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Montréal au cinéma

Léolo - Jean-Claude Lauzon, 1992
Entre fictions et films documentaires, dès années 1950 à nos jours, une visite de Montréal en dix approches cinématographiques.

Sommaire

Préambule : structure canadienne et mouvement québécois


L’O.N.F. (Office national du film – du Canada)

En 1938, des diplomates canadiens à Londres considèrent que les productions cinématographiques de leur gouvernement devraient être améliorées et, admiratifs de son travail au sein de la division cinéma de la Poste britannique, commandent une étude et un plan d’action au pionnier anglais du documentaire John Grierson. En mai 1939, la Commission nationale sur le cinématographe, le futur Office national du film, est créé (dans le but de soutenir « la production et la distribution de films nationaux destinés à aider les Canadiens de toutes les parties du Canada à comprendre les modes d’existence et les problèmes des Canadiens d’autres parties ») et Grierson déménage au Canada pour en prendre les rênes.  Avec la seconde guerre mondiale qui éclate, la nouvelle structure se consacre essentiellement aux films de propagande mais à la sortie du conflit, au cours des décennies suivantes, l’O.N.F. se place à la pointe de la production mondiale en cinéma d’animation (autour du transfuge écossais Norman McLaren) et en documentaire (en inventant le « cinéma direct » au Québec dès le deuxième tiers des années 1950).

Film de montage sur le Montréal des années 1950 et 1960 à partir de 120 extraits de films produits par l'O.N.F.:


Le Québec , terre d’invention du « Cinéma direct »

Au deuxième tiers des années 1950, une poignée de jeunes cinéastes et copains (Michel Brault, Gilles Groulx et leur magicien de la prise de son, Marcel Carrière, bientôt rejoints par Denys Arcand et Pierre Perrault), quasi tous collègues au sein de la section francophone de l’O.N.F. (qui en 1956, déménage d’Ottawa à Montréal), se retrouve à la pointe du cinéma mondial en termes de techniques et de tactiques – plus légères – de captation du direct. Sans vraiment le savoir, sans y mettre un nom, ils sont en train d’inventer ce qu’on nommera bientôt « cinéma direct » : une nouvelle forme d’appréhension du réel via de superbes images (caméra portée, fluidité des mouvements, audaces des cadrages, jeu de questions/réponses entre le net et le flou… ) mais aussi par des sons, des mots, des accents jamais enregistrés (en son direct) et montés comme cela auparavant…


https://vimeo.com/83402581



Le Montréal ouvrier des années 1950

Léolo (Jean-Claude Lauzon, 1992)

Empreint de réalisme magique mais « basé à 85% sur des éléments autobiographiques » liés à l’enfance de Jean-Claude Lauzon, le film raconte l’enfance du petit Léo Lauzon au sein d’une famille dysfonctionnelle d’un quartier populaire de Montréal. Léo s’en évade par le rêve, la littérature et la lecture de l’unique livre de la maison : L’Avalée des avalés de Réjean Ducharme (« le Thomas Pynchon québécois », écrivain vivant dans l’anonymat, dont seulement deux photos publiques existent). Léo Lauzon s’imagine des racines siciliennes et une autre identité : celle de Leolo Lauzone. La mère est jouée par l’actrice et chanteuse montréalaise Ginette Reno et ce deuxième long métrage de Lauzon sera son dernier. Le réalisateur mourra d’un accident d’avion au Nord du Québec cinq ans plus tard.



Le Montréal nostalgique des années 1960 et 1970

C.R.A.Z.Y. (Jean-Marc Vallée, 2005)

Zachary Beaulieu vient au monde le 25 décembre 1960, quatrième d'une famille de cinq garçons. La première lettre de leurs prénoms (Christian, Raymond, Antoine, Zachary et Yvan) forment le titre d’une chanson de Patsy Cline dans le père est grand fan. Le film raconte l’enfance et l’adolescence de Zac (ea. à l’Ecole Père Marquette de Montréal) dans une famille de la classe moyenne québécoise très marquée par la religion et en particulier ses relations avec un père convaincu qu’il a eu cinq films « par surplus d’hormones mâles » et qu’il va montrer « des choses de gars » à ce fils décidément pas assez viril. Jouant la carte de la reconstitution d’une époque, notamment par les chansons de sa bande son (de Jefferson Airplane à The Cure et Bowie en passant par Aznavour et l’icône québécoise Robert Charlebois) le film fut un grand succès public. On estime qu’un Québécois sur huit a vu le film en salles à sa sortie.



 

Le Montréal de la vielle élite politico-économique

Le Temps des bouffons (Pierre Falardeau, 1985-1993)

Né et mort à Montréal, Pierre Falardeau (1946-2009) était un cinéaste, écrivain et militant indépendantiste québécois. Après des courts métrages relativement confidentiels mais aux titres évocateurs au cours des années 1970 (Continuons le combat, 1971 et À mort, 1972), il se lance au début des années 1980 dans la série de films populaires consacrés au personnage d’Elvis Gratton (caricature d’un fan d’Elvis Presley et d’une attitude de la petite bourgeoisie québécoise – que Falardeau considère comme « colonisée » - qui la fait se pâmer devant la culture anglo-saxonne). En 1985, il filme le congrès du Beaver Club, un cercle d’aristocrates surtout anglophones dont les ancêtres ont construit leur fortune sur le commerce de la fourrure. En partant du rituel des Haoukas filmé par Jean Rouch au Ghana (les Maîtres fous, 1955), il en tire un brûlot anthropologique et politique virulent : « Chaque année, la bourgeoisie coloniale se rassemble au Queen Elisabeth Hotel. Ici, pas de possédés, juste des possédants. À la table d’honneur, avec leurs fausses barbes et leurs chapeaux en carton, les lieutenants-gouverneurs des dix provinces, des hommes d’affaires, des juges, des Indiens de centres d’achats, des Rois-nègres à peau blanche qui parlent bilingue… ».



