaire est nominé aux Oscars. Toute l’œuvre d’Emile de Antonio accroche la guerre froide aux endroits les plus sensibles : l’assassinat de Kennedy, McCarthy, Nixon, les Weather Underground… Ici se livre une vision forcément subjective du conflit, sans recul. L’admiration du cinéaste pour Ho Chi Minh, ses convictions marxistes et sa colère contre l’Amérique (honte?) font sans doute de ce documentaire un pamphlet plus qu’une œuvre historiquement neutre, mais c’est là sa force, sa beauté, et sa nécessité. (CDP)

I Was a Soldier (USA- 1970) - Michael Grigsby

1970, l’Anglais Michael Grigsby va à la rencontre de trois ex-vétérans du Vietnam dans une petite bourgade paumée du Texas sise aux frontières du désert. Delis, David et Lemar, trois garçons dans la vingtaine, le regard perdu où fuyant, l’élocution difficile ou lacunaire, tentent de parler de leur « réinsertion » ou plutôt leur « ré-acclimatation » à une vie sociale (?) normale.

À une époque où l’Amérique réalise tout doucement qu’elle va perdre le conflit, la chape de silence (de plomb) qui est le lot de ces soldats de retour au pays, vient encore un peu plus hypothéquer la difficile cautérisation des « plaies intérieures » d’une expérience presque indicible ou impossible à partager, faute d’interlocuteur(s). Et si les trois boys n’ont pas dû faire face aux manifestions hostiles directes des « anti-guerres du Vietnam » au moment où ils ont posé le pied en Amérique, personne n’était non plus là ni pour les accueillir, au contraire de leur aînés du second conflit mondial ou de la guerre de Corée, pas plus qu’on ne leur a prêté une oreille, ni même tenté de donner un quelconque sens à leur(s) année(s) perdue(s). « Tant qu’un de leur fils (les gens d’ici), neveu ou cousin n’est pas parti là-bas, ils font comme si tu n’existais pas », résume en substance l’un des garçons. Une incompréhension/indifférence si fortement ressentie et intériorisée que l’un s’étonne même qu’un « étranger » ait fait tout ce chemin pour les filmer, et bien que Grigsby soit en fin de compte la première personne à daigner les écouter.

Car l’enfer vécu dans la jungle ne les lâche jamais vraiment. Que ce soit la nuit (les interminables cauchemars), la journée (le moindre bruit anodin les fait sursauter), ou dans leur rapports quotidiens avec les autres membres de cette petite communauté fermée, ils sont désespérément seuls et sans secours. L’un tente d’aider vaille que vaille à la ferme familiale, le second se balade, pêche ou chasse sans grande conviction, tandis que le troisième conduit un bolide rafistolé dans un paysage aussi sec et déserté que sa propre existence.

Alternant les plans naturalistes dignes d’un western moderne, sur lesquels défilent une bande-son rock de premier choix, et des moments d’une vérité rare où une parole s’arrache des tréfonds du silence et d’une horreur non formulée, l’Anglais réalise un travail essentiel, d’une sobriété exemplaire et qui fait toujours sens aujourd’hui (il a été peu vu à sa sortie). (YH)

Vétérans du massacre de My Lai (USA - 1970) - Joseph Strick

En 1971, le réalisateur américain Joseph Strick réalise un court documentaire (22 minutes) construit autour du témoignage de cinq soldats qui ont été mêlés au massacre de toute la population d’un village – plus de 500 victimes – le 16 mars 1968, durant le conflit au Vietnam. Sept des 110 soldats ayant participé à cette boucherie, où les agresseurs se sont également rendus coupables de viol, de mutilations et de torture, ont démissionné et accepté de témoigner devant la caméra. Mais seuls cinq témoignages ont été retenus comme « fiables » !

Ce qui frappe en premier dans ces témoignages captés à domicile où seules figurent les indications du nom et du lieu de naissance des interviewés, ce sont ces regards absents, vagues ou fixant le vide, ou les pupilles dilatées. Le ton est majoritairement neutre. Le débit difficile, le récit factuel, parfois interrompu de sanglots contenus, ou, le plus souvent, espacé par de longs blancs et soupirs.

Deux des cinq G.I. disent s’être arrêtés de tirer, de n’avoir finalement été que des témoins. Les trois autres tentent de se justifier – les Vietcong auraient pris l’habitude de se dissimuler au milieu des civils – ou de se réfugier derrière le sens du devoir du soldat : « les ordres sont les ordres ».

