L’antifascisme en Europe au début du XXe siècle
Sommaire
Médias capitaux : des livres et des films qui ébranlèrent le monde.
La sélection de livres a été réalisée par Anthony Creston, bibliothécaire au B3. Les textes sont des quatrièmes de couverture.
La sélection de médias audiovisuels a été réalisée par PointCulture. Les textes ont été rédigés par Pierre Baps, Manu Bollen, Philippe Delvosalle, Henri Gonay, Yannick Hustache, Thierry Moutoy et Marc Roesems.
LIVRES
Zanatta Micheline, Rochette-Russe Lily et Noiroux Jeanne-Marie. La presse clandestine de Seraing : 1940-1944.
Pendant l’occupation du territoire belge par la Wehrmacht, les habitants de cette ville industrielle de Wallonie ont pu recevoir plus de trois cent journaux clandestins. Deux cent nonante-trois journaux publiés entre 1940 et 1944 ont été retrouvés. Les trois chercheurs retracent le contexte historique, l’organisation des réseaux et les techniques de diffusion de ces titres de la presse clandestine. [Cuesmes (Belgique) : Éd. du Cerisier, 2006, 246 p., (Place publique (Cuesmes))]
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Gotovitch, José. Du rouge au tricolore, histoire : les communistes belges de 1939 à 1944 : un aspect de la Résistance belge en Belgique.
La Résistance impose plus que d’autres phénomènes la mise en valeur des acteurs. Ses structures ont un caractère éphémère et fallacieux de par leur déconstruction permanente par la répression. Ses textes, échappant le plus souvent à la sanction de la réalité sociale, sont arbitraires. Les parcours singuliers permettent seuls d’aller au-delà des mythes, des tabous et autres constructions héroïques bâties autour de la clandestinité. La démarche suivie s’apparente donc à une biographie collective d’un être collectif, le Parti communiste.
Une très longue enquête orale a conduit José Gotovitch auprès de 300 clandestins de la guerre qui lui ont permis de saisir le vécu quotidien du Résistant.
La confrontation des acteurs avec les traces de leur propre trajectoire a débusqué les occultations de la mémoire, les silences, les "secrets de parti". L’action multiforme, de l’inscription à la craie à la rédaction d’un journal clandestin, de la récolte d’argent franc par franc à l’exécution d’un collaborateur, chaque geste porte ici un nom, a l’épaisseur historique de celui qui l’a posé. [Bruxelles : D. Labor, 1992, 609 p.- [16] p. de pl.]
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De Jongh, Paul. Résistance sans frontières : enquête sur les groupes d’espionnage et les lignes d’évasion, 1940-1943.
Le 9 octobre 1943, neuf membres de la Résistance belge et néerlandaise étaient exécutés à Rhijnauwen (près d’Utrecht). Parmi eux, deux moines de l’abbaye du Val-Dieu. En suivant le parcours de ces deux ecclésiastiques, le livre retrace de façon précise l’histoire des groupes d’espionnage et des lignes d’évasion. Ces lignes de secours étaient utilisées par des prisonniers de guerre évadés, par des pilotes alliés abattus, par des personnes d’origine juive et des ressortissants néerlandais en fuite vers l’Angleterre. La ligne d’évasion partait d’Allemagne et des Pays-Bas pour rejoindre Eijsden, puis Mouland et Visé. Une fois arrivés au pays de Herve ou de Liège, les réfugiés étaient conduits à Givet ou à Bruxelles, où d’autres groupes de résistance les prenaient en charge. En 1942 le contre-espionnage allemand infiltre les groupes au départ de Groningue et de Liège: l’Hannibalspiel. L’issue sera dramatique.
En cherchant à comprendre pourquoi, dans la région de Liège, ces deux moines se décident à entrer en résistance, l’enquête met en lumière le rôle joué par l’Église et par l’abbaye du Val-Dieu, mais aussi par leurs familles. [Waterloo (Belgique) : Renaissance du Livre, 2019, 366 p.]
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Debruyne, Emmanuel. La guerre secrète des espions belges : 1940-1944.