Trois fois le Montréal de l’Université

Le Déclin de l'Empire américain (Denys Arcand, 1986)
Les Invasions barbares (Denys Arcand, 2003)
L'Âge des ténèbres (Denys Arcand, 2007)


En 1986, Denys Arcand, ex-étudiant en histoire et réalisateur de documentaires formellement et socialement engagés dès le début des années 1960 pour l’O.N.F. (dont Les Montréalistes, 1964 ou Montréal, un jour d’été, 1967) tourne Le Déclin de l’empire américain. Cette comédie de mœurs dans le milieu des universitaires (les hommes attendant les femmes en préparant un repas à la campagne ; les femmes pratiquant leurs exercices physiques au sein du centre sportif de l’Université de Montréal…) sera le premier volet d’une trilogie à succès continuée quinze et vingt ans plus tard avec Les Invasions barbares, 2003 et L’Âge des ténèbres, 2007.






Le Montréal désormais jeune et branché du Mile End

Les Amours imaginaires (Xavier Dolan, 2010)

En 2010, le jeune réalisateur montréalais Xavier Dolan tourne, dans une débauche de citations et de références, son histoire de triangle amoureux (Francis – vingt  ans environ – et Marie – un peu plus âgée – éprouvent un coup de cœur simultané pour un même garçon, Nicolas) dans le milieu artistique et étudiant du Mile End, cet ex-fief populaire devenu le quartier branché d’Ubisoft et d’Arcade Fire.




Trois regards sur le Montréal multiculturel d’aujourd’hui

La Classe de Madame Lise (Sylvie Groulx, 2006)

L’idée de ce film documentaire n’est pas venu à Sylvie Groulx de Parc-Extension, un quartier enclavé entre deux voies ferrées et deux grands boulevards, l’Acadie et Métropolitain, qu’elle traverse tous les jours à son retour à la maison, mais plutôt d’une visite « des quartiers immigrants à bord de l’autobus de L’autre Montréal ». « Lorsque la guide a parlé des écoles du quartier, notamment de Barthélémy-Vimont, la plus grosse école primaire du Québec avec ses 900 enfants, presque uniquement issus de l’immigration provenant de l’Asie du Sud (Inde, Pakistan, Bengladesh, Sri Lanka), sans compter les Africains, les Arabes et les Latino-américains, ces caractéristiques m’ont intriguée », raconte la cinéaste à L’Aut’ Journal. Même qu’on a dû ouvrir une annexe qui compte 11 classes de première année et 10 de deuxième année. C’est là que le film a été tourné. Ils s'appellent Rafik, Solace, Rahat, Jessica et Adonay. Ils ont six ans. Ce sont les élèves de Madame Lise, une enseignante chaleureuse et attentive, tolérante mais ferme.



Monsieur Lazhar (Philippe Falardeau, 2011)

En 2011, le réalisateur de Congorama adapte au cinéma la pièce Bachir Lazar de la dramaturge québecoise Evelyne de la Chevnelière. Le film raconte l'histoire d'un Algérien de cinquante ans (incarné par l’acteur Fellag) qui accepte de prendre en charge les élèves d'une classe de 6e année à la suite du suicide de leur institutrice. Il apprend peu à peu à connaître et à s'attacher à ses élèves malgré le fossé culturel qui se manifeste dès la première leçon. Pendant que la classe amorce un lent processus de guérison, personne à l'école ne soupçonne le passé douloureux de Bachir, qui risque l'expulsion du pays à tout moment... Le filma été récompensé lors de multiples festivals (Locarno, Namur, etc.), nommé aux Césars et Oscars et a remporté sept Jutra au Québec.




Félix et Meira (Maxime Giroux, 2014)

En 2014, Maxime Giroux filme l'histoire d'un amour naissant, mais vulnérable, entre un Québécois un peu bohème vivant chichement dans le quartier de Mile End et une jeune juive hassidique (incarnée par l’actrice israélienne Hadas Yaron), mariée, jeune mère et en rupture avec sa communauté. « Le Mile End, où j'ai vécu, est un quartier multiculturel et multiethnique où les juifs hassidiques et les artistes (hipsters) se sont installés. C'est exactement la même chose à Brooklyn, dans le quartier de Williamsburg. De plus, dans mon histoire, les choses se passent chez les Satmar (une dynastie hassidique) qui sont, dans la réalité, directement connectés avec ceux de Williamsburg. Ils marient souvent leurs enfants de sorte qu'il y a maintenant plusieurs juifs hassidiques new-yorkais installés à Montréal. » explique le réalisateur au journal québécois Le Point.



 Philippe Delvosalle

photo de la bannière: Léolo (Jean-Claude Lauzon, 1992)


 

 

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