IVG : la liberté du corps en question
Sommaire
Entre la vie et la mort, les femmes choisissent toujours la liberté. — Chantal Birman.
FAISEUSES D'ANGES
Claude Chabrol : Une affaire de femmes (1988)
Le portrait sans complaisance de Marie-Louise Giraud (rebaptisée Latour pour le film), faiseuse d’anges guillotinée en 1943, fait glisser la question de l’avortement de l’intime à l’ordre social qui en use et le condamne. Sous les traits d’Isabelle Huppert, la faiseuse d’anges a tout d’une antihéroïne venue au métier par hasard, sans aucune compétences, par goût pour l’argent. Ce qui se dit de la condition des femmes à travers ce personnage indocile et opportuniste rencontre un écho plus fédérateur dans le désespoir de ses clientes toutes frappées par les mêmes contraintes, le devoir conjugal, les grossesses à répétition, l’impossibilité d’y faire face par manque d’argent. Or ce qui condamne Marie aux yeux de la justice, ce n’est ni sa vénalité ni sa criminelle désinvolture à l’égard des femmes qui ont recours à ses services. Elle n’est coupable que de nuire au natalisme en vigueur dans la France occupée. Les hommes n’ayant à répondre de leur sexualité devant personne, ils peuvent à loisir faire prévaloir le respect d’une morale dont ils sont les seuls bénéficiaires. (CDP)
Mike Leigh : Vera Drake (2004)
Angleterre, les années 1950. Vera Drake est une petite dame infatigable. Épouse comblée, mère de deux enfants, elle prend soin de sa mère comme de ses voisins tout en étant femme de charge auprès de quelques familles aisées. En secret et sans contrepartie financière, elle aide des jeunes filles à avorter. A la suite de complications médicales, l’une d’entre elles se retrouve à l’hôpital. Vera est arrêtée et condamnée. Film sensible plutôt que militant, Vera Drake traite de la question de l’avortement sous l’angle social, dans une société profondément inégalitaire où seuls les hommes font les lois. Vera représente l’ultime recours pour des jeunes femmes pauvres, esseulées, épuisées tandis que les plus riches peuvent s’offrir les services discrets de cliniques privées. Mike Leigh se saisit de l’occasion pour pointer le spectre contrasté des comportements humains face à un acte qui, à l’époque, reste encore durement sanctionné. [YH]
MILITANTES
Blandine Lenoir : Annie Colère (2022)
Créé en France en 1973, le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception (MLAC) rassembla des professionnel·les et non-professionnel·les de la santé revendiquant pour les femmes la maîtrise de leur fécondité. En plus d’être mixte, qualité contestable du point de vue de certaines féministes, le collectif se distingua par la qualité de ses interventions basées sur une technique importée des Etats-Unis, la méthode Karman effectuée par aspiration. Tout ce qui entoure ce mode d’action et le rôle du MLAC dans la conquête des droits procréatifs, Blandine Lenoir et sa scénariste Axelle Ropert le racontent à travers le parcours fictif d’une femme ordinaire amenée à s’engager à la suite d’un drame personnel. En prenant le pas sur l’intrigue romanesque, la reconstitution historique se met au service d’un positionnement très actuel en faveur d’un encadrement du soin qui, au-delà de l’acte strictement médical, prend en compte l’importance du dialogue et de la transmission de connaissances. (CDP)
Céline Sciamma : Portrait de la jeune fille en feu (2019)
Sous des dehors romancés, ce film d’époque devenu culte chez les féministes accueille un propos beaucoup moins sentimental que subversif. Quelque part au XVIIIème siècle, une artiste, une comtesse et une domestique cohabitent provisoirement sur une ile, installées dans une somptueuse demeure en bord de mer. Cette situation n’a de romantique que son cadre, le propos étant plutôt de montrer qu’en l’absence des hommes, des femmes issues de mondes différents ont toutes les chances de s’engager dans des rapports plus égalitaires, d’amour et d’entraide. Ainsi, lorsque l’une des protagonistes se retrouve enceinte, c’est tout naturellement que ses compagnes se proposent de la sauver des conséquences fâcheuses de son état. En filmant l’opération dans un climat serein, sous le regard d’un enfant, Céline Sciamma n’entend pas seulement palier un déficit d’images (l’avortement n’étant pas un sujet dans l’histoire de l’art), elle prend également le contrepied de l'imaginaire morbide que l’on associe d'ordinaire à cet acte. (CDP)
Yann Le Masson : Regarde, elle a les yeux grands ouverts (env. 1980)
