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Peter Pan : le garçon qui ne voulait pas vieillir !

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Figure de roman créé à l’aube du XXème siècle par le Britannique J.M. Barrie, Peter Pan est un garçon qui refuse de grandir, et qui épisodiquement, vient recruter dans notre monde quelques jeunes gens pour partager ses aventures au Pays Imaginaire où le temps s'est figé. Et depuis le dessin animé de Disney qui fixa l’image joyeuse mais édulcorée d’un personnage (et syndrome dit de Peter Pan) originellement des plus ambigus, d’autres productions, films, longs métrages d’animation, séries et chansons sont venus nourrir, compléter, revisiter ou simplement poser un regard différent et parfois désenchanté sur ce jeune homme de plus de cent ans, pas toujours aussi bien sous tous les rapports…

Sommaire

Peter Pan (Clyde Geromini, Wilfred Jackson, Hamilton Luske, 1953) - VP1739

Qualitative tant sur le plan visuel que musical, cette adaptation animée de la pièce de J.M. Barrie résiste néanmoins mal à l’évolution des mœurs : une relecture contemporaine de la caractérisation de ses protagonistes a en effet de quoi faire rire jaune. Outre les relents postcoloniaux dont sont mâtinés les rapports entre occidentaux et amérindiens, on retiendra l’hypersexualisation du corps de Clochette dont le principal ressort narratif relève d’une hargneuse jalousie envers le personnage de Wendy. Cette dernière, angélique rivale, béate devant son idole Peter Pan, achève de peindre cette représentation binaire de la femme, tantôt résolue au meurtre passionnel, tantôt soumise aux caprices d’un premier rôle masculin nécessairement tyrannique. Précisons qu’il ne s’agit pas de “cancel” ce pan de la culture, mais bien de le replacer dans son contexte de création originel, bien qu’il ait sans nul doute contribué à forger les stéréotypes de genre dans l’imaginaire collectif de plusieurs générations biberonnées aux mamelles des Studios Disney. (SD)

Peter Pan (P.J. Hogan, 2003) - VP1757

Réalisée par P. J. Hogan, cette adaptation cinématographique se calque pour une large part sur le scénario de l’animé de 1953, en une énième version édulcorée de l’œuvre de J. M. Barrie. L’empreinte du cinéaste s’y estompe rapidement à la faveur d’une narration resucée qui témoigne d’une volonté de ne pas cliver son audience, se gardant bien de s’approprier, une fois n’est pas coutume, la dimension obscure et méconnue du personnage de Peter Pan dans sa conception originelle. En cela, le film, d’une tiédeur qui ne satisfera entièrement personne, manque une opportunité de dépeindre ce dernier selon ses fondamentaux : haineux envers les adultes, vindicatifs à l’endroit des enfants perdus qui auraient failli à leur promesse de ne jamais grandir... Notons néanmoins les velléités de P.J. Hogan à se départir des clichés sexistes omniprésents au sein de l’œuvre à laquelle il semble puiser son manque d’inspiration. (SD)

Hook, ou la revanche du Capitaine Crochet (Steven Spielberg, 1991) - VH5516

Avec ce long métrage titré Hook, ou la revanche du Capitaine Crochet, Steven Spielberg repense les personnages imaginés par J.M. Barrie pour accoucher d’une refonte à la fois moderne et personnelle de l’œuvre originale. A mi-chemin entre les genres fantastique et d’aventure, le film se veut également une critique sociétale de la quête du profit comme mesure du temps qui passe, faisant écho à un vieil adage populaire. Non exempt de kitsch dans sa réalisation et d’une scénarisation quelque peu poussive, ce remaniement de l’histoire du dramaturge écossais réussit néanmoins à s’en approprier les lignes de force en une réflexion sur les écueils potentiels du passage à l’âge adulte, de la parentalité et du rapport à la mort. (SD)

