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Playlist

ATO (DES)COLONIAL | médiagraphie Révolution des œillets et colonies portugaises

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À l’occasion de l’expo « Ato (Des)Colonial » (PointCulture ULB, du 12 au 29 avril), une évocation en musiques, films de fiction et documentaires de la Révolution des œillets et de l’accession à l’indépendance des colonies portugaises.

Sommaire

Le 25 avril 1974, une junte militaire met fin au régime autoritaire qui dirige le Portugal – et ses colonies – depuis 48 ans. L’autoproclamé Estado Nuevo (l’État nouveau) est à bout de souffle et la figure politique qui l’incarnait depuis 1932, António de Oliveira Salazar est décédée quatre ans plus tôt. Empêtré dans les difficultés économiques, le gouvernement de son successeur Marcelo Caetano est enlisé dans une guerre de pacification coloniale d’arrière-garde dans les territoires de l’empire (Angola, Cap-Vert, Mozambique, Sao-Tomé-Et-Principe et Guinée-Bissau) en proie à une agitation révolutionnaire durement réprimée. En une seule journée, quelques jeunes officiers (le plus haut gradé est capitaine) appartenant au MFA (Mouvement des forces armées) excédés par la répression contre-révolutionnaire et porteurs d’un projet démocratique et émancipateur, l’œillet à la boutonnière, renversent, sans verser le sang ou presque, l’une des plus anciennes dictatures d’Europe. Avant la fin des deux premières années du processus de démocratisation de l’Etat portugais, toutes les anciennes colonies auront obtenu leur indépendance. (YH)


À LISBONNE ET AU PORTUGAL

Ginette Lavigne : La Nuit du coup d’État, Lisbonne – Avril 1974

Trente années après les faits, Otelo de Carvalho, l’un des cerveaux de l’insurrection militaire des 24 et 25 avril 1974, se replonge dans cette fameuse nuit du coup d’État. Au milieu d’un décor fruste et épuré, et de rares objets d’époque (un tableau noir, des téléphones, une radio, un enregistreur, des mémos et cartes, etc.) l’ancien officier relate et rejoue, heure par heure, l’enchainement des opérations, relit et commente ses notes et documents secrets de travail sur fond d’annonces codées et d’hymnes déclencheurs devenus mythiques. Un dispositif quasi lanzmannien tempéré seulement de quelques archives d’actualités de 1974 et d’images post-2000 des itinéraires et lieux investis par ces convois de la liberté d’une révolution « presque paisible ». (YH)

Maria de Medeiros : Capitaines d’avril (2000)

Presque une comédie romanesque qui mêle la petite histoire d’Antonia et le destin national de ses deux ex, Manuel et Lobao, tous deux anonymes officiers dans l’armée portugaise et chevilles ouvrières du coup d’État des 24 et 25 avril 1974, qui met fin à une dictature d’un demi-siècle. Malgré l’amateurisme presque naïf de ses initiateurs aux idéaux pacifiques et progressistes, cette révolution populaire quasi instantanée réussit en évitant tout autant le bain de sang que la récupération politique. Seul leur amour pour la même femme restera sur le carreau ! (YH)


DANS L’ENSEMBLE DES COLONIES PORTUGAISES

Compilation : Memórias de Africa (2008)

La Révolution des Œillets de 1974 n'a pas seulement mis fin à la dictature au Portugal mais aussi à son empire colonial. Le label indépendant portugais Farol Música nous présente ici un coffret de quatre CD, donnant un aperçu de la richesse musicale de l'Afrique lusophone des années 1960, 1970 et du début des années 1980. On peut y écouter le semba et le merengue d'Angola, la morna et la coladera du Cap-Vert, le gumbé de la Guinée-Bissau, la marrabenta du Mozambique et le socopé de São Tomé-et-Príncipe. (DBF)


EN ANGOLA

Bonga : Angola 72 (1972)

Issue des quartiers pauvres, le semba est un style né au début du 20e siècle, basé sur des traditions anciennes. Les musiciens angolais se réapproprient alors les instruments africains et, surtout, réintroduisent le rythme, banni par l’occupant. Né en 1943, Jose Adelino Barçelo de Carvalho change de nom durant les années de luttes anticoloniales pour celui de Bonga. Poursuivi pour ses textes engagés, il s’exile à Rotterdam. Son premier album est réalisé avec des musiciens cap-verdiens en exil. (BD)

Manoel de Oliveira : Non ou la Vaine Gloire de commander (1990)

En 1990, le patriarche du cinéma Portugais (il est alors âgé de 82 ans et continuera à faire des films jusqu’à 104 ans !) tourne une réflexion à la fois lyrique et amusée sur l’Histoire, la guerre et le nationalisme. Mais au lieu de se focaliser sur les moments les plus glorieux du passé du Portugal, ce sont les défaites et les revers – du IIe siècle avant JC au XVe et XVIe siècles – qu’un lieutenant (joué par un des acteurs fétiches du cinéaste, Luis Miguel Cintra) raconte à ses hommes lors d’une action de commando contre la guérilla angolaise en 1974. (PD)

