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La semaine de la BD : adaptations au cinéma ou en séries

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télévision, adaptation, série télévisée, cinéma, BD, bande dessinée

publié le par Yannick Hustache

Passer des petites cases et phylactères au grand (et petit) écran, autrement dit, comment adapter un récit BD au cinéma ou en série - pas plus que pour la transposition du roman à la pellicule d’ailleurs - ne peut souscrire à aucun schéma, aucune méthode de réussite garantie.

Sommaire

Et c’est tant mieux ! Outre les questions récurrentes de rythmes différenciés (vitesse de lecture personnelle contre défilement images imposé), de moyens asymétriques (les limites de la représentation graphiques ne dépendent que du talent du dessinateur), du degré de fidélité ou de distanciation vis-à-vis de l’histoire originelle, voire du poids symbolique que celle-ci peut faire peser (adapter un récit culte n’est pas sans danger pour celui ou celle qui s’y attaque comme pour son auteur.e), il demeure toujours une réserve d’impondérables (choix du casting, des décors, de l'esthétique du moment de sa diffusion, autres…), qui renvoie la question de la réussite des adaptations aux bons vieux débats critiques post-visionnage, sans cesse recommencés, jamais clôturés, emportés comme apaisés...

Et c’est finalement très bien ainsi !

Dans cette sélection de films et séries qui refuse de choisir son camp entre adaptations de BD issues de l’école franco-belge, du comic-book américain et du manga, c’est justement la spécificité des liens entre l’œuvre originale et le film/la série qui en découle, qui est ausculté en quelques lignes.


Adaptés de comic-books & graphic novels (romans graphiques)

Sarah WAYNE CALLIES, Jon BERNTHAL, Jeffrey DEMUNN, Laurie Holden, Chandler RIGGS, Steven YEUN : The Walking Dead – 1 (2010)

Lors de sa sortie, la série The Walking Dead a fait l’effet d’une bombe grâce à la fois à son univers post-apocalypse ainsi qu’à sa violence qui se rapproche des comics. Malgré le fait que la série prenne une certaine liberté, comme l’ajout de personnages et des destins différents pour certains protagonistes, la série reste assez fidèle à l’univers originel. La thématique de base a aussi permis à la série d’étendre au fil des années le monde de The Walking Dead, avec des spin-offs ou séries dérivées avec des aventures inédites que l’on ne retrouve pas dans la BD. (JDL)

David Cronenberg : A History Of Violence (2005)

Avec ce film, Cronenberg s’empare des bases de la bande dessinée, à savoir comment la violence peut s’infiltrer dans une famille du jour au lendemain. Malgré quelques modifications par rapport à l’original, inhérentes à une adaptation cinématographique, le film reste fidèle à l'atmosphère et à la profondeur des personnages et la perte de repères que cela engendre quand une vie bascule. Pour l’époque le film tranche avec les autres productions hollywoodiennes par son réalisme et sa violence. (JDL)

Zack Snyder : Watchmen (2009)

Contre presque toute attente, le tâcheron Zack Snyder réussit sa transposition sur grand écran du comic-book déconstructiviste de référence écrit par Alan Moore en 1986 (mais non crédité au générique). Faisant fi de son habituelle virtuosité destructrice et tape-à-l’œil, Snyder colle littéralement ses plans de caméra aux cases de la BD, dont il épouse scrupuleusement le déroulé du récit, y compris dans ses nombreux flashbacks et digressions. Pouvant se reposer sur un casting idoine, le film ne tente jamais de proposer quelques accommodements raisonnables avec l’ambiguïté désenchantée et le pessimisme de la BD d’origine. (YH)

Robert Pulcini, Shari Springer Berman : American Splendor (2003)

Il s’agit de l’adaptation mi-documentaire mi-fiction de la bande dessinée American Splendor. Elle dépèce la vie extraordinairement banale et minablement déconcertante d’Harvey Pekar, hypocondriaque déprimé et dépressif, collectionneur compulsif, archiviste dans un hôpital et entouré de collègues pittoresques. Jeu de miroir audacieux entre le comédien Paul Giamatti (Truman Show, Man on The Moon), dont la réussite du film doit beaucoup à sa présence, et Harvey Pekar himself ! Un morcellement jubilatoire et émouvant des planches de la série qui ont fait de cet anti-héros une référence de la contre-culture américaine. (StS)