Eté 1940. Beaucoup des pionniers de la lutte clandestine se tournent, comme en 1914, vers l'espionnage. Essentiels pour l'efficacité de leur action, les liens avec les autorités belges et britanniques à Londres sont, au départ, pratiquement inexistants. De longs mois sont nécessaires pour que des relations solides s'établissent. Le dialogue ne sera de toute façon jamais simple entre des femmes et des hommes confrontés aux difficultés et aux dangers du terrain et ceux qui dirigent l'activité à Londres. En Belgique occupée et malgré de nombreux revers de fortune, les réseaux vont pendant quatre ans perfectionner leurs techniques de collecte et de transmission de l'information. À la veille du Débarquement, des milliers d'agents opèrent, transformant, selon les mots du Premier ministre de l'époque Hubert Pierlot, la Belgique “en maison de verre” pour les Alliés. [Bruxelles : Racine, 2008, 389 p.]
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Gotovitch, José. Du communisme et des communistes en Belgique : approches critiques.
« Les communistes en Belgique ont joué, jusqu’en 1989, un rôle intermittent mais continu, par leur action positive, mais aussi par la pression virtuelle que leur existence induisait tant au sein de l’appareil d’état que chez leur « plus proche ennemi », la social-démocratie. Bien entendu, cette persistance doit beaucoup à leur nature représentative d’un mouvement mondial et au soutien d’une direction internationale incarnée successivement par la IIIe Internationale et l’URSS.
Mais il ne manqua jamais de militants qui engagèrent leur vie dans ce chemin sans valorisation autre que leurs convictions, sans récompenses autres qu’une mise en danger de leur avenir, de leur bien-être, de leurs proches, et parfois de leur vie. Comprendre ce qui pouvait les motiver, comprendre la force de cet engagement, malgré tout, à travers tout, a constitué l’un des moteurs de mes recherches sur le communisme belge et principalement sur les communistes. » (José Gotovitch) [Bruxelles : Éd. Aden, 2012, 436 p.]
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Sironval, Cyrille. L’engagement.
« Il arrive à ceux qui se battent de gagner, au contraire des résignés qui sont les éternels défaits. Les seuls combats perdus d’avance sont ceux qu’on ne mène pas. L’abstention du plus grand nombre est toujours une victoire des puissants. L’apprentissage de notre Histoire sociale est ainsi un combat et un champ de bataille de la lutte des classes ».
Forts de cette conviction, Daniel Richard et Thierry Sacré (respectivement secrétaire régional et permanent de la FGTB de Verviers) ont voulu rencontrer Cyrille Sironval pour recueillir son témoignage. Né en 1922, résistant contre le nazisme, fidèle à ses engagements d’adolescent. Communiste un jour, il l’est resté toujours. « Et ce n’est pas une affaire de carte d’affiliation au Parti » sourit-il. [Cuesmes (Belgique) : Ed. du Cerisier, 2014, 189 p.,(Place publique (Cuesmes))]
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Lemaître, Jean. C’est un joli nom, camarade : Jean Fonteyne, 1899-1974, avocat de l’Internationale communiste.
Le parcours de Jean Fonteyne éclaire l'ensemble des événements qui ont jalonné le XXe siècle. Emprisonné par l'occupant allemand pour la diffusion d'un journal clandestin, il crée après la guerre un Mouvement pour la culture morale avant de s'engager pour la cause ouvrière. Avocat puis sénateur, il se voit confier des missions très confidentielles en relation avec l'Internationale communiste. [Bruxelles : Ed. Aden, 2012, 380 p.]
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Picalausa, Louis. Histoire de Seraing.
Seraing est une commune de Belgique située en Région Wallonne dans la province de Liège. À Seraing était située l’ancienne résidence des princes-évêques de Liège avant de devenir une cité industrielle au XIXe siècle. Avec la découverte de gisements de charbon vers la fin du XVIIIe siècle, la ville passe d’une économie rurale à une économie industrielle, avec la construction d’aciéries et surtout de cristalleries pour laquelle Seraing est très reconnue. [Seraing : P. Martino, 1904, 131 p.]
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Renardy, Christine. Le Château Cockerill à Seraing : témoin d’une aventure industrielle de deux cents ans.