Compilation : Angola Soundtrack 1 (2010) - The Unique Sound Of Luanda 1968-1976

Le premier volet d’une série de compilations du label Analog Africa est consacré au son de la capitale angolaise Luanda. L’âge d’or de la musique de la ville est à cheval sur la libération du pays. Durant les dernières années de l’occupation coloniale, les musiciens vont inventer une nouvelle musique, inspirée des rythmes et des traditions africaines. Issues des quartiers populaires, où vit la population exclue des richesses réservées aux colons portugais, c’est la bande-son des luttes pour l’indépendance. (BD)

Compilation : Angola Soundtrack 2 (2013) – Hypnosis, Distortion & Other Sonic Inn.

Comme suite au disque précédent, Analog Africa continue l’exploration de l’âge d’or des musiques angolaises, avant l’indépendance. Durant la période des luttes anticoloniales, le pouvoir portugais interdit les festivités de rue comme le carnaval. Une série d’entrepreneurs, portugais et angolais, vont toutefois permettre de promouvoir et diffuser les nouvelles musiques de cette période, kazucuta, rebita et semba, en mettant sur pied des boites de nuit, des festivals et des maisons de disques. (BD)

Batida : Batida (2012)

Le premier disque du musicien angolo-portugais Pedro Coquenão associe l’instrumentation électronique et la production contemporaine aux sonorités de la musique angolaise des années 1970. Traçant le lien entre les styles du passé, semba, rebita, etc., et des genres contemporains comme le kuduro, il nourrit ces compositions de samples de disques anciens d’une part, et de vocalistes actuels d’autre part, mêlant exotisme tropical, danse et textes engagés. (BD)


AU MOZAMBIQUE

Margarida Cardoso : Le Rivage des murmures [A Costa dos Murmúrios] (2004)

Après une série de courts métrages et de documentaires, Margarida Cordoso (ayant vécu comme petite fille au Mozambique aux côtés de son père militaire portugais) se lance dans un long métrage de fiction en adaptant le livre éponyme de Lídia Jorge (qui a été professeure en Angola et au Mozambique au cours de la fin de l’ère coloniale). À la fin des années 1960, une jeune femme, Evita, se rend au Mozambique pour s’y marier avec Luis, un étudiant qui y accomplit son service militaire. Le récit stylisé d’une double libération : celle des mozambicains vis-à-vis du pouvoir colonial et celui d’Evita par rapport à l’emprise et au carcan d’un milieu masculin violent et toxique. (PD)

Magarida Cardoso : Noël 71 [Natal 71] (1999)

À partir d’un disque vinyle (Natal 71) offert à la Noël 1971 par une association de femmes patriotes portugaises proches du pouvoir salazariste aux soldats des guerres coloniales – et d’extraits du livre Le Cul de Judas d’Antonio Lobo Antunes, ex-médecin durant la guerre en Angola –, Margarida Cardoso interroge des témoins de l’époque (dont son père, soldat au Mozambique à cette époque, mais aussi des femmes du Mouvement national féminin et des musiciennes ayant participé à cette compilation). (PD)

Miles Davis : « Calypso Frelimo » sur l’album Get Up With It

« Calypso Frelimo », 1973, fait référence au mouvement de lutte pour l’indépendance du Mozambique en prélude à la Révolution des Œillets du 25 avril 1974. L’atmosphère sanguinaire de ce morceau apparaît dans la juxtaposition d’éléments caribéens (calypso) avec mix d’instruments européens acoustiques et électriques comme l’orgue, la trompette électrifiée, les riffs envoûtants de la basse, les percussions africaines et brésiliennes qui éclatent la section rythmique traditionnelle, les rythmes complexes ; une course frénétique, enivrante vers la révolution. (CV)

Margarida Cardoso : Mozambique, journal d’une indépendance [Kuxa Kanema - O Nascimento do Cinema] (2003)

La première action culturelle du gouvernement mozambicain, juste après l'indépendance du pays en 1975, fut de créer un Institut du cinéma. Le président Samora avait conscience du pouvoir de l'image et voyait dans le cinéma « un instrument actif pour l'élimination totale de tous les résidus du colonialisme ». Le ciné-journal Kuxa Kanema (La Naissance du cinéma) visait à filmer le peuple pour le peuple, à valoriser sa propre image. Vu l'absence de professionnels locaux, on fit venir Ruy Guerra (chef de file du Cinema novo brésilien) et Jean-Luc Godard en 1978 pour un projet de « contre-télévision ». (PD)

Orchestra Marrabenta Star de Moçambique : Independance : A luta continua ! (1988)