James McTeigue : V for Vendetta (2005)

Sur un scénario des Wachowski, mais sans mention à Alan Moore, l’auteur de la BD d’origine écrite à l’aube des années 1980, James McTeigue livre une sorte de film de « résistance politique à la dictature » parsemé de références historiques et culturelles. Mais outre son final en mode « rédemption » et ses libertés prises avec le récit dont il s’inspire, le réalisateur dégage de la figure du « héros Moorien » ses aspects les plus discutables (usage de drogues, manipulation, intransigeance, nihilisme…), et balaie d’un tour de caméra l’ambivalence meurtrière en germe derrière chaque élan révolutionnaire à portée sociétale. (YH)

Sam Mendes : Road to perdition (2002)

Adaptation du roman graphique homonyme de Max Allan Collins et de Richard Piers Rayner. Lui-même inspiré d’un manga, ‘Lone wolf and club’. Le film est l’aboutissement d’un triptyque. Comme celui des protagonistes Michael Sullivan, son fils Michael Jr. et John Rooney, qui engage un tueur névrosé pour les liquider les deux premiers. L’univers du monde des gangsters durant la Dépression : meurtres, témoins oculaires, fuites, vengeances, ambiguïtés entre le bien et le mal. L’axe narratif autour du garçon parachève ce sentier de la perdition. Mis en scène par Sam Mendes, qui réalise son deuxième coup de maître après ‘American Beauty’. (StS)

Alex Proyas :The Crow (1994)

Au départ un comic-book confidentiel écrit par un certain James O'Barr destiné à exorciser son chagrin après la mort accidentelle de sa petite amie, The Crow devint une icône culturelle gothique suite au succès de sa première adaptation à l’écran. Tourné dans un style très 90’s avec des effets d’optique parfois clipesques, sur fond de musiques plombées (rock, indus, metal), le film restitue l’univers graphique romantique, nocturne et ultra chiadé du récit original originel. Mais à contrario et avec le recul, cette production semble comme figée dans son époque, et définitivement liée à la disparition tragique, en cours de tournage, de son interprète principal, Brandon Lee. (YH)

Terry Zwigoff : Ghost World (2000)

Ghost World est une des premières histoires longues du dessinateur Daniel Clowes, édité en un seul volume en 1997 et devenu rapidement culte. Il n’en faut pas plus à Terry Zwigoff, autre trublion de la contre-culture américaine, pour mettre en scène les deux héroïnes, Enid et Rebecca, deux adolescentes paumées, reines de l’exploration cynique de l’ennui. Un passage progressif à l‘âge adulte dans un monde de fantômes, à l’aide d’amitié, de glandouille, d’un adulte recherchant l’âme sœur, de collection de disques, de Bollywood, du bluesman Skip James et d’une démonstration de nunchaku ! (Sts)

Robert Altman : Popeye (1980)

Le mariage entre Robert Altman (M.A.S.H, Shortcuts) et Popeye, icône de la BD américaine, produira en 1980 un film, considéré aujourd’hui comme un bide cinématographique (volontaire ou pas) ou un film culte. Pour cet ouvrage, le cinéaste aura eu notamment besoin d’un Robin Williams greffé d’avant-bras en mousse, d’un décor grandguignolesque, devenu aujourd’hui le ‘Popeye Village’, musée à ciel ouvert sur l’île de Malte (où s’est déroulé le tournage) et d’une pieuvre géante en caoutchouc. A noter enfin que le film est aussi une comédie musicale où le pillage des chansons semblait autorisé. (StS)

Adapté de mangas

Katsuhiro Otomo : Akira édition spéciale (1988)

Ce film possède la particularité que le réalisateur est également le créateur du manga Akira. En effet, Otomo a pris en main l’adaptation de sa propre œuvre. Une atmosphère cyberpunk post-apocalyptique de Tokyo et parfaitement représentée avec une bande son qui accentue l’immersion. Malgré un scénario plus simpliste que le manga, le film donne envie de se plonger dans livre pour découvrir l’univers complexe et riche de l’histoire. (JDL)

