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Liège en musiques

Jacques Pelzer - musicien et pharmacien - photo Igloo Records
Musique contemporaine, jazz, musiques du monde, rap, inventions sonores, chansons poignantes ou - volontairement ! - "minables" : le portrait sonore éclaté d'une ville dont les créations singulières rayonnent jusque Paris ou Chicago.

Sommaire

Henri Pousseur

Henri Pousseur a perçu tous les enjeux musicaux de son temps ; il en a vaincu aussi toutes les maladies. Pas de table rase, de destruction, de déconstruction même, mais un espace d’intégration et de liberté où convergent  l’aléatoire et la mémoire, le son inédit et le familier, le musical et l’extra musical, l’attendu comme l’inattendu (Trois visages de Liège, 1961). Jamais prisonnier d’un présent qui ignorerait le passé, ou d’un passé qui anticiperait le présent, Pousseur parle aussi bien la langue de la musique que la musique de la langue. C’est cette double polarité, génératrice de champs multiples, qui le rapprochera de Michel Butor. Alternant signes, symboles et matériaux émotionnels purs, l’opéra-fantaisie Votre Faust, élaboré entre 1961 et 1968,  naitra de leur collaboration tel  un hologramme, synthèse de deux visions poétiques.  [JL]

Centre Henri Pousseur - 5 Quai Banning - 4000 Liège


Jacques Pelzer

Jacques Pelzer fait partie des figures marquantes du jazz d’après-guerre en Belgique. Saxophoniste et flûtiste (né et décédé à Liège), il débute en 1947 dans la formation Bop Shots du saxophoniste Bobby Jaspar (dans laquelle on retrouvait aussi le guitariste René Thomas). A la dissolution du groupe, il reprend un temps son activité de pharmacien pour bientôt se consacrer entièrement à la musique. Son jeu s’affranchira alors progressivement de son influence des débuts Charlie Parker, vers un lyrisme plus marqué dans une certaine filiation avec le jeu de Lee Konitz. De son bouillonnant parcours musical durant lequel il multipliera projets et rencontres, on retiendra ses enregistrements avec le trompettiste Chet Baker avec qui il se lie d’amitié début des années 1960.  [BB]

Jacques Pelzer Jazz Club - 493 Bld Ernest Solvay - 4000 Liège


Home Records

Fondé en 2004 par Michel Van Achter, un Bruxellois émigré à Liège, le label Home Records s'est très vite imposé comme le défenseur des productions belges dans le domaine du folk et des musiques traditionnelles mais aussi de la chanson française ou anglaise et du jazz, éditant des disques d'artistes venant des deux côtés de la frontière linguistique. Parmi les dernières sorties, il faut citer les musiques métissées de Nawaris, un groupe belgo-irakien, les envolées au violon du GFVP ou Ghent Folk Violin Project ou les poèmes de Photis Ionatos. Bref, un label qui propose des « musiques singulières » hors des modes et croisant genres et cultures, mais pour tous les goûts.  [ASDS]


Damien Saez, « Ami de Liège »

C’est au chanteur français Damien Saez que l’on doit la plus belle chanson récente évoquant Liège : « Ami de Liège » qui fait partie de son triple album Messina (2012). Il nous offre là à écouter un texte poignant écrit en mémoire des victimes de la tuerie de Liège qui s’est déroulée à la Place Saint-Lambert le 13 décembre 2011. C’est aussi et surtout une lettre d’adieu à un ami proche : Toi mon ami de Liège/Toi fauché par la vie/Par la bêtise humaine/Qui s’étend par ici/Toi mon ami de Liège/Toi petit frère des nuits/Qui chantais mes poèmes/Comme on chante la vie.

Dans cette ballade interprétée piano/voix, Saez se fait chantre de la ‘frèritude’ et l’émotion à fleur de peau qui s’en dégage rappelle la chanson « Jojo » du Grand Jacques : Six pieds sous terre, Jojo, tu frères encore. Oui, on pense à Brel qui chantait, en 1965, « Il neige sur Liège », une autre perle mélancolique sur la Cité ardente.  [GD]


Jacques Lizène, artiste de la médiocrité

Né à Ougrée (Seraing), Jacques Lizène serait l’inventeur de l’art nul. Il s’autoproclame « artiste de la médiocrité, comme art d’attitude », ne cessant de produire des œuvres branlantes, inintéressantes, vaguement humoristiques, généralement stupides mais toujours ancrées dans une critique radicale du système artistique.

En 1983, il sort chez Igloo Le Minable Music-Hall, un disque ovni directement devenu culte qui sera réédité en 2002, augmenté d’un disque de remixes qui sont, selon ses dires, encore plus épouvantables que les originaux. On y découvre des chansons électro-expérimentales désarticulées kitschissimes et délicieusement insupportables comme « Chanson minable », « Le Slip » ou « La Banane n’est pas l’ananas ». (GD)


Pour en savoir plus, voici un extrait du documentaire Jacques Lizène : On ne va pas revenir là-dessus (2006) coréalisé par Juliette Gros-Gean et Lionel Dutrieux.


