Plaisir féminin: une sélection cinématographique et sonore
Sommaire
Une médiagraphie de PointCulture réalisée en écho à L'Expo Clito - la seconde origine du monde proposée par ULB Culture du 9 mars au 7 juin 2024.
FILMS FICTION
Catherine Breillat : Une vraie jeune fille (1975)
Premier film de Catherine Breillat, Une vraie jeune fille, déjà annonciateur de son style futur, explore la sexualité féminine à travers le personnage d’Alice. Rejetée et ignorée, Alice devient son propre spectacle, exprimant sa frustration par des actes d’auto-exploration. Breillat dépeint sans filtre ces moments intimes, mêlant naturalisme et brutalité dans la représentation des désirs refoulés et des gestes autoérotiques. Le film, longtemps resté inédit, offre une vision crue et audacieuse de la sexualité, repoussant les limites du cinéma conventionnel avec une précision visuelle saisissante. (DBF)
Céline Sciamma: Naissance des pieuvres (2006)
Naissance des pieuvres de Céline Sciamma dépeint magnifiquement la maladresse et l’intensité des premières expériences de trois adolescentes - Marie, Anne et Floriane - découvrant leurs désirs et leur sexualité. Le titre fait référence à la façon dont ces moments peuvent ressembler à une pieuvre remuant dans le ventre, avec ses nombreux tentacules s’étendant vers de nouveaux territoires. À mesure que les secrets se dévoilent et que les liens s’approfondissent, ce film offre un portrait honnête et rafraîchissant des relations féminines tout en explorant des thèmes tels que la pression des pairs et l’expression de soi, sans jugement ni stéréotypes. Il reste pertinent aujourd’hui en raison de son approche empathique envers les jeunes adultes naviguant entre quête d’identité, de plaisir et croissance personnelle. (DBF)
Céline Sciamma: Portrait de la jeune fille en feu (2019)
Dans Portrait de la jeune fille en feu, Céline Sciamma nous plonge dans un drame romantique en costumes qui explore le désir féminin et l’émergence du sentiment amoureux à la fin du XVIIIe siècle. En 1770, Marianne se voit confier la tâche de peindre Héloïse, une femme réticente à son mariage. Au fil de leur rapprochement, une amitié naît entre elles, éveillant un dialogue amoureux poétique et profond. À travers des regards complices et une tension érotique délicatement suggérée, elles expriment leur aspiration à l’émancipation. (DBF)
Olympe de G.: Une dernière fois (2020)
Avec son titre évocateur, le film de la réalisatrice féministe Olympe de G. rend hommage à Brigitte Lahaie, une icône du cinéma pornographique des années 70-80. Une dernière fois met en lumière le plaisir féminin, plaçant le désir des femmes au centre, tant devant que derrière la caméra, échappant ainsi aux normes restrictives de la pornographie mainstream offrant un cadre narratif et visuel libéré du regard patriarcal. Cette œuvre réclame la visibilité des corps divers, affirmant leur âge, leur pilosité et leurs formes généreuses, et invite les hommes à une sexualité non centrée sur eux. Cette approche émancipatrice interroge les conventions sociales autour du plaisir sexuel, favorisant un discours politique et poétique, ancré dans la culture du consentement et de la sécurité sexuelle. (DBF)
Nathalie Alvarez Mesen: Clara Sola (2021)
À 40 ans, Clara réside avec sa mère et sa nièce dans une maison isolée au cœur de la forêt costaricaine. Vénérée localement comme une sainte guérisseuse, elle dissimule pourtant ses souffrances, ignorées de tous, même de sa mère qui refuse de la faire soigner malgré ses douleurs. L’arrivée de Santiago éveille en elle des sentiments nouveaux. Nathalie Álvarez Mesén explore l’émancipation féminine à travers l’abandon à la passion, dans un film coproduit avec la Belgique, présenté comme un conte féministe radical. Clara symbolise la libération sexuelle et la lutte contre les normes imposées par la société patriarcale et la religion. (DBF)
FILMS DOCUMENTAIRES
Olivier Jourdain : Sacred water (2016)
Le film Sacred Water d’Olivier Jourdain explore la sexualité féminine au Rwanda, en mettant en avant l’éjaculation féminine, également appelée « eau sacrée ». Il présente Vestine, une animatrice charismatique d’émissions de radio qui brise les tabous entourant ce sujet. Cette perspective unique offre un regard approfondi sur les rôles de genre et la culture rwandaise contemporaine. Malgré le risque de renforcer les stéréotypes sur le corps féminin, le documentaire suscite une discussion importante sur la sexualité et le genre dans la société rwandaise, tout en plongeant le public occidental dans une réflexion sur ses propres pratiques sexuelles. (DBF)
Barbara Miller: Female pleasure (2019)
Female pleasure de Barbara Miller met en lumière cinq femmes courageuses qui bravent les normes patriarcales et religieuses pour promouvoir la libération sexuelle féminine. Malgré les menaces et les dénigrements, elles se battent pour l’autodétermination et pour une sexualité épanouie des femmes. Le documentaire explore les mécanismes universels qui répriment le plaisir féminin, de l’Inde au Japon en passant par la diaspora somalienne et la communauté hassidique. Un témoignage brisant le silence et défiant les tabous. (DBF)