Le 29 janvier 1817, John Cockerill achète à Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, le château de Seraing. Mais John Cockerill ne prend pas possession de n'importe quel bâtiment. Il s'agit de l'ancienne résidence d'été des princes-évêques de Liège, qui a elle-même succédé à une forteresse médiévale attestée dès 1084. C'est à la découverte de l'histoire de ces édifices que vous convient les quatre premiers chapitres de l'ouvrage. Ceux-ci sont dûment complétés par un texte des architectes consacré non seulement à la superbe restauration du château, mais aussi, en lien direct avec celle-ci, à toute la phase de rénovation du centre urbain de Seraing. Les quatre chapitres suivants traitent, quant à eux, de l'extraordinaire histoire des établissements fondés par Cockerill jusqu'en 2002, date à laquelle Bernard Serin rachète la filiale du groupe Usinor « Cockerill Mechanical Industries » rebaptisée en 2004 « Cockerill Maintenance et Ingénierie » : CMI, désormais spécialisée dans l'ingénierie industrielle ; c'est l'objet des trois derniers chapitres. Bref, un ouvrage de référence richement illustré pour célébrer dignement un bicentenaire !
Il est à noter que « CMI » est redevenu « John Cockerill » depuis le 16 mai 2019. [Namur (Belgique) : Institut du Patrimoine wallon, 2017, 433 p.]
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Verdin, José. Sidérurgie liégeoise : chroniques d’une mort orchestrée… et d’une résistance acharnée.
Acier rouge et mains d'or. Ces quelques mots évoquent avec poésie un monde de suie et d'étincelles ainsi qu'un savoir-faire précieux : l'univers des sidérurgistes. Mais un tel résumé reviendrait à réduire la portée et la puissance de cette communauté, vivante et révoltée, qui anime tout le secteur de la sidérurgie. Un groupe d'hommes de tous âges et de tous horizons, unis tant dans les risques du travail que dans les luttes sociales. Ce microcosme, loin d'être replié sur lui-même, a en effet toujours donné de la voix dans la sphère publique ; une voix qui tend à être étouffée mais qui, même réduite à un filet, résiste comme un beau diable.
Cet ouvrage s'attache à garder la trace des tourments et incertitudes que ce monde ouvrier a traversés sans se départir d'un formidable esprit de solidarité. Sans céder à une vision romancée des événements, José Verdin nous livre des récits tantôt épiques, tantôt amers, qui ont émaillé l'histoire de la sidérurgie liégeoise de ces trente dernières années. [Liège : Les Éd. de la Province de Liège, 2020, 295 p.]
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JEU VIDÉO
Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre (2014)
Ce jeu vidéo d'aventure développé par le studio français Ubisoft Montpellier se déroule pendant la Première Guerre mondiale et met en scène plusieurs personnages principaux qui se retrouvent impliqués dans la guerre de différentes manières.
Elle est représentée principalement par le personnage de Karl, un agriculteur allemand mobilisé de force, qui se révolte contre les horreurs de la guerre et prend la décision de déserter l'armée et de retourner chez lui pour protéger sa femme et son fils.
Au cours de l'histoire, Karl sera rejoint par d'autres personnages principaux confrontés à des situations difficiles qui nécessitent des actes de résistance contre l'ennemi, que ce soit en aidant d'autres soldats à échapper à la capture, en sabotant les opérations ennemies ou en secourant des otages. Le jeu met en lumière les dilemmes moraux et les risques auxquels sont confrontés les protagonistes tout au long de leur périple.
Plusieurs missions se déroulent en Belgique, notamment une section du jeu qui se concentre sur le personnage d’un fermier, Emile. Celui-ci doit faire face à l’occupation de sa ferme par les Allemands. Les joueurs suivent son parcours pour protéger sa famille et sa patrie face à l’invasion ennemie. (TM)
CINÉMA DE FICTION
Sergueï Eisenstein : Octobre (1927)
Adapté du livre Dix jours qui ébranlèrent le monde de John Reed, le film marque chaque étape de la révolution russe par des scènes au fort impact visuel selon un principe théorisé par le réalisateur qui déploya des moyens colossaux pour respecter cette commande du Parti, plongeant des quartiers de Leningrad dans le noir, mettant l’Armée rouge à contribution et engageant des gens du peuple pour le réalisme.
Certaines scènes comprenant Léon Trotski (déchu depuis 1924) sont supprimées par le Parti qui surveillera Sergueï Eisenstein par la suite. (HG)
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Lewis Milestone : A l’Ouest rien de nouveau (1930)
En 1930, Lewis Milestone réalise l’adaptation fidèle d’un roman d’Erich Maria Remarque, vétéran de la Grande Guerre dans les troupes allemandes.