Par ailleurs, ces témoignages font écho au propre passé de Joseph Strick qui participa en tant que soldat de la force aérienne U.S. aux bombardements sur le Japon. Celle-là même qui largua, à l’été 1945, les deux premières bombes atomiques de l’histoire humaine ! Strick se demande s’il aurait accepté de le faire si on lui en avait intimé l’ordre ?

Ce film eut un rôle moteur dans le développement du mouvement pacifiste et d’opposition à la guerre du Vietnam. (YH)

Winter Soldier (USA - 1972) - Winter Soldier Collective

Dans la foulée du procès en cour martiale lié au massacre de My Lai (le massacre a lieu le 16 mars 1968 ; le procès en novembre 1970) et devant le peu d’échos que les exactions commises trouvent dans les grands médias américains, les Vietnam Veterans Against the War (VVAW) organisent au tout début de l’année 1971 la « Winter Soldier Investigation » : un rassemblement de 109 vétérans issus de toutes les branches de l’armée américaine, et de 16 civils qui, pendant trois jours, témoigneront à Detroit de ce qu’ils ont vu – et commis eux-mêmes – au Viêt Nam. L’idée est de démontrer via le recoupement de leurs témoignages le lien direct qui existe entre les choix et stratégies militaires et les crimes de guerre commis là-bas. L’événement sera peu médiatisé, au moment même, au-delà de la presse locale du Michigan, mais la transcription intégrale des témoignages sera discutée au Sénat quelques mois plus tard et une équipe d’une vingtaine de cinéastes (dont la plus connue est Barbara Kopple) réalise un film sur le sujet.

Tourné en 16 mm noir et blanc – avec des brefs inserts en couleurs pour les documents d’archives, photos et films militaires –, le film s’ouvre par le poème de Thomas Paine qui donne son titre à l’initiative des VVAW. Puis s’enchainent les témoignages de jeunes soldats, revenus du front (désormais souvent barbus et chevelus, désillusionnés ou révoltés par rapport à leur passé militaire, parfois souriants ou riant d’un rire nerveux, le regard souvent perdu dans le vide), sur les exécutions sommaires – y compris de civils, de femmes et d’enfants –, les incendies de villages, les prisonniers jetés des hélicoptères en plein vol, les violences sexuelles faites aux femmes, etc. Quelques années après les faits, de retour au pays, avec le recul, ils tentent de comprendre (« Il a fallu que je rentre à la maison, que je revienne à la réalité, pour y réfléchir et trouver le courage d’en parler. ») et tous en arrivent à la conclusion que leur entrainement militaire avec la déshumanisation de l’ennemi et la primauté des intérêts supposés de la nation sur la moralité et le Droit international a libéré le champ aux exactions généralisées. [PD]

The Vietnam War (USA - 2017) - Ken Burns et Lynn Novick

Série fleuve en neuf épisodes réalisée par Ken Burns et Lynn Novick, The Vietnam War décortique le déroulement de la guerre du Vietnam, de la défaite française à Dien Bien Phu en 1954 jusqu’à la chute de Saïgon en 1975. Cette fresque se base sur de très nombreuses images d’archives – photos et films –, venant de sources très diverses, y compris vietnamiennes, ainsi que sur des enregistrements entre les présidents américains successifs et leurs conseillers. 79 personnes ont été interviewées aux États-Unis et au Vietnam, certaines reviennent dans presque tous les épisodes. Beaucoup d’attention a été portée au déroulement de la guerre et aux diverses batailles mais aussi à leur diffusion dans les médias et aux réactions du public américain, qui commence à protester avec force dès la fin des années 1960. Un documentaire essentiel et aux multiples facettes pour mieux comprendre une page importante de l’histoire de la seconde moitié du 20e siècle. (ASDS)

The Deer Hunter (USA - 1978) - Michael Cimino

Peut-on comparer la guerre à une partie de roulette russe ? Comment mieux se représenter un marasme au milieu duquel la mort survient comme au hasard ? En 1978, cinq ans après la signature des accords de Paris qui prononcent le retrait des troupes américaines du Vietnam, Michael Cimino observe les séquelles du conflit sur ses compatriotes. Ni évocation historique ni pamphlet pacifiste, ni fiction pure ni documentaire, « Voyage au bout de l’enfer » n’est pas non plus l’objet patriotique que certains fantasment d’y voir. C’est dire le malaise qui flotte autour de cette bande d’amis pris dans l’intensité des événements. L’histoire les conduira de la petite ville au nord des États-Unis, où ils travaillent comme ouvriers, à la débâcle vietnamienne. Récompensé par cinq oscars, Cimino a beau ne pas remettre ouvertement en cause la politique de son pays, l’attention qu’il porte à des personnages mis en situation dans un environnement réaliste pose la question du devenir de la communauté et du héros national à l’heure où le gouvernement se désintéresse du sort de ses propres vétérans. (CDP)

Sur le film, voir aussi.