Pierre Berthet

Le dimanche 10 septembre dernier au Meakusma Festival, dans une prairie à l’arrière des anciens abattoirs d’Eupen, Pierre Berthet et l’artiste sonore Rie Nakajima offraient au public déambulant ou couché dans l’herbe ce qui fut peut-être le plus beau concert d’une programmation de trois jours pourtant peu avare en émotions fortes. Concert ? Ou installation ? Ou performance ? Un peu des trois sans doute… Et les classifications n’ont plus aucune importance quand des artistes évoluent à ce niveau-là de poésie et de réenchantement de notre approche du monde. Coiffé d’une casserole à moules, Pierre Berthet se balade entre des feuilles de palmiers séchées mises en vibration par de tous petits moteurs. « Des plantes mortes et des objets vivants » pour reprendre sa formule à lui. Presque 25 ans plus tôt, en 1994, on découvrait Pierre Berthet par un étrange disque de chansons rock expérimentales, à la fois minimales et inventives – cousines de celles de Tom Zé ou de Tom Waits dans leurs versions les plus aventureuses –, en compagnie de Frédéric Le Junter. Entre ces deux dates, cet ancien étudiant de Garrett List, Frederic Rzewski et Henri Pousseur au Conservatoire de Liège n’aura cessé de faire vibrer les cordes, les bidons, les ressorts, les membranes, la surface de l’eau, les cadres de piano prolongés, etc. Pour notre plus grand ravissement !  [PhD]



Yannick Franck et le label Idiosyncratics

Du son sur tes tartines :Belgium UndergroundEn 2016, Belgium Underground avait rencontré le musicien Yannick Franck pour une interview où il revenait sur son parcours et sa vision de la création sonore. Créateur protéiforme et explorateur de nombreux champs d’expérimentations, il dirige depuis 2003 le label liégeois Idiosyncratics. Dans cette vidéo, il évoque également sa perception de l’underground en tant que “tradition culturelle gnostique” et lieu de résistance et d’indépendance vis-à-vis des dogmes culturels institués ainsi que son travail au sein d'un label indépendant.  [DM]


Luik Records

Fondé en 2015 dans la cité ardente par le touche-à-tout Damien Aresta, par ailleurs booker, graphiste et guitariste/vocaliste dans It It Anita, Luik (Liège en néerlandais) est un havre ou une pépinière de groupes indie « européens » au sens très large du terme ! On y trouve du rock remonté ET éduqué, avec (It It Anita, Lysistrata, Bonne Aparte, Sale Gosse) ou sans vocaliste (No Metal in This Battle, Rince-Doigt), des praticiens d’une electro sans dogme (Das Geld, Monolithe Noir), de la belle pop en solitaire (One Horse Land, Jeremy Walch), à deux (Blondie Brownie), ou encore à plusieurs (Anabel Lee), sans oublier l’un ou l’autre électron libre (Jean D.L.) ! Un éclectisme aussi rare que réjouissant  dont le point médian pourrait bien se trouver dans la générosité scénique commune aux poulains de Luik Records !  [YH]


Cocaine Piss

Pendant l’été 2014 à Liège, Aurélie, Mathias, Yannick et Julien organisent des concerts.  N’ayant pas de première partie pour une date, ils décident de se mettre à l’œuvre et créent pour l’occasion une formation sensée être éphémère. Deux albums plus tard, le groupe continue à tourner et s’apprête à enregistrer un troisième disque (de nouveau) à Chicago chez le sorcier du son Steve Albini. Mais Cocaine Piss est avant tout un groupe à voir sur scène. Leurs prestations live sont courtes, denses et survoltées. Un exutoire en forme de déflagration sonore lors duquel la chanteuse vient chercher et littéralement bousculer un public qui (bien souvent) en redemande.  [IK]



Starflam

Formé à Liège au début des années 1990 sous le nom de « H-Posse », devenu « les nouveaux Malfrats Linguistiks » après le départ de Monsieur R, DJ Sonar et Sly-D.  Avec l’arrivée de L’enfant Pavé et de Kaer le groupe choisit le nom « Starflam », anacyclique de malfrats. Alors que le rap n’est pas encore devenu comme aujourd’hui la nouvelle variété, la formation liégeoise convainc pendant une décennie des deux côtés de la frontière linguistique. Véritable pierre angulaire du rap belge du début des années 2000, Starflam fait aujourd’hui figure de vétéran.  [IK]



Une playlist de PointCulture

coordonnée par Anne-Sophie De Sutter

et réalisée par Jacques LedunePhilippe DelvosalleBertrand BackelandAnne-Sophie De SutterGuillaume DuthoitIgor KaragozianYannick Hustache et David Mennessier.


photo du bandeau du haut : Jacques Pelzer, musicien et... pharmacien - photo (c) Igloo Records

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