Pacifiste et antimilitariste, Remarque y décrit l’enfer des tranchées et le bourrage de crâne patriotique exercé dans les écoles, provoquant de vives réactions dans la presse nationaliste qui l’accuse d’être juif en plus d’être un lâche.
La sortie du film à Berlin sera troublée par des émeutes organisées par Joseph Goebbels avant qu’il ne soit censuré. Quant au roman, il sera en tête de liste des livres à brûler lors des autodafés de 1933. (HG)
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Raymond Bernard : Les Croix de bois (1932)
Suite au traumatisme engendré par la Première Guerre mondiale, Roland Dorgelès rédigea en 1919 Les Croix de bois , film qui s’inscrit dans la liste des manifestes pacifistes et antimilitaristes qui virent le jour dans l’entre-deux-guerres.
Dans un souci de réalisme, l’adaptation cinématographique fut tournée sur les champs de bataille toujours intacts, avec d’anciens poilus dont Charles Vanel qui fut attaqué par les nationalistes, ces derniers ne reconnaissant pas ses blessures psychologiques.
Ces croix de bois sont ces milliers de tombes creusées à la sauvette qui longeaient les routes non loin des combats. (HG)
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Jean Renoir : La grande illusion (1937)
Inspiré par sa propre expérience, Renoir réalise un film de guerre sans guerre où une aristocratie déclinante et des gens du peuple fraternisent avec l’ennemi sous le couvert de la classe sociale ou simplement par amour.
Comme une prémonition, les dernières répliques du film sont :
- « En espérant que ce soit la dernière ».
- « Là tu te fais des illusions ».
Considéré comme LE film à abattre par Goebbels, La grande illusion emprunte son titre à un politicien anglais qui y émet, en 1910, l’hypothèse de l’impossibilité d’une guerre à cause du poids du crédit. (HG)
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André Malraux : Sierra de Teruel [Espoir] (1939)
En 1936 André Malraux s’engagea pour combattre les fascistes en Espagne.
Son personnel composé de mercenaires et son inexpérience ne seront pas d’une grande efficacité, mais il romancera son histoire dans un ouvrage écrit à même le champ de bataille et entamera la réalisation de son adaptation cinématographique dans la foulée.
Les franquistes prenant du terrain, la fin du film sera réalisée en France, devenant un symbole de l’espoir déchu d’une communauté qui voyait en la révolution espagnole le berceau d’une Europe socialiste et profondément antifasciste.
Le film sera censuré dans l’Espagne franquiste et dans le reste de l’Europe pendant l’Occupation. (HG)
Jean-Pierre Melville : L’armée des ombres (1969)
Adaptée d’un roman de Joseph Kessel et filmée avec une certaine sécheresse et une noirceur proche de l’abstraction mentale qui la tiennent à distance de tout pathos, L’armée des ombres est une histoire de choix qui grèvent une vie, de renoncement, de solitude, avec la mort au bout du chemin. Les succès d’un jour – Gerbier (Lino Ventura) échappe miraculeusement un temps à la Gestapo – se payent au prix du sang (du traître, comme la résistante « retournée »). Les résistants sont davantage décrits comme des ombres agissantes que comme des héros ; tels des martyrs mais aussi tels de froids et impassibles exécutants. Brillant. (YH)
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Louis Malle : Lacombe Lucien (1973)
En 1944, alors que les alliés ont débarqué, un jeune paysan naïf et sans attache du Sud-Ouest se retrouve, un peu par hasard, embrigadé au sein d’une section française de la police allemande qui traque (et rançonne) résistants, communistes et juifs. Lucien s’acquitte de sa sale besogne sans trop d’état d’âme jusqu’à ce qu’un amour interdit provoque chez lui un tardif sursaut moral. Ce portrait d’une France capable, au gré des circonstances, de soutenir le Maréchal et l’occupant ou parfois de rejoindre la Résistance, mais qui avant tout tente de laisser passer l’orage et survivre – quitte à faire quelques poches au passage – demeure toujours aussi interpellant. (YH)
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Frank Cassenti : L’Affiche rouge (1976)
1944 : le réseau « Manouchian » est démantelé par la Gestapo.