Musique urbaine du Mozambique, le marrabenta est devenu au fil du temps un moyen de résistance contre le pouvoir colonial. Les textes transmettaient en effet des messages sociaux et politiques et étaient un moyen de communication pour les habitants du pays. L’Orchestra Marrabenta Star de Moçambique a enregistré ce disque à la fin des années 1980, alors que la guerre civile battait encore son plein, et le titre invite à continuer la lutte sur les rythmes enjoués des guitares et cuivres. (ASDS)

Licínio Azevedo : Un camp de déminage (2005)

Des hommes installent un campement dans une zone rurale du Mozambique. Ce sont tous d’anciens soldats qui ont pour mission de déminer le sol après la guerre civile qui fit près d’un million de morts, de 1976 à 1992. Leur arrivée est accueillie avec soulagement par les villageois qui vivent dans l’angoisse de perdre un des leurs. Dans le dur et dangereux labeur des démineurs – aidés par des chiens –, chaque geste est important. Leur tâche sur ce territoire durera presque un an. Le film rend compte de leur quotidien, au travail ou dans les moments de repos, dans leurs jeux ou leurs soûleries, ou lorsqu’ils se racontent le douloureux vécu des années de guerre civile. (MR)


EN GUINÉE-BISSAU ET AU CAP VERT

Compilation : Synthesize the Soul. Astro-Atlantic Hypnotica from the Cape Verde Islands (1973-1988)

Les îles du Cap-Vert ont connu une période troublée dans les années 1970, avec une guerre qui a mené à l’indépendance en 1975. Une des conséquences est l’émigration de nombreux musiciens partout en Europe et aux États-Unis. Cette diaspora est alors exposée à une grande variété de styles musicaux, du funk au rock en passant par le disco, et a accès à des instruments électroniques, comme les synthétiseurs. Elle expérimente ces nouvelles sonorités, les métissant avec la tradition. (ASDS)

Super Mama Djombo : compilation Super Mama Djombo (2004)

Donnant de nombreux grands concerts gratuits à travers tout le pays, ce groupe baptisé du nom d’une femme-esprit protégeant les combattants des luttes d’indépendance, le Super Mama Djombo a sûrement été la formation musicale la plus connue des premières années de la Guinée-Bissau indépendante, lui donnant une identité culturelle, une fierté, un son (une version modernisée du gumbé, ce genre traditionnel existant aussi au Cap-Vert, en Gambie et en Angola et composé de chansons très rythmées en hommage aux génies tutélaires). (PD)

Chris Marker : Sans soleil (1983)

Chris Marker est à la fois un cinéaste engagé et un inventeur de formes cinématographiques, se gardant bien de se laisser brider par l’opposition trop dichotomique entre réel et fiction. Son film-essai Sans soleil propose une construction complexe, intelligente, sensible et émouvante qui tire des fils entre « deux pôles extrêmes de la survie » : le Japon et deux pays pauvres d’Afrique, deux ex-colonies portugaises. Marker y évoque une grève de dockers réprimée dans le sang au port de Bissau en 1959 et imagine de monter une musique capverdienne sur des images de Guinée-Bissau comme « contribution à l’unité rêvée par Amilcar Cabral », le fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert. (PD)

Flora Gomes : Les Yeux bleus de Yonta (1992)

Partant d'une situation de triangle amoureux entre un homme d'affaires entreprenant, un ancien combattant de la guerre d'indépendance, une jeune et belle fille de la génération libre d'un nouvel État indépendant et un jeune étudiant pauvre, incapable d'exprimer directement ses sentiments, Flora Gomes manipule et met en équation les contradictions avec intelligence et sensibilité. La ville de Bissau est le centre de toutes ces passions non partagées, ainsi que de toutes les transformations complexes et difficiles auxquelles chacun et chacune, d'une manière ou d'une autre, est soumis. (DBF)

João Viana : La Bataille de Tabatô (2013)

Après trente ans d’exil parce qu’il avait combattu du mauvais côté, enrôlé de force par l’armée portugaise pendant la guerre d’indépendance de la Guinée-Bissau, Baió accepte de revenir dans son pays natal à la demande de sa fille. Fatu souhaite que son père l’accompagne à la cérémonie de son mariage avec Idrissa, chanteur d’un des plus dynamiques groupes musicaux de Tabatô, village de griots et peuple de musiciens.
Depuis son arrivée en Guinée-Bissau, Baió a un comportement étrange. Des souvenirs de guerre refont surface et son esprit perd pied… La mémoire coloniale portugaise est au centre du film sans qu’elle ne soit jamais exprimée. (MR)

Une médiagraphie de Dany Ben Felix, Philippe Delvosalle, Benoit Deuxant, Anne-Sophie De Sutter, Yannick Hustache, Marc Roesems et Carla Vandereecken

Image de bannière à partir d’une photo d'Augusta Conchiglia, Luzia (Inga) Inglês, 1968


EXPOSITION

À l’occasion de l’exposition
Ato (Des)colonial
au PointCulture ULB – Ixelles
Du 12 au 29 avril 2023

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