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Playlist L'âge d'or de la musique de film: années 1930-1940

Max Steiner

publié le par Thierry Moutoy

Hollywood, années 1930-1940 : c'est l'ère des grands studios, des machines bien rodées qui produisent une quantité incroyable de films. Avec l'avènement du cinéma parlant, la musique de film évolue et son influence est grandissante. Chaque studio a son ou ses compositeurs attitrés, souvent des Européens. En effet, à cette période, beaucoup de musiciens venant essentiellement d'Europe de l'Est quittent le continent pour fuir la montée du nazisme. Ils influenceront durablement la composition des musiques de films à Hollywood, important un certain classicisme européen. Beaucoup d'entre eux ont reçu une formation par les grands noms de la musique classique. Ils forgent un nouveau style de partition, développant l'orchestre et utilisant de nouvelles techniques d'écriture. Une collaboration réalisateur-compositeur se développe. Ce chapitre leur est consacré, avec quelques détours par des films et compositeurs européens.

The Adventures of Robin Hood, Michael Curtiz (1938)

La musique des Aventures de Robin des bois est une péripétie à elle seule. Une fois le film fini, le premier nom à venir à la tête des producteurs de la Warner c’est celui de Max Steiner, mais après réflexion c’est celui de Korngold (1897-1957) qui s’imposa. Le compositeur autrichien vint assister à une projection du film et refusa net d’en faire la musique par peur de ne pas y arriver, il y avait trop d’action à mettre en musique.
La Warner implora Korngold de revenir sur sa décision. Mais la personne qui bien malgré elle parvint à convaincre Korngold d’accepter, c’est Hitler qui annexa l’Autriche en 1938. Korngold prit le bateau et émigra aux États-Unis. Le lendemain de son départ, un laissez-passer donné au compte-gouttes était obligatoire pour quitter le pays. Korngold dira à maintes reprises « j’ai eu la vie sauve grâce à Robin des bois ».

Pour composer la musique, Korngold utilisa tout son savoir-faire de grand compositeur classique. Pour lui, composer pour un film, c’est comme composer un opéra sans chanteurs. La partition transcende les images, elle lui donne du relief et ajoute de façon très subtile du romantisme. Korngold remporta l’Oscar de la meilleure musique de film, récompense amplement méritée. 


Gone With the Wind, Victor Fleming (1939)

Max Steiner (1888-1971) fut un des compositeurs les plus prolifiques de l’âge d’or d’Hollywood, avec plus de 250 compositions pour la R.K.O et ensuite pour la Warner (pour laquelle il composa « l’hymne »). Il émigra de Vienne vers les États-Unis en 1914. C’est en 1929 qu’il atterrit à Hollywood, après une carrière comme orchestrateur pour de nombreuses comédies musicales de Broadway. Il fut nominé 26 fois aux Oscars et a remporté la statuette à trois reprises (pour The Informer, Now voyager et Since you went away). Son orchestrateur attitré fut Hugo Friedhofer qui composa aussi pour son propre compte. Et pour la petite histoire son parrain était Richard Strauss.

Max Steiner bouleversa le langage de la musique de film. Il comprit mieux que quiconque la force et le rôle primordial que la musique allait jouer au cinéma. Il fut l’inventeur d’une technique de composition surnommée le « MickeyMousing », cette désignation est due au film de Walt Disney, les Silly Symphonies (dont nous reparlerons plus tard), méthode où la musique reproduit les sonorités ambiantes d’une scène (une montée d’escalier, la pluie qui tombe…), son credo est « l’oreille doit entendre ce que voit l’œil ».

La musique de film qui lança véritablement sa carrière fut celle de King Kong en 1933. Et c’est en 1939 qu’il composa une de ses plus célèbres musiques (avec Casablanca), celle de Gone with the wind. Pour cette grosse production hollywoodienne, Max Steiner a composé près de 3 heures de musique. La partition est divisée en de nombreux thèmes, dont le très célèbre Tara theme. Sa partition mélange allègrement l’orchestral (cuivres, cordes et chœurs) tout en introduisant des airs folkloriques. Tout comme le film, la partition de Gone with the wind est un monument incontournable dans le cinéma.

Rebecca, Alfred Hitchcock (1940)

Franz Waxman (1906-1967) est un des mélodistes les plus fameux et des plus prolifiques d’Hollywood. Il composa 144 musiques de films en trente-deux ans de carrière. Il fut nominé aux Oscars douze fois. C’est à ce jour le seul compositeur à avoir remporté l’Oscar de la meilleure musique de film deux années consécutives.
C’est en 1930, sur le film L’ange bleu de Von Sternberg, que ses talents d’orchestrateur furent remarqués alors qu’il n’était qu’assistant du compositeur Frederich Hollander. Trois ans plus tard, il signa sa première partition pour le film Liliom de Fritz Lang.
D’origine juive, Franz Waxman fut persécuté dès 1934 par le régime nazi. Il s’exila d’abord à Paris où il composa la musique du film Liliom, ensuite il se tourna vers les États-Unis où Il trouva refuge au sein des Studios Universal pour lesquels il signa, entre autres, The Bride of Frankenstein.
À l’âge de 30 ans, il signa un contrat portant sur sept années avec la MGM. C’est à cette période très prolifique qu’il composa la musique pour Captain Courageous, Dr Jekyll and Mr. Hyde et Woman of the Year.
Waxman fut aussi le premier collaborateur attitré d’Alfred Hitchcock. Il composa pour le maître du suspense quatre partitions entre 1940 et 1954. Rebecca, Soupçons, Le procès Paradine et Fenêtre sur cour.

De tous les films d’Hitchcock, Rebecca est celui qui comporte le plus de musique, elle est présente quasi pendant toute la durée du film. Cette partition n’est pas seulement là pour combler les silences, elle aide aussi à mieux comprendre le scénario, elle nous donne des indices. C’est une partition au lyrisme obsessionnel, Waxman employant un instrument assez récent pour l’époque - le novachord - un clavier électronique qui rappelle les sonorités de l’orgue Hammond.


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