Sur les vingt-trois résistants arrêtés, dix seront sélectionnés sur leur apparence particulièrement « métèque » pour apparaitre sur une affiche servant la propagande antisémite.
Pour son film, Frank Cassenti a choisi son époque : 1976, mettant en scène une troupe de théâtre composée de réfugiés politiques fuyant l’Espagne, le Chili ou la Roumanie, qui répète une pièce sur l’histoire de l’Affiche rouge.
Ces comédiens font écho à ces résistants étrangers et nous rappellent que l’Histoire se répète et ne laisse pas beaucoup de place aux immigrés. (HG)
Bernardo Bertolucci : Novecento (1976)
Film incontournable sur le fascisme italien, Novecento retrace les évènements à travers les yeux de deux amis. L’un est fils de paysan, le second est issu de la haute bourgeoisie. Deux classes sociales dont la division naturelle prendra une ampleur sans précédent avec l’avènement du Duce.
Le choix de raconter l’histoire des points de vue respectifs d’une classe privilégiée et d’une autre opprimée rend le film très actuel et nous renvoie au regard que nous portons sur le monde en fonction de la position plus ou moins confortable dans laquelle nous nous trouvons. (HG)
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Warren Beatty : Reds (1981)
Biopic de John Reed, journaliste communiste américain et témoin de la révolution russe, Reds dépasse la romance hollywoodienne en ponctuant le film d’interviews de personnes l’ayant connu. Le long métrage souligne ainsi l’espoir que cette révolution provoqua dans le monde auprès des milieux de gauche, qui se permirent de rêver d’un monde socialiste mené par une classe ouvrière internationale, abolissant au passage les guerres entre nations.
Une aspiration étouffée dans l’œuf, la révolution d’Octobre 1917 débouchera sur un État totalitaire aux purges sévères. (HG)
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Ken Loach : Land and Freedom (1995)
Dave, adhérent au Parti communiste anglais, fait ses valises et part rejoindre les Brigades internationales en Espagne où il est intégré dans une brigade du POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste). Dans cette guerre, il découvrira le courage, l’amour, mais aussi le côté sombre du Parti communiste qui déclarera illégales toutes brigades non adhérentes au parti.
Ken Loach s’inspira du livre Hommage à la Catalogne de George Orwell dans lequel il décrit sa propre expérience au sein du POUM, dans un monde sans classes où chacun a sa place, quel que soit le genre ou l’origine sociale. (HG)
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Jacques Audiard : Un héros très discret (1996)
Depuis sa tendre enfance, Albert est plongé dans ses romans d’aventure, s’identifiant aux explorateurs et autres baroudeurs.
Garçon réservé, la Seconde Guerre mondiale se passa, presque, sans qu’il s’en rende compte. Jusqu’à la Libération où il s’aperçut que sa belle-famille faisait partie des réseaux de résistance. L’aventure et l’héroïsme venaient de lui passer sous le nez.
À moins qu’à l’aide de quelques falsifications, il devienne héros de la Résistance. (HG)
Volker Schlöndorff : La Mer à l’aube (2011)
En octobre 1941 à Rennes, suite à l’assassinat d’un officier allemand par des résistants communistes, Hitler exige que 150 otages soient exécutés. Il incombe bientôt à un préfet français de devoir « sélectionner » une trentaine de détenus au sein du camp de Choisel parmi lesquels se trouve un jeune homme de 17 ans. Très classique dans sa facture, le film montre bien toute la redoutable complexité de la chaîne de prise de décision et l’étendue des réactions et comportements, tant français qu’allemands, face à l’arbitraire, l’injustice et la mort. Un film militant mais à distance de tout élan d’héroïsation filmée. (YH)
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DOCUMENTAIRES
Jacques Kupissonoff : Sabotage (1945)
Ce court métrage évoque les activités du Groupe G (ou Groupe général de sabotage de Belgique) durant la Seconde Guerre mondiale. Le réseau ferroviaire de Belgique étant le plus serré d’Europe, il était nécessaire pour ces résistant·e·s de saper, par tous les moyens, ce tissu de communications privilégié par l’occupant ennemi pour ses seules fins (déportations de victimes du régime nazi, d’ouvriers ou de prisonniers, transports de matériels et d’armements). Si la première partie de ce film « pour l’Histoire » (commandité par le Groupe G) s’apparente à un documentaire, la seconde privilégie une forme fictionnelle, empruntant les codes d’un film d’action avec scènes de reconstitutions (sabotage, attaque d’un train, effets pyrotechniques, figurants endossant l’uniforme allemand et échauffourées). (MR)