Cinéma

Alice's Restaurant (USA - 1969) – Arthur Penn

Réalisé en 1969 par Arthur Penn, Alice’s Restaurant est adapté de la chanson du même titre du musicien folk américain Arlo Guthrie. Le récit est assez simple, voire naïf. Arlo et ses amis tentent de se débarrasser de déchets après avoir organisé un grand dîner pour Thanksgiving dans une chapelle désacralisée et transformée en restaurant.

À travers cette fable hippie, le film comme la chanson dénoncent et critiquent de manière humoristique le service militaire obligatoire aux États-Unis pendant la guerre du Vietnam. (IK)

Apocalypse Now (USA - 1979) - Francis Ford Coppola

« Vous les Américains, vous vous battez pour rien du tout ». Prononcée par un homme de nationalité française, propriétaire de plantation, cette remise en cause lapidaire de l’engagement des États-Unis au Vietnam renvoie à la folie d’un film dont la démesure est à l’égal de l’irrationalité d’une guerre perdue d’avance. Tourné aux Philippines avec l’appui du régime du commandant Marcos qui va jusqu’à prêter ses hélicoptères, Apocalypse Now n’a peut-être pas la droiture de ses visées contestataires, mais sa puissance est de ne pas porter un discours univoque. À travers son intrigue empruntée à Conrad, c’est une histoire de la violence américaine qui se rejoue, celle d’un impérialisme qui va jusqu’à pourchasser les Vietnamiens dans la jungle comme jadis les Indiens dans le désert. À cet égard, le film marque une rupture dans la tradition patriotique en vigueur à Hollywood en mettant en scène des soldats drogués pris dans divers trafics. Au lendemain de la guerre, ce point de vue critique ne fait que répercuter un ressentiment plus général. Profonde et dérangeante, la beauté du film se loge davantage dans ses méandres introspectifs. Lente traversée d’un fleuve au milieu de la jungle, c’est une épopée hallucinatoire ponctuée d’événements spectaculaires dont l’horizon final est le meurtre purificateur d’un demi-dieu. (CDP)

Full Metal Jacket (USA - 1987) - Stanley Kubrick

Référence à un type spécifique de munitions blindées, Full Metal Jacket prend pour prétexte un épisode de la guerre du Viêt Nam pour tourner en dérision les valeurs implicites, qu’elles soient belliqueuses ou machistes, d’un certain pan de la société américaine des années 1960. Censé représenter l’institution militaire d’un autoproclamé « monde libre », le sergent Hartman se charge de façonner la future chair à canon par le biais d’une formation dont l’absurde apparaît totalement en phase avec l’objet même d’un conflit qui, sur le terrain, flirte avec le nihilisme. C’est donc d’une réalisation en deux tableaux qu’accouche Stanley Kubrick, depuis les vicissitudes de l’existence au centre d’instruction militaire de Parris Island, en Caroline du Sud – où sexisme, grossophobie et humiliations en tous genres rythment les journées – jusqu’au théâtre de cette guerre des antipodes. Outre ce même humour caustique qui, du moins stylistiquement, harmonise ces réalités distinctes sur le plan géographique, un continuum est assuré par le personnage de Joker, une recrue devenue soldat, à travers lequel transparaît le caractère acerbe et ouvertement provocateur de la critique du cinéaste à l’encontre de la politique de son pays. (SD)

Né un 4 juillet (USA - 1989) – Oliver Stone

Né le 4 juillet 1946, Ron Kovic a été nourri au patriotisme américain depuis sa tendre enfance. Il s’engage dans les Marines, des rêves de héros plein les yeux. Après une instruction qui ressemble plutôt à une suite d’humiliations, il rejoint le Viêt Nam où il découvre l’horreur de la guerre. L’illusion de combats héroïques se transforme en cauchemar quand, avec son unité, il tue des civils, abandonne un bébé et tue, par accident, un de ses compagnons. Blessé lors d’un échange de tirs, il revient paralysé des deux jambes dans un pays qui ne veut plus de lui. Son corps n’en est plus un. Il n’est pas un héros. Sa désillusion le pousse à rejoindre l’association des vétérans contre la guerre du Viêt Nam et à délivrer un discours poignant de vérité, humain mais ferme, dénonçant les mensonges du gouvernement et l’absurdité de cette guerre.