Daphné Leblond et Lisa Billuart Monet: Mon nom est clitoris (2019)
Mon nom est Clitoris est un documentaire intime réalisé par Lisa Billuart-Monet et Daphné Leblon, qui plonge au cœur de l’érotisme féminin à travers une série d’interviews sincères et spontanées. Le film met en scène douze jeunes femmes âgées de 20 à 25 ans, confortablement installées sur leur lit, qui partagent ouvertement les différentes façons dont elles ont découvert leur corps et l’organe érectile féminin. Cette approche permet de créer une proximité émotionnelle avec les protagonistes et offre un regard perspicace sur l’exploration individuelle de la sexualité. Le documentaire remet en question les normes sociales établies et vise à susciter une prise de conscience plus large sur le plaisir des femmes. En brisant le silence qui l’entoure trop souvent, le film ouvre la voie à une meilleure compréhension et à une discussion plus ouverte sur ce sujet essentiel. (DBF)
Nina Faure : We are coming - Chronique d'une révolution féministe (2022)
Une nouvelle génération politise les enjeux autour du corps, de la sexualité et des rapports de genre. Pour deux amies, Nina et Yéléna, cela commence par une prise de conscience. Avec quelques autres, elles se demandent pourquoi, dans une société qui prétend que l’égalité des sexes est déjà là, l’accès au plaisir est si difficile. Elles organisent des groupes de parole, découvrent Notre corps, nous-mêmes, un manuel féministe historique qui leur ouvre de nouvelles portes d’analyse. Elles vont à la rencontre d’enseignantes, éducatrices, sociologues pour tracer pas à pas ce qui finira par être un vrai plan d’attaque. De plus en plus impliquées dans les luttes qui se soulèvent partout, au cœur de ce mouvement féministe qui déferle, elles découvrent un plaisir jusqu’ici insoupçonné, celui de poursuivre une émancipation collective. Le plaisir d’abolir le patriarcat, tout simplement. (DBF)
COURTS MÉTRAGES
Dirty Diaries (2009)
Dirty Diaries est une compilation de courts métrages pornographiques conçus par des réalisatrices pour offrir une perspective féminine sur la sexualité. Produit en Suède en 2009 par Mia Engberg, le film a suscité la controverse en raison de son contenu peu conventionnel et de son financement public. Les courts métrages, bien que diversifiés, adoptent souvent un ton humoristique, critique et queer. L’essai dénonce la normativité de la pornographie mainstream, offrant des situations inattendues et des idées de mise en scène innovantes inspirées de la danse contemporaine et de l’art vidéo. Chaque court métrage intrigue dès le début, créant une expérience cinématographique provocante et surprenante. (DBF)
Rocío Álvarez : Simbiosis Carnal (2017)
Le court-métrage d’animation s’intéresse à l’histoire du désir et de la sexualité. Inspirée et influencée par le livre La fabuleuse histoire du clitoris, l’autrice met en avant le plaisir féminin et la question de la sexualité féminine à travers les époques et les mœurs. Évocation de l’histoire du désir, en particulier du plaisir féminin, de son ignorance, sa répression et sa libération, jusqu’à notre société hyper-sexualisée pour clôturer avec une vision libérée de la sexualité. (DBF)
DOCUMENTS SONORES, LITTÉRATURE
Catherine Millet, La Vie sexuelle de Catherine M. (2004)
L’œuvre fut publiée en 2001 aux éditions du Seuil. Catherine Millet est connue dans le milieu des arts et de la littérature en France. Par deux fois, elle représente son pays lors d’événements internationaux : à São Paulo en 1989 et à la Biennale de Venise en 1995. Œuvre audacieuse, le livre raconte la vie sexuelle de l’autrice. Le récit ne se situe pas dans l’ordre chronologique des événements. Il est divisé en quatre parties : « le nombre », « l’espace », « l’espace replié » et « détails ». « Il s’agit d’un ouvrage parmi les plus stupéfiants que la tradition érotique ait donné à la littérature française » (pochette). C’est, vu sous un certain angle, une initiation à la psychologie d’une femme qui plonge dans les profondeurs spécifiques de son intimité. (JMV)
Une médiagraphie de PointCulture, réalisée par Dany Ben Felix avec la collaboration extérieure du Collectif Osmose.
L'EXPO CLITO - LA SECONDE ORIGINE DU MONDE
L’Expo Clito a pour objectif de montrer le clitoris, son historique et sa représentation à travers les siècles. Elle est un parcours d’œuvres contemporaines (peintures, dessins, sculptures, projections, installations, films d’animations, films...) étayé par des réflexions scientifiques avec des documents issus du domaine médical et de la sexologie, des textes littéraires, des manifestes féministes.
Toutes les infos pratiques (programme, contact, téléphone, adresse, mail, etc.) se trouvent sur le site web :https://culture.ulb.be/programmation/actualites/lexpo-clito-la-seconde-origine-du-monde
Cet article fait partie du dossier Médiagraphies | 2022-24.
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