Le Masson (cinéaste-baroudeur, communiste, ancien para « défroqué » s’étant mis au service du FLN à son retour d’Algérie) consacre un portrait de groupe à la branche provençale du MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) qu’il coréalise avec le collectif concerné. On y trouve beaucoup plus que ce à quoi on s’attend d’un film militant de la fin des années 1970. Il y a bien sûr, de longues séquences consacrées au procès des militantes qui se tint en mars 1977 (manifestations, slogans, chansons, foule devant le palais de justice, etc.) mais, en écho à son titre, le documentaire s’ouvre et se referme aussi sur deux très belles scènes d’accouchement, très bien filmées en pellicule 16mm couleur. Dans la première, on découvre que la femme qui accouche est entourée de six ou sept amies bienveillantes. Regarde, elle a les yeux grands ouverts est avant tout un film de parole et d’émotions partagées : des mots que se disent les femmes avant, pendant et après, des mots joyeux et des mots tristes, des mots de l’intime et des mots du politique. (PD)
Aude Pépin : A la vie (2019)
« Je suis prête à mourir pour l’avortement ! » A septante ans passés, Chantal Birman sait de quoi elle parle, elle dont le métier est d’accompagner les femmes après l’accouchement. Commencé au service des infectées – où l’on plaçait les femmes atteintes de maladie vénériennes, mais aussi celles qui s’étaient fait poser une sonde –, son parcours professionnel se poursuit à la maternité des Lilas et la voici, à la veille de la retraite, officiant en libéral à Saint-Denis. En la suivant dans ses visites à domicile, le documentaire met en lumière l’état de fragilité, d’abandon parfois que désigne le post-partum. Les échanges de Chantal Birman avec une stagiaire ainsi qu’avec des collègues et amies font remonter ses engagements et ses luttes, notamment au sein du MLAC. C’est une vision politisée du métier de sage-femme qui se dégage de ce portrait faisant le lien, de manière argumentée, entre maternité et avortement. Il s’agit d’accompagner les femmes dans tous leurs choix : « Entre la vie et la mort, les femmes choisissent toujours la liberté ». (CDP)
Juan Solanas : Femmes d’Argentine (2019)
Alors que le vote par le Sénat argentin sur la légalisation de l’avortement relève encore de l’histoire récente, c’est plusieurs décennies de luttes féministes au sein d’un pays aux accents religieux fondamentalistes qui sont contées par ce documentaire de Juan Solanas. Le film situe son propos autour du dialogue de sourds qui divise le camp des « pro-choix » et celui des « pro-vie », bien que ce qui est désormais considéré comme un problème de santé publique majeur ait finalement eu raison de résistances profondément enracinées au cœur même du pouvoir législatif. Construit autour du suspense entourant la décision sénatoriale, le film du cinéaste argentin prend tout son intérêt dans l’ébauche progressive des enjeux locaux adossés à la question de l’interruption volontaire de grossesse. Une esquisse qui s’affine au gré de portraits d’individus brossés selon le dispositif traditionnel de l’entretien, couplé à des séquences de mobilisations populaires. (SD)
TRAJECTOIRES INDIVIDUELLES
Audrey Diwan : L’Evénement (2021)
Dans son récit paru à l’orée des années 2000, Annie Ernaux raconte l’avortement clandestin qui a failli lui coûter la vie en 1964, trois ans avant la légalisation de la pilule contraceptive. Elle a 24 ans quand elle se découvre enceinte. Impossible de continuer ses études dans cet état. Pour ne pas devoir renoncer à tout ce que représente d’exceptionnel, pour une fille pauvre à cette époque, un avenir loin de la condition de mère au foyer, il lui faut non seulement braver la loi, mais aussi trouver le moyen de le faire ! Qui pourra l’aider ? Quel sera le prix à payer ? A mi-chemin entre l’autobiographie et la sociologie, le texte parvient à ressaisir ce qui, dans le souvenir intime, vient éclairer une expérience commune. Dans le même esprit de rigueur et de froide précision où il s’agit de lever un tabou, Audrey Diwan suit pas à pas la trajectoire de cette jeune femme lancée seule dans un inavouable compte à rebours, d’abord contre son propre corps, ensuite contre la société qui la désigne comme coupable. (CDP)
Christian Mungiu : 4 mois, 3 semaines et 2 jours (2007)
1987, Roumanie, quelques années avant la chute du communisme. Dans un pays où l’avortement est un crime, deux jeunes Roumaines décident de faire appel à un médecin clandestin pour mettre fin à la grossesse de l’une d’elle.