Neverland (Marc Forster, 2004) - VN2083

Cette proposition signée Marc Forster adopte la forme d’un biopic librement inspiré des relations qu’entretint J.M. Barrie avec Sylvia Llewelyn Davies et ses fils, déterminantes dans la genèse du personnage de Peter Pan et des enfants perdus. Une amitié ambigüe présentée comme le catalyseur de la création du Pays imaginaire, jusqu’aux coulisses du montage du spectacle dont la première fut donnée en décembre 1904. Sur un plan sociétal, l’œuvre donne à voir de façon saillante le rôle genré dévolu à la veuve dans ce Londres tout juste sortie de son ère victorienne : se remarier en vue de subvenir à ses besoins et ceux de sa progéniture, chose manifestement empêchée par le flou entretenu entre le dramaturge et sa muse. (SD)

In Search of Peter Pan, Kate Bush – Lionheart (1978) - XB956C

Les références littéraires abondent dans les textes de Kate Bush. N’étant pas une adepte de l’écriture autobiographique, ses chansons sont davantage une collection de rôles qu’elle se plait à interpréter, autant de personnages dans un monde de fiction qui n’est pas sa propre vie. Un premier morceau de bravoure fut de prendre la voix de Catherine, la célèbre héroïne née dans l’imagination d’Emily Brontë (Wuthering Heights, 1978). Plus tard, c’est à Molly Bloom, héroïne de James Joyce, que la chanteuse emprunta les mots du monologue qui fit resplendir Sensual World (1989). Quant à Peter Pan, il apparaît sur son second album, Lionheart. De son timbre toujours haut perché autant que plein d’assurance, la jeune femme s’exprime cette fois au nom d’un enfant. C’est un garçon et il est triste. Où est la légèreté, la liberté qui devrait être la sienne ? Les adultes, se dit-il, le veulent déjà vieux. Dans leur vision, lui ne se reconnaît pas. De désespoir, il songe au héros de J. M. Barrie. « Quand je serai un homme, je serai un astronaute et j’irai trouver Peter Pan ». Le credo du livre est bien là, gracieux et palpitant comme le visage de cet enfant persuadé d’être le salut du rêve. (CDP)

Wendy, Benh Zeitlin - (2021) - VW0248

Aussi sombre qu’enchanteresse, voici une relecture de Peter Pan capable d’affronter la promesse du garçon de « ne pas grandir ». En lui volant la vedette, c’est en premier lieu son autorité et celle de la croyance qu’interroge Wendy. Elle n’est d’ailleurs pas le seul élément féminin à déconstruire un mythe qui use de la figure maternelle avec une grande ambiguïté. Personnifiée par l’ile volcanique ou par un poisson luminescent, la nature entendue comme « mère » universelle joue en effet un rôle décisif dans une intrigue qui mêle métaphysique et écologie pour mettre en scène une humanité en mode de survie. Ainsi, sauvage ou domestique, il n’y a pas de monde meilleur qu’un autre. La pauvreté règne sur terre comme sur l’ile où les conflits naissent pour un rien. Et quoi que prétende Peter, l’imaginaire n’est pas un endroit où il fait bon s’éterniser. A cet égard, l’enfance n’est pas non plus un état d’exception. (CDP)

Pan (Joe Wright, 2015) - VP1512

Sorti en 2015, ce préquel à la création de J.M. Barrie adaptée et devenue classique de Disney narre l’histoire de Peter, un orphelin londonien qui, durant la seconde guerre mondiale, est enlevé avec une poignée d’autres enfants par des corsaires volants qui les emmènent au pays dit imaginaire et en font leurs larbins. Si ce film familial déploie les grands moyens (surtout numériques) pour assurer le spectacle, l’accumulation de clichés (drôles d’indiens !) et de « maladresses » (du Nirvana dans PP !), ainsi qu’une tentative mal négociée de donner une extraction noble (et magique) à Peter - gommant au passage toute les ambiguïtés fondamentales du personnage d’origine – offrit à Pan les tristes lauriers du pire flop de l’année ! (YH)

