Le ragtime, embryon du jazz (1897-1917)
Sommaire
Mapple Leaf Rag de SCOTT JOPLIN
Morceau emblématique du ragtime, la légende lui attribue le record de la barre du million d'exemplaires vendus (sous forme de partition) durant le vivant de son auteur, Scott Joplin. Information difficilement vérifiable et tenant plus du mythe, il est préférable de retenir que l'impact du morceau auprès d'un large public entraînera une diffusion importante de sa partition assurant à Scott Joplin un revenu stable et louable durant toute sa vie (chose vérifiée).
Un rag désigne simplement un morceau de ragtime. Les compositeurs ou producteurs de l'époque ajouteront volontiers cette particule aux titres de leurs morceaux pour en souligner la teneur : "magnetic rag", "frog legs rag", "bohemia rag", "nightingale rag"...
L'origine du mot ragtime reste incertaine. L'interprétation la plus
convaincante demeure (à mon sens) en rapport avec la syncope. Ce fameux temps syncopé dont l'effet est contraire aux lois esthétiques de l'harmonie classique. Littéralement le rag-time c'est le "temps du chiffon" pouvant se traduire par le "temps en lambeaux" impliquant cette notion de "temps décousu".
JAMES SCOTT et JOSEPH LAMB dans le sillage de SCOTT JOPLIN
James Scott et Joseph Lamb sont directement dans le sillage de Scott Joplin. James Scott, Joseph Lamb et Scott Joplin sont les trois musiciens-compositeurs de ragtime les plus fameux de l'époque. Ils écriront bon nombre de morceaux célèbres portant le style ragtime à son paroxysme.
Le novelty piano
Dernier style apparu du ragtime,le novelty piano est le résultat d'une évolution musicale mené par des pianistes blancs qui travaillaient à l'arrangement et l'enregistrement de rouleaux pour piano pneumatique (Pianolas).
Ses sources d'inspirations viennent d’une part de la culture classique (tout particulièrement des évolutions musicales apportées par les romantiques et les compositeurs contemporains de cette époque, dont George Gershwin et Maurice Ravel) et d’autre part des chansons populaires chantées dans les music-halls américains et qui servaient de base d’improvisation ou d’arrangement aux pianistes Novelty.
Le style novelty est caractérisé par des tournures musicales mélodiques
et des effets pianistiques (tricks), virtuoses et d'une grande
difficulté.
Le piano stride
Le piano stride est d'une certaine manière aussi une ramification du ragtime. A la différence près que ce dernier est ancré dans la culture noire à savoir le blues.
A l'époque, au tournant des années 20, une forme de blues joué au piano se développe dans les piano-bars. Il s'agit de formes primitives de ce qu'on nommera bientôt le boogie woogie. Dans ces piano-bars, et autres barrelhouses littéralement maisons à barriques, les instruments rencontrés sont de qualité médiocre, bas de gamme, la plupart du temps vétustes, en définitive difficiles à jouer. Les musiciens doivent de surcroît s'imposer dans des atmosphères peu enclines à la finesse... De ce style abrupte et percussif ancré dans le blues donc, mélangé au ragtime, naîtra, dans le quartier de Harlem à New-York, le piano stride. Une nouvelle façon de jouer, toujours syncopée, mais dont le swing, ce fameux balancement chaloupé, constitue l'ingrédient majeur du jazz naissant.
Le piano stride jette un pont entre le ragtime et le jazz-swing à venir.
Ragtime et cinéma
- Accompagnement du cinéma muet
Jusqu'au début des années 30 bon nombre de pianistes fournissent en "live" le son des films muets. En mode semi-improvisé ces musiciens proposent des medleys où se côtoient musique classique, blues, novelty piano et ragtime.
L'exemple suivant, enregistré en 2010 à la médiathèque de St-Julien-de-Concelles en France, donne un bon aperçu du mariage à l'écran d'un morceau ragtime sur des images muettes (ici le film L'opérateur de Buster Keaton ). Attention, la seconde partie du morceau (à partir de la 46ème seconde) est le thème générique de la série Mission Impossible, rien à voir avec du ragtime.
- L'arnaque de George Roy Hill (1973)
C'est par l'entremise d'un film au succès planétaire que le ragtime va être (re)découvert par un large public. En effet la bande son du film L'arnaque (The Sting) n'est autre qu'un morceau the entertainer (l'artiste) de Scott Joplin, surpassant la popularité de son mapple leaf rag.
Playlist réalisée par Bertrand Backeland (conseiller jazz PointCulture).
Image de la bannière : piano mécanique.