Fait de longs plans séquences, le film cerne magnifiquement ses protagonistes, leur humanité sise entre fatalisme et besoin de révolte. Mungiu sait placer sa caméra là où convergent les forces motrices de son film ; en utilisant le regard oblique de son actrice principale, il évite un pathos trop évident sans pour autant enlever les émotions nécessaires à l’exposition de son propos. Les nombreux déplacements en solitaire de ce personnage résonnent comme une réflexion allégorique sur l’errance de l’être en quête d’exutoire. Le réalisateur se place en spectateur d'un système qui enferme l'individu dans une bulle et le pousse inévitablement vers l’adaptation ou l’implosion. Tout en sondant les rouages d’une société vouée à la révolution, il installe une véritable intrigue, captivante et personnelle. [MA]
Sam Mendes : Les Noces rebelles (Revolutionary Road) (2008)
S’il n’est pas toujours bienvenu de dévoiler le dénouement d’un film, ce n’est pas non plus trahir un grand secret que d’évoquer l’avortement manqué d’April Wheeler à la fin des Noces rebelles. Cet acte aussi désespéré et dangereux lorsque pratiqué sur soi-même offre une conclusion somme toute logique à un mariage vécu comme un abandon progressif des rêves d’une jeune fille née dans l’Amérique des années 1950. Car loin de saluer l’ambition du couple qu’elle forme avec Frank – nul hasard à ce que le duo d’acteurs soit le même que dans Titanic – la chronique acide de son quotidien démontre que les contraintes matérielles inhérentes à la vie de famille ont raison des meilleures volontés. A cet égard, quoique la situation de Frank ne soit guère heureuse, elle n’est en rien comparable au renoncement exigé d’April à qui le rôle de mère au foyer échoit comme la mise à l’arrêt de tout ce qui la constitue en tant que personne. A ce stade, on peut légitimement se demander ce qui différencie un avortement d’une forme de suicide. (CDP)
Mariana Otero : Histoire d’un secret (2003)
Au départ, une énigme autobiographique. Lorsque Mariana a quatre ans, sa mère disparaît. Un épais brouillard entoure cette mort obscure. Tout le monde se tait. Lorsque, 25 ans plus tard, son père lui apprend la vérité, elle éprouve le besoin d’interroger famille et amis sur les lieux de son enfance afin de se réapproprier progressivement son histoire. Elle veut également découvrir qui fut cette mère artiste peintre en organisant une exposition de ses œuvres. Portait d’une mère par sa fille donc, mais aussi portrait d’une génération. Un mouvement s’opère. De l’intime, d’un secret de famille, vers le collectif, un hommage est rendu à toutes ces femmes qui n’ont pas eu le droit de disposer d’elles-mêmes, qui mouraient dans les hôpitaux dans d’atroces souffrances, victimes d’une médecine punitive. Le sujet de l’avortement étant délicat à traiter, la cinéaste utilise une palette de couleurs et des cadrages très finement travaillés. Un film à la portée réparatrice qui porte en lui à la fois la douleur du deuil et de l’absence, mais aussi la beauté de la création et de la vie. (MB)
Claude Sautet : Une histoire simple (1978)
Le film s’ouvre sur une scène où Marie, la quarantaine, est sur le point de se faire avorter. Si cet acte peut paraitre banal aujourd’hui, cela l’était bien moins en 1978 soit quatre ans après qu’eut été promulguée la loi Veil qui dépénalise l’IVG. Une histoire simple se veut à l’image de son titre ; sans artifice, direct, simple. Si la question de l’avortement y est abordée, cette réalisation brasse plus large, plus universel. Sautet aurait écrit ce film “de femmes” pour son actrice, Romy Schneider, qui lui en aurait fait la demande. Ce long métrage suit cette mère indépendante, mais aussi son entourage de quadragénaires eux aussi en quête de repères. Sautet s’intéresse à ces personnages entre deux âges, adultes vieillissants, femmes en quête d’indépendance et d’émancipation. Jamais moralisateur, Claude Sautet observe ces quotidiens avec bienveillance et acuité. Film d’une époque de changements sociétaux, Une histoire simple est une réalisation faussement classique et d’une grande humanité. (MA)
Burhan Qurbani : Shahada (2010)
