Londres au cinéma
Sommaire
Swinging London
Rien d’étonnant à ce que le cinéma – une forme artistique intimement liée à la musique – ai profité de l’émergence de cette mouvance musicale pour capter l’émulation propre à la capitale. En deux films (Alfie, 1966 et The italian job, 1969), Michael Caine a incarné cette nouvelle jeunesse libérée de l’héritage pesant de ses pairs. Du très opportuniste (quoique très réussi) Hard day’s night(1964) à Blow up(1967), les réalisateurs ont su profiter de cet éclatement pop pour transposer à l’écran ces nouvelles tendances. Plus proches de nous, des films tels que Austin Powers (1997) ou Good morning England (2009) ont ressuscité l’esprit de l’époque pour le plus grand bonheur des nostalgiques d’alors ou des plus jeunes intrigués par cette période phare tant musicale que sociale.
Le visage humain
On qualifie souvent le cinéma anglais (celui de Ken Loach, Mike Leigh ou Stephen Frears) de social. Mais c’est avant tout d’humanisme qu’il s’agit. Ces mêmes réalisateurs ont su capter la vie de quartiers londoniens, donnant une vision plus localisée de la capitale en délaissant – volontairement ? – les lieux communs. Car Londres c’est aussi la banlieue (Another Year, 2010), les quartiers moins reluisants (High Hopes, 1988) et des lieux de vie et de passage (Be Happy, 2008). En se focalisant sur des bouts d’existence, ces cinéastes ont su révéler une vision micro/macro de Londres qui lui rend un visage à dimension humaine.
Into the fog
S’il y a bien une image de Londres qui pourrait apparaitre comme universelle, c’est bien celle des rives de la Tamise baignées d’un épais brouillard automnal. Londres synthétise à elle-seule les aspects les plus sombres véhiculés par l’imaginaire gothique. Les rues pavées de Londres ont vu défiler les personnages les plus perfides ; de Jack l’éventreur à Mister Hyde, en passant par le barbier Sweeney Todd, les trouble-fêtes sont nombreux et on comprend que la ville se dote d’un détective de la trempe de Sherlock Holmespour garder toute sa sérénité. Les ruelles de Londres, sombres et étroites, se sont avérées un repère de choix pour bon nombre de monstres au sens propre (Le Loup-garou de Londres
https://www.pointculture.be/mediatheque/cinema-fiction/le-loup-garou-de-londres-vl5981
, 1981) comme au figuré (Orange mécanique, 1971).Coup de foudre à Londres
Mais heureusement, Londres n’est pas qu’un repère de malfrats et autres monstres nauséabonds. C’est aussi le cadre parfait pour le développement des sentiments amoureux. La désormais célèbre Bridget Jones y vit ses nombreux tumultes amoureux alors que le quartier de Notting Hill (Coup de foudre à Notting Hill, 1999) et ses façades typiques et bigarrées voient les extrêmes se rapprocher. Woody Allen lui-même quitte son Manhattan chéri pour la capitale britannique afin de filmer son drame sentimentale Match Point (2005). Si ces quelques films profitent du charme classique de Londres pour puiser leur inspiration romantique, d’autres lui préfèrent ses ambiances plus underground comme dans Closer (2004).
Londres demain, autrement
Londres se conjugue aussi au futur et nous a offert un cadre idéal à l’apparition d’extraterrestres ou d’autres formes d’invasions. Dans 28 jours plus tard (2002), Danny Boyle filmait les rues londoniennes désertées suite à l’apparition d’un virus mortel. Dans la même veine « zombies », Shaun of the dead (2004) se la joue quant à lui très second degré tout en dévoilant une vision plus restreinte de la capitale, à savoir un pub… En 1966, Gordon Fleming faisait débarquer les Daleks qui seront stoppés par le Docteur Who (Peter Cushing) et une poignée de Londoniens (Les Daleks envahissent la Terre, 1966). En sa qualité de capitale, Londres est également entraperçue dans des films catastrophes made in Hollywood (La Guerre des mondes, 1952 ; Independence Day, 1996). D’autres l’ont imaginée totalitariste (V for Vendetta, 2005) ou encore – non sans un certain cynisme d’ailleurs – terre d’accueil pour réfugiés (Les Fils de l’homme, 2006).
À Londres avec Alfred
Quoi de plus normal pour un cinéaste londonien pure souche que de rendre hommage à la ville qui l’a enfanté. Le maître du suspens nous fait visiter Londres sous bien des aspects, aussi bien de l’intérieur (L’homme qui en savait trop, 1933 et 1956 ; Le Procès Paradine, 1947) que de l’extérieur (Frenzy et sa scène d’ouverture pour n’en citer qu’un). Hitchcock a su comme nul autre utiliser à profit les spécificités architecturales et géométriques de Londres afin de rendre ses récits aussi captivants que possible.
Michaël Avenia
- image du haut: 28 Days Later (D. Boyle, 2002)