Peter Pan - 2: Retour au pays imaginaire (Robin BUDD & Donovan COOK, 2001) - VP1752

Des années après son retour en Angleterre, Wendy est devenue maman de deux enfants, Dany et Jane, laquelle ne croit guère aux fables du pays magique que lui conte sa mère. Jusqu’à ce que capitaine Crochet l’enlève par erreur et qu’elle se retrouve entrainée dans des aventures aux côtés des vrais héros des histoires de légende. Sorti en catimini (directement en DVD) quelque 69 ans après le classique de Disney, à une période où les productions Disney sont au creux de la vague. Assez joliment réalisé, le film propose quelques bonnes idées qu’il se refuse à creuser plus en avant au profit d'une profusion de gags infantiles totalement inutiles. Dommage. (YH)

Once Upon A Time saison 3 (2013) - VO0311, VO0312, VO0313

Dans cette série qui joue avec les codes des contes de fée, des personnages de légende débarquent au Pays imaginaire et font face à un Peter Pan passé du côté obscur de la féérie. On y apprend que Malcolm (de son vrai nom) est le père de M. Gold, le vilain du feuilleton (et le grand père de Baelfire, qui lui est retourné chez les hommes), qu’il a abandonné pour devenir Peter Pan, l’éternel adolescent. À présent, ce PP cherche par les moyens les plus pernicieux à revitaliser la magie déclinante de son monde. Un doppelgänger de la version « Disney » que l’enfer accueillera comme l’un des siens. (YH)

Sa Majesté des mouches (Peter Brook, 1963) - VS0804

Si le dans le pays imaginaire de Peter Pan, on fait vœux de ne jamais devenir adulte, l’île de Sa Majesté des mouches est le théâtre d’un groupe d’enfants issu de la bonne société qui pour survivre, recréera un système démocratique à l’image de leurs aînés. Ce qui n’empêchera pas l’aveuglement, le besoin de domination et finalement la barbarie. Pour créer le lien entre le monde des adultes et celui d’une enfance rodée aux rouages d’une société et de sa morale, Peter Brook débute son film avec un mélange d’archives de la seconde guerre mondiale et d’images de collèges de la haute bourgeoisie britannique et le termine au pied d’un officier de sa Majesté qui arrachera les petites têtes blondes à leur guerre pour les emmener dans une autre bien pire. Ainsi, Peter Brook rend le propos plus sombre que l’œuvre de Golding. Contre-pied à Peter Pan. Ici l’enfant est le reflet de son homologue adulte incapable de vivre en paix avec ses congénères.(HG)

Kick the Can : The Twilight zone saison 3 : Épisode 21 (1959-1964) VQ7963

En plein cœur de la guerre froide avec son lot d’angoisses, la série Twilight zone projetait l’Américain moyen face à lui-même dans des rencontres extraterrestres ou à l’aube d’une explosion atomique. Mais laissait aussi place à la poésie, comme dans l’épisode "Kick the Can". Des enfants shootent dans une boîte de conserve devant une maison de repos. Les pensionnaires n’y prêtent guère attention à l’exception de deux d’entre eux. Ben est agacé par le bruit et l’agitation perpétrée par les petits footballeurs, contrairement à Charles qui préfère les imiter. Lui aussi il shootait dans une boîte de conserve quand il était enfant. Mais il ne peut y jouer seul, alors il entreprend de convaincre les résidents. S’ils se souviennent de leurs jeux d’enfants, peut-être retrouveront-ils leur jeunesse ? Quatrième dimension oblige, le miracle se produit. Sauf pour le vieux Ben qui n’a pas voulu y croire. Au-delà de l’œil critique, il y a l’œil rêveur qui ne veut pas grandir et préfère affronter le Capitaine Crochet (HG)

Une médiagraphie réalisée en février 2023 par Catherine De Poortere, Simon Delwart, Henri Gonay & Yannick Hustache pour la Bibliothèque de Florenville dans le cadre du festival « Du roman à l’écran ».


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