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Gaston Schoukens : Un soir de joie (1955)
Un soir de joie relate l’un des événements les plus audacieux de la presse clandestine : la conception et la diffusion, en 1943, d’un faux numéro du journal Le Soir, par un groupe de résistants bruxellois, dans lequel furent publiés des articles qui échappèrent à la censure, tandis que Le Soir officiel était aux mains de l'occupant. Mais si le film relate l’exploit sur le ton de la légèreté (certains protagonistes le jugeront même un peu trop caricatural), il est surtout la manifestation du courage et de l’audace d’un groupe de citoyens face à l’occupant, dont certains le payèrent de leur vie. (MB)
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Frédéric Rossif : Mourir à Madrid (1963)
Ce film documentaire au remarquable travail de recherche fut réalisé pendant la dictature franquiste. Et pour ne pas froisser les rapports diplomatiques avec l’Espagne, la France retardera sa sortie et acceptera de le censurer partiellement, faisant ainsi de ce film la référence ultime sur la Guerre d’Espagne.
Utilisant des archives fournies par l’Union soviétique, les États-Unis et différents pays européens, Rossif ne fait pas figure d’historien mais pose l’essentiel à savoir sur la guerre civile espagnole et les Brigades internationales. (HG)
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Frans Buyens : Breendonk – dialogue ouvert (1971)
Dès septembre 1940, le fort de Breendonk, au Nord de Bruxelles est transformé en centre d’internement et de transit puis en camp de torture et d’exécution, et voit passer de nombreuses victimes de l’occupant nazi : forces vives de la Résistance, familles juives en attente de déportation... Le 23 mai 1970, le cinéaste militant Frans Buyens met tous les moyens en œuvre (8 équipes de tournage) pour filmer en 16mm un maximum de témoignages et d’avis contradictoires émanant de jeunes gens visitant le Fort et de rescapés y revenant à l’occasion du 25e anniversaire de sa libération. Un film de confrontation de points de vue replaçant régulièrement le passé dans la perspective de l’actualité de 1970 (la Grèce des Colonels). (PD)
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Richard Olivier : Wilchar, les larmes noires (1992)
Pendant la guerre 1940-1945, le lithographe engagé Wilchar (1910-2005) rejoint la Résistance bruxelloise. Il édite un journal clandestin, met le feu aux dossiers du service du travail obligatoire en Allemagne... Arrêté par la Gestapo, il transite par Breendonk. Cinquante ans après cette période traumatique de sa vie, Richard Olivier le pousse – malgré les réticences du survivant (« Tu veux vraiment qu’on entre là-dedans ? ») – à y tourner un film. Entre la visite du camp devenu musée et ses gouaches d’époque dépeignant la vie quotidienne des prisonniers, sont évoquées la violence permanente des SS allemands et flamands, la torture, la faim, la négation de toute dignité humaine. (PD)
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Frédéric Dumont et Bernard Balteau : Un simple maillon (2003)
Durant la Seconde Guerre mondiale, la mécanique de cruauté nazie n’épargne pas les enfants. Révoltée, la jeune institutrice Andrée Geulen entre en résistance. Elle met au point, avec d’autres femmes, une organisation ingénieuse, qui permettra à plus de 2000 enfants juifs d’être cachés dans des familles d’accueil et des institutions et ainsi, d'être sauvés de la déportation. Témoignage émouvant et pudique d’une combattante de l’ombre, précieux parce que rare, qui nous interroge : serions-nous aussi capables d’être Un simple maillon, en d’autres temps et d’autres lieux, lorsque les nuages noirs s’amoncellent ? (MB)
Thierry Génicot : La Cinéaste (2004)