Dans l’Allemagne des années 2010, de jeunes adultes issus de l’immigration font face à des dilemmes moraux entre leur foi musulmane (Shahada étant le premier pilier de l’Islam, la profession de foi) et leur quotidien dans cet Occident où ils sont nés et où ils ont grandi. La mosquée est le point de convergence entre les trois histoires. Lors d’un hiver berlinois, Ismail, policier, retombe sur une immigrée clandestine croisée des années plus tôt. Pour elle, il serait prêt à quitter femme et fils. Nigérien pratiquant, Sammi est dérouté par l’évolution de ses sentiments, par-delà l’amitié, pour Daniel. Enfin Maryam, fille d’un prédicateur veuf et tolérant, endure les pires souffrances après un avortement de fortune qui a lieu dans les toilettes d’une boite de nuit. L’événement la fait glisser de la culpabilité vers un état de fièvre fondamentaliste teinté d’accents apocalyptiques, un revirement qui l’éloigne de son amie et inquiète autant ses sœurs de confession que son responsable de mosquée. (YH)
Emmanuelle Millet : La Brindille (2011)
Sarah (Christa Théret, LOL), 20 ans, passionnée par l’histoire de l’art, travaille dur dans un musée dans l’espoir d’y décrocher un contrat définitif. Alors qu’elle part chercher un tableau dans la réserve, elle tombe dans les escaliers. Transportée en urgence à l’hôpital, les médecins lui annoncent qu’elle est enceinte de 6 mois ! Tout s’effondre pour la jeune femme qui vit en situation de précarité, tant financière que familiale. Nous la suivons donc dans ce monde auquel elle n’était pas préparée : le regard des autres, les rendez-vous médicaux, ses questionnements, son choix de ne pas garder l’enfant (elle ne se sent pas prête) et un accouchement traumatisant. Si Christa Théret incarne son rôle avec justesse et intelligence, la réalisatrice peine à traiter en profondeur un sujet peu abordé au cinéma (parce que complexe) : le déni de grossesse. Une trame narrative sans aspérités, mais une jeune mère interprétée par une « brindille » qui ne manque ni de finesse, ni de force. (MB)
Laurie Nunn : Sex Education [saison 1, épisode 3] (2019-2023)
Les films et les séries ont souvent eu tendance à dramatiser l’avortement. Dans l’épisode 3 de la première saison de Sex Education (Netflix), ce n’est pas le cas. Il y a évidemment de la place pour les sentiments – l’avortement est un événement important dans la vie d’une femme – mais les images montrent une procédure courante, détaillant pas à pas le parcours de Maeve. Elle doit d’abord braver les manifestants anti-avortement devant la clinique avant de remplir des formulaires. Elle attend, avec d’autres patientes. Puis, la tension retombe quand la plus âgée des trois femmes prend l’initiative de soutenir les jeunes filles assises près d’elle, dans un moment drôle et touchant à la fois. Après quelques plans dans la salle d’opération lors de la préparation de Maeve, on la voit de nouveau dans la chambre de réveil. Elle n’est plus enceinte… Quelques minutes plus tard, elle reprend le cours de sa vie. (ASDS)
CELLES QUI CHANTENT
Dog Faced Hermans : « Keep Your Laws off My Body » (1994)
« Keep your laws off my body / What I have I'll not return / I will live in no dark ages /
But in the light ». Juste avant le milieu des années 1990, Dog Faced Hermans – groupe anarcho-punk d’origine écossaise mais qui tourne souvent aux États-Unis et en Europe continentale – consacre une chanson à l’avortement et à la liberté de choix des femmes en lui donnant l’intitulé d’un slogan, une des variantes de la formule « My body, my choice » (dont on situe l’apparition dans le champ féministe à la toute fin des années 1960). Autant le titre de la chanson est « sloganesque », autant le morceau lui-même ne l’est pas du tout, ouvrant l’écriture du texte à une sorte de détermination poétique et renonçant aux cris et à la colère collective des manifs pour une tension tout en retenue et une diction toute personnelle, à la limite du chuchoté, par la chanteuse et trompettiste Marion Coutts. (PD)
Anne Sylvestre : « Non, tu n’as pas de nom » (1974)
