Les chansons du temps de la Grande Guerre | une playlist
Même aux heures les plus noires de la grande boucherie de la guerre 1914-1918, les hommes (et femmes) n’ont jamais cessé de pousser la chansonnette. A l’avant du front, les chansons ont d’abord entretenu la flamme du patriotisme, puis prodigué un semblant de courage dans l’adversité, aidé à supporter l’innommable ou servi de maigre pis-aller face aux ravages immenses de la Grande Faucheuse. A contrario, elles ont aussi œuvré à entretenir malgré tout un mince filet d’espoir (à l’arrivée des Américains en 1917), ou constitué les bastions authentiques d’une résistance humaine face à l’horreur et à l’injustice (là l’exemple de la fameuse « Chanson de Craonne », hymne antimilitariste censuré par la hiérarchie militaire en 1917), ou tout simplement servi de refuge (secret) et de lien entre cette « vie perdue d’avant » (en temps de paix), celle, implacable du moment, et celle que l’on ose espérer du bout des lèvres pouvoir mener auprès des siens une fois la paix ( ?) revenue. Moins en prise directe avec la tragédie du front, les chansons de l’arrière portent en creux parfois, la légèreté, l’innocence et les illusions d’avant-guerre, et celles d’une victoire à portée de fusils en début de conflit, pour ensuite traiter, de façon frivole ou plus grave, de tous des aspects d’une existence faite d’attente et d’inquiétude (pour le mari, le père, le frère, le fiancé…), d’espoirs déçus, de contraintes matérielles de survie (la vie est dure à l’arrière), mais aussi de toutes ces petites anecdotes, riens et détails, qui expliquent que même à deux doigts du gouffre, la vie a fini par reprendre ses droits.