Un fascinant documentaire radiophonique belge abordant entre autres un épisode méconnu de l’histoire de la Résistance : l'attaque, le 19 avril 1943, du 20e convoi Malines-Auschwitz par Yura Livschitz, Robert Maistriau et Jean Franklemon, trois jeunes partisans qui – fait unique dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale – réussirent à arrêter le train, ouvrir un wagon et faire s'évader près de 200 déportés. Une opération liée à l’histoire de l'Atelier, 51 rue du Commerce, dans le quartier Léopold où, dès 1935, le peintre Marcel Hastir organise des concerts, avant que l’endroit ne devienne un lieu-clé des réseaux de résistance et de cache des Juifs pendant la guerre. (PD)
Laurence Jourdan : L'Europe des fronts populaires (2006)
Dans une Europe qui peine à se relever des conséquences de la crise majeure de 1929 et face à la montée des fascismes en Italie et Autriche, à l’arrivée au pouvoir des Nazis en Allemagne et à la contagion autoritaire (Grèce, Espagne…), les partis de gauche – avec l’aval de la Troisième Internationale basée à Moscou – parviennent enfin à faire cause commune afin de leur barrer la route. En Espagne (et partout ailleurs), cette union instable échouera à contrer les Nationalistes de Franco. Mais en France, le temps d’un printemps, le Front Populaire arrachera une série d’avancées sociales (les congés payés…) dont nous profitons encore aujourd’hui. (YH)
Jean-Noël Jeanneney, David Korn-Brzoza : 1919-1939, La drôle de paix (2009)
Non, les insuffisances notoires du traité de Versailles de 1919 qui fait suite à l’armistice du 11 novembre 1918 et qui mettait fin au premier conflit mondial ne menaient pas inexorablement au second (1939-1945). Et même si la crise de 1929 frappa une Allemagne encore économiquement fragile, elle n’explique pas à elle seule l’arrivée au pouvoir d’Hitler ou l’expansionnisme japonais et italien. Menées par une sorte de désir de paix à tout prix et surtout incapables de s’entendre entre elles en raison de l’épouvantail communiste, les démocraties occidentales ont été de toutes les reculades (Chine, Rhénanie, Éthiopie, Autriche, Sudètes…) pavant le terrain à l’inéluctable… (YH)
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Bernard George : Les combattants de l'ombre (2011)
Une histoire de la Résistance en Europe déclinée en six chapitres construits sur un même schéma narratif: images d’archive soutenues du récit des derniers témoins et de mini reconstitutions fictionnelles (souvent superflues). Un portrait qui débute à l’invasion de la Pologne en 1939 et s’étend à toute l’Europe à mesure de l’extension du conflit. Des premiers temps de l’incertitude (hésitants communistes), la lente constitution de réseaux, de la lutte armée à « l’après-guerre » et ses désillusions. Et sans omettre l’opposition allemande à Hitler, le rôle jamais assez souligné des femmes et la très grande variété des formes de résistance, passive comme active. (YH)
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Jan Peter, Frédéric Goupil : 1918-1939 : les rêves brisés de l’entre-deux-guerres (2017)
À partir de correspondances, de journaux intimes et de récits biographiques, cette série documentaire-fiction (8 épisodes, près de 7 heures) suit les destinées contrastées de treize personnages, connus ou anonymes, qui furent témoins ou acteurs des bouleversements sociaux et politiques de l’entre-deux-guerres. De 1918 à 1939 (déclaration de guerre), cette fresque historique entremêlant images d’archives (films, photos) et scènes de fiction (reconstitutions avec acteurs et figurants), exhume la chronologie de ces années troubles, dominées par l'émergence et l’affirmation des idéologies communiste, fasciste et nazie. (MR)
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Benjamin Hennot : Stan & Ulysse (2018)
Retrouvant deux résistants de la région de Couvin, Marcel Franckson et André Van Glabeke, nonagénaires au moment du tournage, le cinéaste ne tourne pas un film d’historien (même s’il aborde aussi, avec sérieux et méthodologie, une matière historique). Ce qui l’intéresse dans ces sept décennies passées depuis la guerre, dans ces mains de vieillards qui manipulent à nouveau les fusils de leur jeunesse, ce n’est pas la patine du passé, mais la convocation d’un présent par la magie de l’entretien, la puissance de la parole et, il faut bien le dire, une certaine aura des outils de la lutte (« ça, c’est vraiment un des explosifs que nous avons utilisé avec le plus de joie. »). (PD)
Cet article fait partie du dossier Médiagraphies | 2022-24.
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