Il y a dans le film de Le Masson une scène très touchante où la voix off nous fait entendre, dans leurs nuances et leur complexité, les pensées d’une jeune femme prenant l’autocar pour aller avorter. Puis, en « voix in », elle chantonne deux couplets de la chanson d’Anne Sylvestre. Autour des questions de l’avortement – et, plus largement, du choix de donner ou pas la vie – plusieurs échelles, actrices et acteurs interagissent : la femme elle-même bien sûr, mais aussi le père, les amies parfois, la société ou la nation toute entière. L’intime y rentre en collision, souvent violente, avec le social, le politique, le religieux. Le morceau d’Anne Sylvestre, cette chanson en « je » écrite en « tu » (« Depuis si longtemps je t'aime / Mais je te veux sans problème / Aujourd'hui je te refuse »), s’inscrit clairement dans le registre le plus intimiste et personnel de ce choix. Dans un entretien radiophonique la chanteuse et parolière précise : « J’ai toujours protesté en disant que ce n’était pas une chanson sur l’avortement mais une chanson sur l’enfant ou le non-enfant. » (PD)
Amanda Palmer : « Oasis » [Who Killed Amanda Palmer] (2008)
La chanteuse américaine Amanda Palmer est reconnue pour ses sensibilités féministes. Elle a subi un premier avortement à l’âge de 17 ans et depuis, elle a tenté d’écrire des chansons sur le sujet mais elle avoue que c’est très compliqué (« Writing a good abortion song is really fucking hard »). Elle a causé un scandale avec le morceau « Oasis » - beaucoup de personnes ont cru qu’elle prenait le sujet trop à la légère. L’héroïne du texte est violée lors d’une fête, décide de ne pas garder l’enfant, et oublie tout quand elle reçoit une photo dédicacée de son groupe préféré, Oasis. C’est surtout le ton enjoué et humoristique du morceau, et du clip, qui a choqué, mais Palmer insiste sur l’utilisation thérapeutique de l’humour dans certaines situations dramatiques. Elle a renoué avec le thème dans « Voicemail for Jill » en 2019 ; elle y revendique la nécessité d’une célébration lors d’une interruption de grossesse, tout comme l’arrivée d’un bébé est fêtée. (ASDS)
PJ Harvey : « When Under Ether » [White Chalk] (2007)
« Something’s inside me | Unborn and unblessed | Disappears in the ether » (Quelque chose est en moi | Pas encore né et pas béni | Disparaissant dans l’éther) – c’est un extrait des paroles de la chanson « When Under Ether » de PJ Harvey. Si elles pouvaient être comprises comme une référence à l’avortement, PJ Harvey dit dans plusieurs interviews qu’elle préfère ne pas trop analyser les textes qu’elle écrit. Pour elle, il s’agit d’une histoire contant la vie et la mort, et le passage de l’une à l’autre. Elle voulait également parler de la bienveillance humaine et de la bonté que les gens peuvent montrer en cas d’adversité. Et pourtant, on peut certainement y voir la relation d’une opération d’interruption de grossesse, sous un angle assez rêveur. (ASDS)
Malvina Reynolds : « Rosie Jane » (1975)
A la fin des années 1960 et au début des années 1970, les mouvements féministes américains se sont emparés de la question de la libéralisation de l’avortement. En 1973, la Cour Suprême rend un arrêt nommé Roe v. Wade à propos de la question de la constitutionnalité des lois qui criminalisent ou restreignent l'accès à l’interruption de grossesse. En 2022, ce droit des femmes à avorter a été révoqué, créant la consternation dans le monde. Durant toute sa carrière, la chanteuse folk engagée Malvina Reynolds (1900-1978) a écrit des morceaux prenant la défense des droits des femmes, en toutes circonstances. Elle a composé « Rosie Jane » pour soutenir la décision de la Cour Suprême, décrivant une discussion entre une femme qui a pris la résolution d’avorter et un médecin condescendant. Elle insiste sur le fait qu’un enfant non désiré dans une famille déjà trop nombreuse sera probablement négligé par ses parents et n’aura pas une vie heureuse. (ASDS)
À l'initiative de la Bibliothèque de La Roche, cette médiagraphie a été réalisée par PointCulture avec le concours de : Michaël Avenia, Manu Bollen, Catherine De Poortere, Philippe Delvosalle, Simon Delwart, Anne-Sophie De Sutter et Yannick Hustache.
Cet article fait partie du dossier Médiagraphies | 2022-24.
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Cet article fait partie du dossier Éducation aux médias | Droits des femmes.
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