Adaptés de l'école européenne

Sam Garbarski : Quartier lointain (2010)

Sam Garbarski décide non seulement d’adapter le célèbre manga de Jiro Taniguchi mais aussi de transposer l’action dans la France des années 60. Ce déplacement géographique n’empêche pas le film de conserver l’essence de l’œuvre originale. La ville de Nantua est même étonnamment proche de l’univers du manga avec son lac au pied des montagnes et ses petites rues figées dans le temps. Entre nostalgie et insouciance de l’enfance retrouvée, réalité et rêve éveillé, un film sobre et introspectif que semble valider Taniguchi en faisant une brève apparition à l’écran. (GB)

Sólveig Anspach : Lulu femme nue (2013)

En 2013, la regrettée Sólveig Anspach adaptait le récit en deux tomes écrit par Pascal Rabaté cinq ans plus tôt. Tout en respectant les grandes lignes de cette histoire très automnale d’une femme qui se laisse « dériver », la cinéaste apporte ci et là quelques menues variations dans son traitement. Elle s’intéresse davantage aux motivations de sa « Lulu » (plus disserte mais hésitante et physiquement plus fragile que son alter-ego de papier) et offre un ultime second rôle à Claude Gensac en mamy de secours. La seule déception vient du moment du tournage (début d’hiver), qui rend impossible la restitution de cette superbe lumière d’arrière-saison qui baignait les pages de la BD. (YH)

Julien Rappeneau : Rosalie Blum (2015)

Pour sa première réalisation après une prolifique carrière de scénariste, Julien Rappeneau choisit d’adapter le roman graphique de Camille Jourdy. Fidèle à la BD, il construit son film en trois actes, s’amusant à présenter l’intrigue du point de vue des trois personnages principaux. Kyan Khojandi, Noémie Lvovsky et Alice Isaaz, incarnent à merveille leurs modèles de papier sans oublier Anémone qui excelle dans le rôle de la mère acariâtre et possessive. Une adaptation qui parvient à retranscrire tout le charme du livre et trouve le juste équilibre entre fantaisie et émotion. Saurez-vous repérer l’apparition de Camille Jourdy dans le film ? (GB)

Bertrand Tavernier : Quai d’Orsay (2013)

L’adaptation de Quai d’Orsay est le dernier long métrage de Bertrand Tavernier qui s’adonne pour l’occasion, fait assez rare dans sa filmographie, à la comédie. Il peut compter sur Christophe Blain et Antonin Baudry, alias Abel Lanzac, qui participent à l’écriture du scénario. Il n’en fallait pas moins pour retranscrire l’effervescence des coulisses du cabinet du ministre Alexandre Taillard de Worms, interprété par Thierry Lhermitte qui s’en donne à cœur joie. Les dialogues percutants occupent une place centrale dans le film et font le bonheur des comédiens qui prennent visiblement plaisir à ces joutes verbales. (GB)

Pascal Rabaté : Les petits ruisseaux (2010)

À quatre années d’intervalle, l’auteur de BD Pascal Rabaté adapte son propre roman graphique au cinéma. Tourné dans des décors naturels qui ont probablement inspiré son auteur et fort d’un casting d’acteur.ices des plus heureux (Daniel Prévost, Bulle Ogier, feu Philippe Nahon…), le film conserve la bonhomie touchante, l’humour mélancolique du récit originel ; et ne s’en détache que dans de menus détails : l’âge des petits enfants, les peintures érotiques de Nahon, le final câlin à l’arrière d’un camion de livraisons… Histoire de donner au spectateur l’envie de visionner le film, la BD grande ouverte sur les genoux ! (YH)

Marjane Satrapi, Vincent Paronnaud : Persépolis (2007)

La particularité de ce film est qu’il présente le même graphisme que la BD originelle et son noir et blanc. Ici, le récit est conservé malgré quelques coupures dans les événements secondaires pour respecter la durée standard d’un film. Cette animation cinématographique permet, grâce aux voix et à une bande son, de rendre l'œuvre originelle vivante. Une adaptation très fidèle à la bande dessinée, tant narrativement que sur le plan esthétique. (JDL)


Une sélection de Yannick Hustache, Geoffrey Briquet, Jean de Lacoste et Stanis Starzinski