Second épisode de la trilogie vietnamienne d’Oliver Stone, le film se concentre sur l’activisme anti-guerre tout en démystifiant l’idée de l’héroïsme et de la virilité au XXe siècle. Il fustige l’interventionnisme américain et oppose le patriotisme et la gloire au traitement réservé aux laissés pour compte de la guerre. « Cette guerre est mauvaise, ce gouvernement m'a menti, a menti à mes frères… » (DMo)

Diên Biên Phu (FRA - 1992) - Pierre Schoendoerffer

La bataille de Diên Biên Phu (13 mars-7 mai 1954) fut le point d’orgue de la guerre d’Indochine (1946-1954). Une retentissante défaite française qui ouvrit la voie de l’indépendance aux anciennes parties de l’ex-colonie et consacra la partition problématique du Viêt Nam en deux entités : la république démocratique du Viêt Nam au nord, régime pro-soviétique ; et au sud, la république du Viêt Nam sous l'influence des États-Unis. Les jalons de la future guerre du Viêt Nam étaient posés !

Le film commence à Hanoï où un journaliste américain (le toujours formidable Donald Pleasence) fait ami-ami avec des officiers français en vue de réaliser un reportage sur ce que l’on appelle – sans plus de précision – l’attaque du camp retranché de Diên Biên Phu. Dans les faits, une cuvette montagneuse où l’élite des forces françaises est acculée et s’épuise à corps perdu. Des renforts sont parachutés en pure perte et les supplétifs vietnamiens sont totalement démoralisés et commencent à déserter.

Le film oscille entre le portrait des élites locales françaises insouciantes à Hanoï, et les tentatives désespérées de quelques officiers et soldats de retarder l’inévitable. Mais implacablement, colline après colline, l’étau du Viêt-Minh se resserre…

Réalisé par Pierre Schoendoerffer, lui-même présent à Diên Biên Phu en tant que caméraman des armées, le film tient davantage d’une chronique réaliste de destinées individuelles (insouciantes ?) balayées au cœur d’un drame historique majeur, que d’une fresque guerrière épique au souffle romanesque. Une sorte de quête d’états d’âme d’une époque agitée et définitivement passée, sans nostalgie aucune, mais qui a, ironiquement, valeur d’avertissement (le discours de Pleasence) ! Et dans cette idée que toutes les guerres finissent par se valoir, Schoendoerffer choisit de ne montrer le visage de « l’ennemi vainqueur », invisible jusque là, qu’à la toute fin du film, au moment de la reddition des derniers défenseurs de Diên Biên Phu.

À voir ! (YH)

Pentagon Papers (USA - 2017 ) - Steven Spielberg

Si les personnalités politico-médiatiques qui ont joué un rôle dans l’affaire des « Pentagon Papers » font bien l’objet de cette réalisation signée Steven Spielberg, son véritable propos est de mettre en exergue la contribution singulière de Katharine Graham : seule femme à surnager laborieusement au sein d’un monde d’hommes mus par un large éventail d’intérêts… excepté celui de la multitude.

Partant d’une focale élargie sur la rébellion de l’analyste Daniel Ellsberg (Matthew Rhys), considéré comme le premier lanceur d’alerte, le cinéaste resserre graduellement son propos en passant par une série de strates scénaristiques intermédiaires, à l’image du personnage de Ben Bradlee (Tom Hanks) – rédacteur-en-chef du Washington Post. Ce dernier est présenté comme un idéaliste investi d’une mission d’intérêt public, celle de révéler au monde la propension délibérée de l’État américain à prolonger et intensifier le conflit… alors même que Lyndon Johnson lui-même le savait perdu dès 1965.

Mais c’est une femme, que l’on croît reléguée au rang de ménagère, qui renseigne finalement le spectateur sur les enjeux réels de l’histoire : entre Ben Bradlee et Katharine Graham (Meryl Streep), le premier se sert de la révélation de ce scandale d’État pour soigner sa réputation de journaliste engagé, la seconde n’en retire aucun bénéfice personnel… si ce n’est l’intime conviction d’avoir bien agi. En ce sens, Pentagon Papers est non seulement un objet de révolte face à l'opacité des agissements étatiques relatifs à la guerre du Viêt Nam, mais revêt aussi la forme d'un étonnant plaidoyer pour l'émancipation féminine. (SD)

Ont contribué à cette médiagraphie : Catherine De Poortere, Anne-Sophie De Sutter, Philippe Delvosalle, Simon Delwart, Yannick Hustache, Igor Karagozian, Daniel Mousquet et Marc Roesems.

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